«Nager, ce n'est pas si facile !»

Madame Winter, pourquoi tant d'enfants se noient-ils en Suisse ?

Chez les jeunes enfants, le problème est que les parents pensent souvent qu'il suffit que les petits portent des brassards de natation. Ils se sentent en sécurité et ne regardent plus suffisamment. Mais l'air peut s'échapper des brassards et les enfants peuvent tomber.

Il y a beaucoup plus de garçons qui se noient que de filles.

Les jeunes enfants restent alors simplement le visage dans l'eau. Ils ne peuvent plus se relever et peuvent se noyer en 20 secondes dans la pataugeoire peu profonde.

Et quel est le problème pour les enfants plus âgés ?

Qu'ils se jugent mal. Chez les adolescents en particulier, s'ajoutent les actes de courage, les sauts téméraires et la natation sous l'influence de l'alcool. Il y a beaucoup plus de noyades chez les garçons que chez les filles. Les parents surestiment également très souvent les capacités de natation de leurs enfants. Ils pensent que leur enfant sait nager s'il parvient à faire quelques brasses d'affilée. Mais apprendre à nager, c'est bien plus que cela.

A savoir ?

D'une part, les enfants devraient plonger. Ils doivent ouvrir les yeux sous l'eau et apprendre à retrouver leur orientation. D'autre part, ils devraient pouvoir flotter dans l'eau - utiliser la poussée naturelle de l'eau. Cela leur permet de faire une pause lorsqu'ils sont fatigués. Il est également important d'adopter un style de nage économisant les forces, dans lequel les enfants glissent beaucoup.

Cela ne semble pas si difficile maintenant.

Ne vous y trompez pas ! Les enfants ne sont pas les seuls à surestimer leurs capacités de natation, leurs parents aussi. Mais lorsque je demande aux parents de participer aux exercices lors de mes cours, la situation est tout autre. L'autre jour, un père a coulé en essayant de flotter sur le dos. Il avait sous-estimé la quantité de muscles nécessaires pour rester à plat sur l'eau.

Quand les parents peuvent-ils laisser leurs enfants seuls à la piscine en toute sérénité ?

Je recommande le contrôle de sécurité aquatique du BFU. Les enfants doivent être capables de faire beaucoup de choses : une culbute sous l'eau, marcher sur place pendant une minute dans l'eau profonde sans couler et ensuite nager encore 50 mètres. De nombreux adultes ne sont pas à la hauteur. Beaucoup d'enfants sont prêts à passer le test à l'âge de 8-10 ans.

Pourquoi ne pas rendre le test obligatoire à l'école ?

Dans certains cantons, cela fonctionne. Mais en ce qui concerne l'enseignement de la natation, il n'y a pas d'offre généralisée. Avec le plan d'études 21, tous les enfants de l'école primaire doivent certes avoir accès à des cours de natation, mais pour certaines écoles, la mise en œuvre est très difficile. En particulier pour celles qui n'ont pas de piscine couverte à proximité.

Je connais des écoles où l'on ne peut proposer qu'une fois par an un cours de natation d'une semaine. Il y a aussi celles qui prévoient tout juste une heure dans leur emploi du temps - y compris le changement de vêtements et le séchage. Il est alors très difficile d'enseigner la natation de manière efficace. De plus, il n'y a pas toujours des spécialistes, mais parfois ce sont simplement les professeurs de classe qui se chargent des cours de natation.

Quel est le niveau de natation des enfants lorsqu'ils entrent à l'école ?

Selon le lieu de résidence, le niveau d'éducation et les convictions religieuses des parents, les enfants sont soit déjà de bons nageurs, soit l'élément aquatique leur est encore étranger et ils en ont peut-être même peur. Mes cours sont principalement destinés à des enfants issus de familles pour lesquelles l'apprentissage de la natation est très important et qui ont les moyens de payer un cours de natation.

Un tel cours représente bien sûr une charge financière...

C'est vrai. Mais j'ai déjà eu des cas où les services sociaux ont pris en charge le cours lorsque la famille avait des difficultés. Le problème est plutôt que les parents considèrent la natation comme un divertissement, un passe-temps agréable et non comme ce qu'elle est : une question de survie dans un pays où l'on se baigne autant qu'en Suisse.

Que faire lorsque les enfants ont peur de l'eau ?

Nous laissons surtout aux enfants beaucoup de temps et la possibilité d'explorer l'élément de manière ludique et à leur manière. Je construis les exercices de manière à ce que les enfants aient du plaisir à être dans l'eau et ne remarquent même pas qu'ils apprennent beaucoup. Il est passionnant d'observer que les enfants font souvent les bons mouvements de manière intuitive, si on les laisse faire et qu'on ne les force pas à faire quoi que ce soit.

Comme les grenouilles ?

Justement, ce n'est pas le cas. Le crawl est plus facile pour les enfants, car ils effectuent souvent eux-mêmes le battement de jambes et ne doivent pas coordonner les mouvements dans un rythme aussi complexe qu'en brasse. De plus, c'est aussi plus ergonomique. C'est pourquoi, depuis environ 13 ans, on enseigne le crawl avant la brasse.

Actuellement, les médias parlent beaucoup de la noyade secondaire.

Si, lors d'une inspiration réflexe sous l'eau, de grandes quantités d'eau pénètrent dans les poumons et qu'il reste du liquide résiduel malgré l'expectoration, cela peut entraîner une pneumonie avec œdème pulmonaire. Et cela peut être fatal en quelques heures. Les symptômes suivants peuvent indiquer la présence d'eau résiduelle dans les poumons :

•  andauerndes Husten seit dem Verschlucken

• das Kind wirkt etwas atemlos

• dem Kind ist vom verschluckten Wasser übel

• das Kind verhält sich seltsam: es ist müde oder besonders euphorisch (bei grösseren Kindern)

• die Lippen wirken bläulich

• Gänsehaut, zittern oder frösteln 

• Druckgefühl oder Schmerz hinter dem Brustbein (Achtung: kleine Kinder können das meist noch nicht klar äussern)

• Zuckungen der Gesichtsmuskulatur

En présence de ces symptômes et après une perte de connaissance ou une réanimation, l'enfant doit absolument être placé en observation à l'hôpital, même s'il semble aller bien. Cela vaut d'ailleurs aussi pour les adultes. En cas d'ingestion normale d'un peu d'eau lors du bain, il n'y a toutefois aucun danger. Cette eau peut être facilement expectorée par les enfants en bonne santé.