La réunion des parents : plus qu'un simple rendez-vous obligatoire
Un père demande : «Il n'y a pas une règle comme ça : le point avant le trait ?», et se penche avec une mère sur une tablette en essayant de résoudre un problème du cours de maths de son fils. C'est la soirée des parents. Au lieu d'être dans la salle de classe, les parents sont répartis dans toute l'école et se retrouvent sans cesse en petits groupes.
Ils cherchent des codes QR qu'ils scannent avec leurs tablettes afin d'avoir un aperçu de la matière scolaire des enfants. Ensuite, ils discutent de la manière dont l'utilisation des médias sociaux doit être réglementée dans la classe. En collaboration avec l'enseignant, les parents élaborent sept points concrets. «Nous avons tous appris à mieux nous connaître les uns les autres et avons pu contribuer au contenu et participer aux décisions», explique le père. Une soirée réussie pour les parents comme pour l'enseignant.
Les parents participent souvent à la réunion de parents sans être présents
Mais souvent, les réunions de parents se déroulent tout autrement. Les parents y participent sans enthousiasme ou restent directement à la maison. Ceux qui viennent se plaignent toujours des mêmes sujets, comme l'absence de cours, la mauvaise qualité des repas scolaires ou les devoirs à la maison - sans être intéressés par un échange objectif à ce sujet. Et l'enseignant profite surtout de ce rendez-vous obligatoire pour communiquer les échéances à venir.
«Sous cette forme, la soirée des parents est effectivement un modèle en voie de disparition, car il existe désormais de très nombreux autres canaux d'information purs et meilleurs», explique Thomas Eberhard. Cet enseignant et psychologue conseille les écoles dans le domaine de la communication et a récemment publié un livre intitulé «Aller Eltern Abend». Il estime que la soirée des parents serait un modèle d'avenir si les enseignants et les parents utilisaient bien le temps passé ensemble.
Le travail relationnel est la meilleure prévention
«L'objectif premier d'une réunion de parents devrait être de créer une communauté entre les parents et entre les parents et les enseignants», explique Thomas Eberhard. Pour les enseignants, il est payant de réfléchir à cette question et d'y consacrer du temps. «C'est la meilleure prévention pour le reste de l'année scolaire. S'il y a des difficultés, par exemple en cas de non-respect des règles, je sais que les parents sont derrière moi et je reçois le soutien nécessaire en tant qu'enseignant», dit Eberhard. Et il en a besoin.
Lors de la première rencontre, l'enseignant pose une base importante pour l'établissement de la confiance.
Fabienne Zehntner, chercheuse en sciences de l'éducation
Qu'il s'agisse d'accompagner les parents lors d'une excursion ou de résoudre des problèmes disciplinaires en classe, les parents sont toujours les bienvenus. Lorsque les parents et l'enseignant se rencontrent pour la première réunion de parents de la nouvelle année scolaire, c'est un moment significatif pour la future collaboration. «Avec cette rencontre, souvent la première, l'enseignant pose une base importante pour la relation scolaire et pour l'établissement de la confiance», explique Fabienne Zehntner, chargée de cours en sciences de l'éducation à la Haute école pédagogique de Berne. Elle conseille aux enseignants d'adopter les perspectives de différents parents et de concevoir la réunion de parents en connaissance de cause. En effet, les parents ont des origines et des attentes très différentes.
Certains n'ont peut-être pas vécu leur propre scolarité de manière très agréable. D'autres ne connaissent pas encore le système scolaire ou ont des barrières linguistiques et ne comprennent par exemple pas le suisse allemand. Mais l'admettre devant tout le monde n'est pas non plus à la portée de tout le monde. «Au début, on peut créer des possibilités de discussions informelles et donner ainsi aux parents le temps de s'adapter», explique Fabienne Zehntner.
Thomas Eberhard a constaté que ces discussions informelles sont souvent plus faciles lorsque les parents ont quelque chose à faire lors de la réunion de parents, par exemple un petit rallye ou un travail de groupe. Pour les personnes timides ou les parents ayant des difficultés linguistiques, la communication est ainsi plus facile que lorsque les parents se présentent devant tout le monde.
Les parents veulent sentir, lors de la réunion de parents, que l'enseignant aime faire son travail.
Selon Fabienne Zehntner, après une telle période d'accueil, il appartient à l'enseignant de se présenter en détail et d'exposer aux parents ses idées sur un apprentissage réussi. «Les parents veulent avoir la certitude que leur enfant est en de bonnes mains avec l'enseignant», explique Mme Zehntner. Selon Thomas Eberhard, les parents attendent surtout ces trois choses d'une réunion de parents : ils veulent sentir que l'enseignant aime faire son travail et qu'il aime les enfants. Et ils veulent voir qu'il y a un plan pour l'année scolaire.
«Bien sûr, il est possible d'aborder les rendez-vous à venir. Mais avant de devoir les noter tous, il vaut peut-être mieux finalement donner une note à la maison, écrire un e-mail ou utiliser une application», explique Thomas Eberhard. Tous ces canaux peuvent également être utilisés par les enseignants pour maintenir le contact avec les parents pendant l'année scolaire. «La meilleure façon de procéder est qu'une école réfléchisse à un concept de communication dans lequel il est clairement défini quels canaux sont utilisés pour communiquer quoi», explique Fabienne Zehntner.
Les écoles devraient être plus transparentes
Un sondage représentatif de la Fondation Mercator Suisse sur le thème «Quelle école veut la Suisse ?» montre qu'il y a encore du retard à rattraper dans ce domaine dans de nombreuses écoles. Parmi les plus de 2500 parents d'enfants scolarisés interrogés en 2022, près de 80% ont répondu que les écoles devraient être plus transparentes et fournir plus d'informations. Environ la moitié a le sentiment que les préoccupations et les souhaits des parents ne sont pas assez pris au sérieux et que les parents n'ont pas assez leur mot à dire dans les décisions importantes.
Il n'y a pas assez de feedback positif entre les parents et l'enseignant. Et pourtant, cela serait si important.
Thomas Eberhard, enseignant et psychologue
La communication n'est toutefois pas à sens unique, les parents ont également une influence sur la manière dont elle est organisée. «Lorsqu'un enseignant invite les élèves à une représentation théâtrale, les parents peuvent aussi mentionner sur la réponse qu'ils ont trouvé le projet génial», explique Thomas Eberhard. Car : «Le feedback positif est également trop peu présent dans la communication parents-enseignants, mais il est tellement important pour une bonne relation». Ainsi, lorsque la prochaine invitation à une réunion de parents d'élèves arrivera, il ne devrait pas être question pour les parents d'y aller ou non, car sans faire connaissance, un bon contact ne peut pas non plus s'établir.
«Quelle école veut la Suisse ?»
La Fondation Mercator Suisse, en collaboration avec l'institut de recherche Sotomo, a demandé fin 2022 à quelque 7700 adultes dans tout le pays - dont un tiers de parents d'enfants en âge scolaire - à quoi ressemblait leur école idéale. Pour les personnes interrogées, le plus important est que les enfants aiment aller à l'école, qu'ils aient du plaisir à apprendre et qu'ils puissent apprendre à leur propre rythme et avec un soutien individuel. Ces souhaits sont contrebalancés par des éléments tels que les examens et les devoirs, qui constituent les principaux facteurs de stress.
Mercator est une fondation privée et indépendante qui souhaite proposer des alternatives d'action dans la société, entre autres dans le domaine de l'éducation et de l'égalité des chances.
Studienbericht 2023 zum Download
www.stiftung-mercator.ch