Le stress de ne pas être assez bon
Cher Dieu
J'ai une autre demande à te faire.
Tu diras : "Qui es-tu pour t'adresser à moi alors que tu as été toute ta vie un piètre croyant, tout au plus un aspirant croyant ?
Et tu as raison. Je n'ai jamais vraiment cru en toi. Mais dans les heures les plus sombres de la parentalité, je viens à toi. Car toi aussi, tu es un père. Toi aussi, tu connais la peur au plus profond de l'os que nous n'atteignions plus nos enfants. Et aussi le désespoir lorsque nous comprenons, au cours d'une nouvelle nuit d'insomnie, que nous ne pourrons effectivement pas les aider. Tu les connais, n'est-ce pas ?
Je ne te demande pas de tout réparer. Je sais que les jeunes doivent suivre leur propre chemin. Ils le feront. Je te demande juste une chose : délivre-les de leur perfectionnisme. C'est la racine de tous les maux.
Tu demandes pourquoi ?
La recherche de la perfection n'est pas une tentative de faire quelque chose de bien, c'est le stress de ne pas être assez bon. Ce n'est pas le désir de se surpasser, c'est le souci d'être moins bon que les autres. Ce n'est pas l'envie de s'adonner à une activité qui nous passionne, c'est la peur bleue de décevoir les attentes des autres. Nous, les humains, tu ne l'as peut-être pas remarqué, Dieu, nous n'agissons plus aujourd'hui par conviction que quelque chose est important, nous agissons de plus en plus par peur de subir une défaite, d'être humiliés, d'échouer, de ne plus rien recevoir du gâteau qui se réduit.
Cher Dieu, oblige-nous, pères, à prendre enfin, bon sang, nos responsabilités.
C'est pourquoi, Dieu, donne à nos jeunes un peu de goût à la vie. Guéris-les de leur manie de se comparer constamment aux autres et du choc lorsqu'ils découvriront qu'il y a toujours quelqu'un de mieux, de plus beau, de plus populaire qu'eux. Et empêche-les d'ouvrir Instagram dans ces moments-là pour chercher du réconfort, car ils ne le trouveront pas là.
Des parents en quête de perfectionnisme
Et, Dieu, puisque nous parlons ensemble, puis-je te demander encore quelque chose ? Guéris-nous aussi, nous parents, du perfectionnisme. Délivre-nous de la pression omniprésente d'organiser l'anniversaire parfait, de préparer le goûter parfait, de trouver l'école parfaite, d'être la famille parfaite. Délivre-nous de la peur que nos enfants ne trouvent un jour pas de travail, pas d'amis, pas d'avenir. Libère-nous de l'inquiétude que d'autres parents soient meilleurs que nous.
Délivre surtout les mères de l'idéologie de la «bonne mère», car elle contient toujours l'idée de l'échec et de la culpabilité de ne pas être assez bonne. Et oblige-nous, pères, à prendre enfin, bon sang, nos responsabilités.
Honnêtement, je ne sais pas comment faire, mais toi, Dieu, tu le sais, n'est-ce pas ?
Amen.