TDAH et école : comment ça marche

Johan entend tous les bruits. Il a du mal à se concentrer à l'école et, lorsqu'il fait ses devoirs, il perd rapidement de vue l'essentiel. Hanna a elle aussi du mal à se concentrer : elle a souvent du mal à se souvenir de ce que son professeur lui explique. En revanche, elle se souvient merveilleusement bien d'autres choses.

Johan et Hanna, qui s'expriment dans ce dossier, souffrent de TDAH. Le trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité est le trouble du développement le plus fréquent chez l'enfant. Les enfants et les adolescents concernés par le TDAH ne disposent pas d'une attention et d'une persévérance adéquates par rapport à leur âge et à leurs capacités, décrit Oskar Jenni, pédiatre et codirecteur du service de pédiatrie du développement à l'hôpital pédiatrique universitaire de Zurich, en soulignant que «le TDAH n'est pas un trouble psychique, mais un trouble du développement». Selon des études internationales, environ trois à cinq pour cent des enfants en sont atteints.

Les filles et les femmes sont tout aussi susceptibles d'avoir un TDAH, il est juste moins reconnu chez elles.

Si l'on faisait autrefois la différence entre le TDAH et le TDA - la version sans trouble d'hyperactivité -, les médecins et les chercheurs travaillent aujourd'hui avec le terme générique de TDAH. «La plupart du temps, nous avons de toute façon affaire à des formes mixtes, et il est en outre difficile de distinguer les différents symptômes les uns des autres», explique René Kindli. Il est pédiatre à Mauren (FL) et s'occupe depuis de nombreuses années du TDAH dans son cabinet.

Les trois symptômes du trouble sont l'inattention, l'impulsivité et l'hyperactivité ou une combinaison de ces trois symptômes. L'expression ainsi que les degrés de gravité sont également très individuels et totalement différents, la gamme allant de symptômes à peine perceptibles à des symptômes très forts.

Filles rêveuses, garçons hyperactifs

Souvent, le TDAH se manifeste à l'entrée à l'école - lorsque les exigences posées aux enfants sont soudain nettement plus élevées et qu'ils ne peuvent pas y répondre en raison de leurs symptômes. En revanche, chez les personnes sans composante d'hyperactivité, le TDAH n'est souvent remarqué qu'au lycée ou à l'âge adulte. Ils semblent certes souvent rêveurs et absents, mais ne choquent pas par leur comportement, de sorte que l'on ne voit pas la nécessité d'agir dans un premier temps.

Le filtre à stimuli ne fonctionne pas dans le cas du TDAH, de sorte que trop de stimuli pénètrent sans être filtrés.

René Kindli, pédiatre

La forme rêveuse est plus fréquente chez les filles et les femmes, la forme hyperactive chez les garçons. Il y a encore quelques années, on pensait que le TDAH touchait trois fois plus de garçons que de filles. Aujourd'hui, il est clair que les filles et les femmes sont tout aussi souvent atteintes du TDAH, chez elles, il est simplement moins reconnu.

Même si les symptômes du TDAH sont très différents les uns des autres, toutes les personnes concernées ont un point commun : leurs besoins particuliers en matière d 'apprentissage. Mais où se situent exactement les défis ? À quoi ressemble un bon enseignement pour les enfants atteints de TDAH ? Comment les parents et les enseignants peuvent-ils les soutenir de manière ciblée ? Pour répondre à ces questions, nous nous sommes entretenus avec des spécialistes et donnons également la parole aux familles concernées dans ce dossier.

TDAH : une particularité neurobiologique

Pour pouvoir expliquer ce dont un enfant atteint de TDAH a besoin pour apprendre, il vaut la peine de commencer par expliquer comment fonctionne son cerveau. Selon des experts comme René Kindli, le trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité est une particularité neurobiologique, un trouble du développement du cerveau. Celui-ci persiste toute la vie et est principalement dû à une prédisposition génétique. Pourtant, les cerveaux atteints de TDAH ne fonctionnent pas moins bien - seulement différemment.

Il ne s'agit pas de ne pas vouloir, mais de ne pas pouvoir.

