«Les pères ne devraient pas céder»
L'essentiel sur le sujet
Lorsque les parents se séparent, une solution à l'amiable pour régler les modalités de visite est toujours la voie souhaitable. Si les deux parties ne trouvent pas de dénominateur commun, une médiation peut les aider ou l'APEA peut fixer un règlement de visite. Un exemple de l'avocat Fabian Voegtlin montre toutefois qu'une situation juridique claire ne conduit pas forcément à agir conformément au jugement - par exemple lorsque l'enfant est instrumentalisé par l'un des parents ou décide lui-même qu'il n'attache aucune importance au contact.
Le droit du père : Fabian Voegtlin explique en outre dans le texte quand l'autorité parentale conjointe n'est qu'une «enveloppe sans contenu» et comment les pères doivent procéder lorsque les règles du droit de visite ne sont pas respectées par la mère.
Monsieur Voegtlin, que peuvent faire les pères s'ils souhaitent avoir plus de contacts avec leur enfant après une séparation ou un divorce ?
Si les parents sont divorcés, il est possible de trouver obligatoirement dans la convention de divorce ou dans le jugement de divorce une disposition relative à la garde des enfants. Celle-ci doit s'appliquer si les parents ne parviennent pas à se mettre d'accord. Il en va de même en cas de séparation judiciaire dans le cadre d'une procédure de protection de l'union conjugale. Si le parent qui n'a pas la garde souhaite obtenir un droit de visite plus généreux, l'objectif devrait toujours être, dans un premier temps, de trouver un accord à l'amiable avec l'autre parent. Si cela n'aboutit pas, il ne reste plus, outre la médiation, que la voie de l'autorité de protection de l'enfant et de l'adulte (APEA). Si les parents ne sont pas mariés ensemble, c'est également l'autorité de protection de l'enfant et de l'adulte (APEA) qui fixe les règles de visite en cas de litige, à la demande de l'un des parents. Pour être complet : dans cette dernière situation, l'APEA n'est compétente que si seul le règlement de la prise en charge est contesté.
Quelles sont les conditions légales ?
Le facteur décisif - tant pour la fixation que pour la modification d'un règlement - est le bien de l'enfant. L'augmentation de la réglementation des visites demandée doit impérativement être en accord avec le bien de l'enfant. Selon l'âge de l'enfant, le tribunal ou l'APC entendra l'enfant lui-même. La décision de procéder ou non à une audition est prise en fonction des circonstances et de l'entretien avec les parents. Selon le Tribunal fédéral, une audition est en principe possible à partir de l'âge de six ans d'un enfant. Contrairement à l'autorité parentale conjointe, une communication qui fonctionne n'est pas une condition préalable à une prise en charge accrue. En effet, si les parents ne sont plus en mesure de communiquer entre eux, une curatelle pour le droit de visite est nommée afin d'assister les parents en paroles et en actes. C'est du moins la théorie.

Et la différence entre la théorie et la pratique ? Que peut réellement obtenir un père par voie juridique si la mère souhaite limiter les contacts autant que possible ?
Voici un exemple tiré de ma pratique d'avocat. Les parents se sont mariés en 2007 et leur fille est née à peine un an plus tard. Après trois ans de mariage, la mère a demandé un droit de visite accompagné dans le cadre de la procédure de protection de l'union conjugale, ce qui a été rejeté en première instance et en appel. Le père s'est vu accorder un droit de visite non accompagné à la place. La mère n'a pas respecté la réglementation fixée dans la décision de protection de l'union conjugale, raison pour laquelle le père a déposé une demande d'exécution, que la mère a de nouveau contestée sans succès. Lors de la procédure de divorce en 2013, les parents ont pu se mettre d'accord sur une réglementation du droit de visite. Un an plus tard, la mère a déposé une demande de modification, éventuellement l'instauration d'un droit de visite accompagné. L'autorité de protection de l'enfant et de l'adulte a suspendu provisoirement le droit de visite, mais a ordonné un droit de visite accompagné dans la décision finale. Une fois de plus, la mère a contesté cette décision sans succès. Malgré cette réglementation en vigueur depuis fin 2015, aucune visite n'a eu lieu jusqu'à présent. La KESB examine actuellement si la mère a instrumentalisé l'enfant ou si cela correspond à la volonté réelle de l'enfant de ne pas voir son père.
Le chemin juridique peut donc être assez long.
En effet, surtout si la mère s'oppose toujours et encore à l'extension du droit de visite demandée. Il faut toutefois retenir que la mère ne peut pas empêcher avec succès le droit de visite du père en se mettant en travers de la route - à moins qu'il n'y ait des circonstances mettant en danger le bien-être de l'enfant et qui sont imputées au père. En règle générale, la mère ne pourra pas non plus boycotter le droit de visite par des accusations sans fondement.
L'enfant a le droit de voir son père.
Quelle est, selon vous, la valeur de l'autorité parentale conjointe ?
Depuis le 1er juillet 2014, le Code civil prévoit l'autorité parentale conjointe par défaut. Les conditions permettant de s'écarter de ce principe ou de passer ultérieurement à l'autorité parentale exclusive sont soumises à des obstacles importants. Ainsi, la loi prévoit que l'autorité parentale ne peut être retirée que dans certains cas, lorsque d'autres mesures de protection de l'enfant sont restées sans succès ou apparaissent d'emblée comme insuffisantes. On voit donc que le législateur considère la valeur de l'autorité parentale conjointe comme très élevée.
Est-ce que cela se reflète aussi dans la pratique ?
La plupart des pères et des mères souhaitent être impliqués dans la prise de décision lorsqu'il s'agit d'interventions médicales, de choix professionnels ou autres de l'enfant. Dans la réalité, si le parent qui a la garde de l'enfant n'associe pas l'autre parent au préalable, la décision est souvent déjà prise et il est impossible ou très difficile de revenir en arrière. Dans une telle situation, l'autorité parentale conjointe se réduit à une enveloppe sans contenu. Pour les décisions futures, une curatelle peut apporter une solution, mais il ne faut pas placer trop d'espoir dans une telle mesure.
Quels conseils de base pouvez-vous donner aux pères qui vous consultent ?
Je suis fermement convaincu que les pères ne doivent pas se contenter de baisser les bras, mais qu'ils doivent se défendre. Le droit de visite est - comme le mot l'indique - un droit qui revient au père. Parallèlement, l'enfant a lui aussi le droit de voir son père. Selon la situation de départ, je propose la procédure suivante :
- Versuch einer bilateralen Lösung
- Mediationsversuch bei einer qualifizierten öffentlichen Beratungsstelle oder durch einen geschulten Mediator
- Einleitung eines KESB-Verfahrens als ultima ratio
Où les pères peuvent-ils trouver de l'aide lorsque les juristes ne peuvent pas les aider ?
Une tentative de médiation par un médiateur formé peut, selon la situation, calmer les ardeurs et mener au but.