Rupture de contact : «Les enfants ne doivent rien à leurs parents».
Madame Bleisch, pourquoi la rupture des contacts entre enfants et parents est-elle un sujet si sensible ?
L'une des caractéristiques des relations personnelles, par exemple dans les familles ou les couples, est la confiance. Une rupture de contact est donc toujours une rupture de confiance. Qu'elle soit justifiée ou non, elle n'est pas prise à la légère, surtout dans les familles.

La relation parent-enfant est en effet particulièrement intense.
Oui, c'est quelque chose d'unique et d'irremplaçable. On peut certes couper le contact, mais pas le lien, car quelqu'un reste toujours l'enfant de ses parents ou le père ou la mère de son enfant.
La rupture de contact est souvent abrupte et inattendue.
La relation avec les parents marque tellement l'identité de l'enfant qu'il ne pourra jamais «surmonter» ses parents. Et les parents ont généralement investi beaucoup de soins, de temps et d'argent dans cette relation. Elle est donc particulièrement précieuse pour les deux parties.
Pour les deux, parents et enfant, les blessures sont au premier plan.
Une rupture de contact entre parents et enfants est particulièrement «coûteuse». La vulnérabilité est élevée de part et d'autre et il en résulte pour les deux un vide dans leur vie . De plus, la rupture de contact est généralement abrupte et inattendue. Aujourd'hui, à l'heure où beaucoup de choses passent par les médias électroniques, il est relativement facile de le faire.
Selon vous, qu'est-ce qui est important dans la relation entre parents et enfants ?
De mon point de vue, le simple fait qu'une personne soit l'enfant de ses parents n'implique pas l'obligation de maintenir le contact pour toujours. Si les parents traitent mal leur enfant ou le limitent dans son développement au point de l'empêcher de devenir autonome, l'enfant n'a pas non plus l'obligation de poursuivre le contact.
La force normative qui nous lie devrait être l'amour mutuel - et non le sentiment de devoir quelque chose à l'autre.
Pourquoi ?
Les relations étroites au sein des familles ne vont pas de soi et doivent être entretenues. Le respect et l'échange mutuel sont très importants. Mais la force normative qui nous lie devrait être l'amour mutuel - et non le sentiment de devoir quelque chose à l'autre.
Quelle est la qualité éthique des relations que vous considérez comme importante dans les familles ?
Nous sommes toujours tenus de respecter notre interlocuteur, de tenir compte de ses sentiments et de ne pas lui faire volontairement du mal. C'est un impératif de l'humanité. Nous ne devons jamais négliger les besoins et les attentes d'autrui ou les blesser délibérément.
Quels conseils donneriez-vous aux parents et aux enfants ?
Lorsqu'ils deviennent adultes, les enfants doivent se libérer de leur dépendance vis-à-vis de leurs parents. Si les parents ne le permettent pas, les enfants n'ont parfois pas d'autre solution que de couper les ponts. Si les enfants décident de faire ce pas, ils devraient au moins avoir bien réfléchi aux raisons. Et les parents ont, à mon avis, un intérêt légitime à connaître ces raisons, idéalement lors d'un entretien personnel.
À quoi les parents doivent-ils être particulièrement attentifs ?
Les parents devraient à leur tour se rendre compte qu'aucun enfant ne rompt le contact à la légère. Souvent, ce genre de situation s'installe sur une longue période. Les parents doivent donc être prêts à réfléchir de manière critique à leur propre comportement. Dans le meilleur des cas, ils parviendront un jour à prendre un nouveau départ.