Stefanie Rietzler, psychologue

Ce sont surtout les régions du cerveau qui jouent un rôle dans le contrôle du comportement et de l'attention qui sont touchées. Ainsi, chez les personnes atteintes de TDAH, la communication de cellule nerveuse à cellule nerveuse dans le cerveau est altérée. Le neurotransmetteur dopamine ne reste pas assez longtemps dans ce que l'on appelle la fente synaptique pour pouvoir exercer un effet sur les cellules nerveuses voisines. Ainsi, les informations ne sont pas bien transmises, la communication neuronale est perturbée. «Le filtre des stimuli ne fonctionne pas non plus, de sorte que trop de stimuli pénètrent sans être filtrés», explique le pédiatre René Kindli.

La gestion de l'attention

Conséquence : à l'école, les enfants atteints de TDAH sont attirés comme par magie par tout ce qui est coloré, bruyant, nouveau et intéressant pour eux ou qui bouge : les chuchotements sur le banc du fond, un oiseau qui se pose sur une branche devant la fenêtre. De plus, ils se laissent vite aller à la rêverie et oublient leurs consignes de travail, expliquent Stefanie Rietzler et Fabian Grolimund. Ces deux psychologues et coachs d'apprentissage animent des formations continues sur le TDAH dans leur académie zurichoise de coaching d'apprentissage et ont écrit un guide complet à l'intention des parents.

Paradoxalement, les enfants atteints de TDAH peuvent aussi très bien rester concentrés sur leur tâche pendant des heures - par exemple en jouant aux Lego, en programmant ou en jouant, bref, lorsqu'ils sont intrinsèquement motivés. «Les personnes extérieures disent alors souvent : "Cet enfant ne peut pas avoir de TDAH !», raconte Stefanie Rietzler. «Nous expliquons alors que le TDAH est en fait un déficit de l'attention et de la direction».

Ces enfants ont du mal à se concentrer consciemment sur ce qui est attendu de l'extérieur. L'exercice de mathématiques que l'enseignante est en train d'expliquer est plutôt soudain supplanté par des pensées sur la pièce radiophonique passionnante de la veille. «Il ne s'agit donc pas de ne pas vouloir, mais de ne pas pouvoir», souligne Rietzler.

En raison de l'exigence permanente de se concentrer et de garder le focus, l'école est particulièrement éprouvante pour ces enfants - ce qui entraîne rapidement de la fatigue. «De nombreux parents racontent que la semaine est déjà finie pour leur enfant le mercredi, car il doit toujours se ressaisir à l'école», explique la psychologue.

Facteur perturbateur : l'impulsivité

L'aspect de l'inattention joue le plus grand rôle dans les performances scolaires de l'enfant concerné, mais il en souffre souvent en silence. L'aspect de l'impulsivité, en revanche, est clairement ressenti par les camarades de classe et les enseignants. Celui qui n'arrive pas à respecter les règles en classe, qui parle sans cesse et qui ne sait pas gérer ses émotions, se heurte aux autres. L'hyperactivité et le besoin de bouger qui en découle sont également source d'agitation dans la classe.

À la maison, les devoirs d'un enfant souffrant de TDAH sont souvent un grand sujet de dispute.

De plus, le TDAH s'accompagne souvent de troubles de l'apprentissage - par exemple en lecture, en orthographe ou en calcul - ce qui rend le quotidien scolaire encore plus difficile pour ces enfants. «Souvent, les élèves atteints de TDAH ont donc l'impression qu'ils ne peuvent rien faire et qu'ils font de toute façon tout de travers», explique Stefanie Rietzler. Ce qui peut conduire ces enfants à perdre toute motivation, à se glisser dans le rôle du clown de la classe ou à refuser tout simplement d'y participer.

A la maison, les devoirs sont souvent un sujet de dispute important : les enfants et les adolescents ne les commencent pas ou ne les poursuivent pas - ce qui entraîne de nombreux conflits avec les parents. «Ceux-ci ont l'impression d'être des enseignants auxiliaires qui doivent veiller en permanence à ce que leur progéniture ne perde pas le fil», observe Fabian Grolimund. A la longue, leur relation avec l'enfant risque d'en pâtir.

Diagnostic du TDAH et premières mesures

Pour simplifier, une personne souffrant de TDAH est donc inattentive, impulsive ou agitée. Jusqu'à un certain point, ces comportements ne sont pas inhabituels dans l'enfance. Pour le diagnostic, il est donc décisif de savoir à partir de quand on peut parler de trouble. Afin de ne pas classer les enfants par erreur, les spécialistes se sont mis d'accord sur certains critères qui doivent être remplis pour qu'un diagnostic de TDAH soit posé.

Des spécialistes formés, tels que des psychiatres pour enfants et adolescents ou des pédiatres, procèdent à un examen approfondi. En outre, ils examinent l'histoire du patient et de sa famille et excluent d'autres troubles qui pourraient déclencher des symptômes similaires au TDAH.

Lorsque les enfants TDAH se sentent valorisés par l'enseignant, ils font d'énormes efforts.

René Kindli, pédiatre

En fonction de la gravité du TDAH, les mesures dont l'enfant a besoin pour bien vivre sa scolarité sont déterminées. Quelques stratégies de travail clairement formulées peuvent-elles déjà aider ? Une compensation des désavantages à l'école est-elle judicieuse ? Faut-il prendre des médicaments ?

«Dans certains cas, une activité physique régulière et un enseignement clair et structuré peuvent suffire», explique le pédiatre René Kindli. En revanche, certaines approches modernes, comme le travail avec des plans hebdomadaires, qui exigent beaucoup d'organisation personnelle, ne sont tout simplement pas à la portée des enfants TDAH - «parce qu'ils n'ont pas de structure dans la tête».

Au lieu d'une consigne de travail vague du type «d'ici vendredi, vous aurez traité les trois pages», une consigne concrète du type «d'ici demain, vous aurez calculé l'exercice cinq à dix» les aidera. Mais ces élèves ont surtout besoin de beaucoup de compréhension : des enseignants empathiques qui remarquent lorsqu'un enfant s'égare et interviennent à temps sans le ridiculiser - par exemple en le touchant doucement et en lui rappelant qu'il doit à nouveau faire attention.

Trois points pour mieux apprendre

Rietzler et Grolimund misent sur trois points pour que les enfants et les adolescents concernés par le TDAH s'en sortent mieux à l'école.

1. Adapter l'environnement à l'enfant dans la mesure du possible - c'est-à-dire ne pas donner trop de devoirs, travailler avec des protections auditives, créer une place pour l'enfant à proximité de l'enseignant et bien d'autres choses encore.
2. Développer des stratégies qui aident les personnes concernées à mieux se contrôler. «Ici, il ne faut toutefois pas surcharger l'enfant», prévient Grolimund, «donc ne pas s'exercer sur cinq points à la fois, mais se limiter à un seul aspect». Par exemple : comment faire pour noter chaque jour mes devoirs ?
3. Accepter que l'enfant dispose de certaines forces et faiblesses et qu'il ne faut pas en faire un autre être humain.

«C'est un sentiment très pénible lorsque les enfants remarquent : «Les adultes auraient préféré que je sois différent»», explique Grolimund. C'est pourquoi il est extrêmement important que les parents transmettent à leur progéniture le message suivant : «Tu es bien !» et qu'ils fassent confiance à l'enfant pour suivre sa voie.

A l'école, les enfants devraient être conscients que «je suis le bienvenu ici». Dès que le sentiment contraire domine chez eux, les problèmes s'intensifient souvent massivement - les personnes concernées se dévalorisent alors souvent, feignent de ne pas s'intéresser aux sujets scolaires, entrent en résistance ou développent des peurs des examens et de l'école.

Je suis souvent surprise de voir à quel point les enfants et les adolescents sont peu informés de leur diagnostic et de ce qui se passe dans leur cerveau.

Alice Caduff Scheuner, pédagogue curative

Les enfants atteints de TDAH sont des êtres relationnels extrêmes

En général, comme le montre la recherche, les personnes souffrant de TDAH sont des personnes extrêmement relationnelles. Transposé à l'école, cela signifie que «si les enfants TDAH se sentent valorisés par leur enseignant, ils font d'énormes efforts», explique le pédiatre Kindli. «En revanche, s'ils ont le sentiment que l'enseignant ne les aime pas, ils se déconnectent».

«Ils réagissent de manière beaucoup plus sensible aux éloges et aux critiques et à la manière dont nous communiquons avec eux», fait également remarquer Stefanie Rietzler. C'est pourquoi il est important de donner un feed-back ciblé - par exemple lorsque l'enseignant constate qu'un enfant a bien maîtrisé une situation («C'était une fiche de travail délicate, mais tu as persévéré !»).

Fabian Grolimund estime lui aussi qu'il serait judicieux de renforcer les encouragements, mais qu'il serait encore plus important de réduire les critiques : «De nombreux enfants atteints de TDAH sont constamment sous le feu des critiques. Si l'on dressait une liste de ce qu'ils entendent chaque jour, on aurait la nausée».

Transférer la responsabilité

Alice Caduff Scheuner est pédagogue curative et coach TDAH et travaille dans le soutien intégratif d'un collège à Thoune BE. Elle enseigne en teamteaching, en petits groupes et coache individuellement les jeunes atteints de TDAH. Avec les personnes concernées, elle observe : Les consignes de travail ont-elles été comprises ? Que faut-il pour que les jeunes puissent mieux s'organiser ? Et elle répond toujours à la question : «Pourquoi est-ce que je me comporte comme ça ?».

«Je suis souvent surprise de voir à quel point les enfants et les adolescents sont peu informés de leur diagnostic», explique la pédagogue curative. «Une partie importante de mon travail consiste donc à montrer ce qui se passe dans leur cerveau. En outre, nous nous occupons de l'image qu'ils ont d'eux-mêmes».

Avec les élèves, elle cherche des solutions individuelles - comment faire en sorte que la tablette soit chargée chaque matin dans le sac d'école, par exemple. Alice Caduff Scheuner ne livre pas de recettes toutes faites, mais élabore des stratégies avec les jeunes. «Il s'agit de confier la responsabilité aux personnes concernées», explique la pédagogue curative. «Leur faire sentir : Mon efficacité personnelle est grande !» Cela renforce leur estime de soi et brise le cercle vicieux des comportements inadaptés. «Car les enfants et les adolescents veulent avant tout une chose : ne pas se faire remarquer, mais être comme tout le monde».

Droit à la compensation des désavantages en cas de TDAH

Dans l'ensemble, les enseignants sont de mieux en mieux adaptés aux enfants et adolescents souffrant de TDAH, telle est l'expérience de la pédagogue curative. Stefanie Rietzler et Fabian Grolimund le constatent également. La manière dont les enfants atteints de TDAH sont encouragés à l'école, quand ils reçoivent quel soutien, varie d'un canton à l'autre.

Pour que les personnes concernées par le TDAH ne soient pas désavantagées dans leur formation malgré leurs symptômes et leurs effets, elles ont par exemple droit à une compensation des désavantages. La condition préalable est un diagnostic médical et un certificat médical.

Il est intéressant de noter que les faiblesses des personnes atteintes de TDAH sont souvent aussi leurs forces.

Fabian Grolimund, psychologue

La compensation des désavantages doit veiller à ce que les personnes concernées bénéficient des mêmes conditions que leurs camarades de classe. Cette mesure permet par exemple de prolonger la durée des examens, d'étudier dans un environnement plus calme ou de faire des pauses pendant les examens. «Mais au final, l'ensemble de l'école reste difficile», déclare Fabian Grolimund, «parce que les exigences de l'école et les symptômes du TDAH vont tout simplement si mal ensemble».

Quand les médicaments sont utiles

Lorsque la souffrance devient trop importante, de nombreuses personnes concernées optent pour un médicament. Le plus souvent, c'est le méthylphénidate (MPH) qui est utilisé, aussi bien pour les enfants hyperactifs que pour les enfants rêveurs. Outre la Ritaline, il existe en Suisse dix médicaments contenant cette substance active. Si les effets secondaires sont trop importants - sous forme de perte d'appétit, de difficultés à dormir ou d'états dépressifs -, il est possible de passer à un autre principe actif.

«Pour les enfants et les adolescents concernés, ces médicaments peuvent souvent être utiles», explique la pédagogue curative Caduff Scheuner. «Beaucoup sont comme changés, peuvent soudain se concentrer et ressentent cela comme un grand soulagement». La médication seule n'est cependant pas une solution, il faut toujours des aides supplémentaires comme le coaching ou le soutien thérapeutique.

Les personnes concernées prennent généralement les médicaments pendant toute la durée de leur scolarité. «Mais si l'environnement entre l'enfant et l'enseignant s'adapte ou s'il y a des progrès dans le développement, le dosage peut être adapté», explique le pédiatre Kindli. «Globalement, l'objectif principal du médicament est de donner à l'enfant une bonne confiance en lui et de lui procurer des expériences de réussite».

En fait, les médicaments influencent le niveau de certains neurotransmetteurs dans le cerveau, notamment la dopamine et la noradrénaline. Ces neurotransmetteurs jouent un rôle important dans l'attention, le contrôle des impulsions et la régulation des comportements. Les médicaments ont donc un effet stimulant et favorisent la concentration et les performances.

Lors de la prescription de médicaments contre le TDAH, il est toutefois important que les parents s'adressent à des spécialistes du TDAH et que ces médicaments ne soient prescrits que lorsqu'un diagnostic a effectivement été posé, a souligné Susanne Walitza dans une interview accordée à ce magazine. Elle est professeur à la clinique de psychiatrie et de psychothérapie pour enfants et adolescents de l'université de Zurich et traite de nombreux enfants atteints de TDAH. Oskar Jenni considère lui aussi que l'utilisation de médicaments est surtout indiquée en cas de troubles graves et de grande souffrance. En cas d'évolution légère, il s'agit d'adapter l'environnement à l'enfant, selon le pédiatre du développement.

Promouvoir les talents

Tous les experts soulignent l'importance de s'éloigner de l'orientation purement déficitaire et de prendre davantage en considération les points forts des enfants, que l'évolution soit légère ou sévère. René Kindli, par exemple, écrit toujours «promotion des points forts» comme recommandation thérapeutique dans son rapport de diagnostic. Justement parce que l'école est souvent très axée sur les déficits. C'est pourquoi il faut d'autant plus encourager les talents des enfants atteints de TDAH en dehors de l'école.

Les enfants atteints de TDAH sont souvent très sportifs", explique le pédiatre, «ils devraient tranquillement pratiquer plusieurs sports». Mais les parents trouvent souvent : «Notre fils n'a pas le temps de s'entraîner, il doit réviser pour l'école». «Faux !», répond Kindli. «Plus il est strict à l'école, plus il a besoin d'autres expériences de réussite» !

«Il est intéressant de constater que les faiblesses des personnes atteintes de TDAH sont souvent aussi leurs forces», observe Fabian Grolimund. L'hyperfocalisation - pouvoir s'occuper pendant des heures de sujets qui nous intéressent. L'activité physique - qui peut souvent être réorientée vers un sport. Le sens aigu de la justice - qui permet de penser plus loin que le bout de son nez ou de nager à contre-courant. «Tout cela constitue un enrichissement extrême», affirme Grolimund. Pour les personnes atteintes de TDAH, il est donc essentiel de bien se connaître. Savoir ce qu'il en est : Dans quels domaines vais-je me faire aider, dans quels domaines vais-je mieux déléguer ? Mais aussi : dans quoi suis-je vraiment bon ?

Jusqu'à présent, la recherche n'a toutefois guère pris en compte les points forts des personnes souffrant de TDAH. Grolimund et Rietzler ont donc développé un questionnaire sur les points forts pour les parents d'enfants atteints de TDAH. «Souvent, les parents nous renvoient avec plaisir qu'ils n'étaient pas du tout conscients de nombreux points forts de leur enfant», raconte Stefanie Rietzler, «et que la perspective est tout à coup complètement différente».

Ainsi, la fille n'est peut-être pas bonne en maths, mais elle est très douée pour la vente au marché aux puces ou pour les travaux manuels. Le fils a peut-être des difficultés en dictée, mais il a un sens social développé, il est très affectueux avec les jeunes enfants ou très créatif.

«Se rendre compte qu'il y a bien plus que les domaines logico-mathématiques ou linguistiques, si fortement mis en avant à l'école, a une grande valeur», dit Rietzler. C'est pourquoi les points forts individuels devraient avoir beaucoup plus de place dans la vie quotidienne. Elles sont en effet des sources essentielles pour la confiance en soi de l'enfant - surtout lorsque les expériences de réussite sont rares à l'école. Et elles constituent souvent la base de la réussite professionnelle future.