Enseignante et mère : un double rôle

En tant que jeune mère et enseignante en exercice, je ne m'inquiétais guère à l'époque de ce qui se passerait lorsque nos deux filles iraient plus tard au jardin d'enfants et à l'école. J'avais l'impression de savoir comment la charrette tournait et j'abordais l'histoire sans trop de pression. Aujourd'hui, bien des années et de nombreuses expériences, réunions de parents et discussions à la maison plus tard, j'ai une attitude beaucoup plus nuancée sur le sujet.

Ce qui est vraiment important pour l'âme des enfants

En tant que mère, le point de vue sur l'école est différent de celui que l'on a lorsqu'on est soi-même devant la classe. Logique : on regarde alors l'école du point de vue de sa propre famille, qui est plus proche de soi que tout le reste. C'est de ce «point de vue de mère» que j'ai vu nos deux filles partir avec plaisir chaque matin et rentrer à la maison après l'école, fatiguées mais généralement heureuses et satisfaites.

En tant que mère, le point de vue sur l'école est différent de celui que l'on a quand on est soi-même devant la classe.

Les filles ont évolué dans des directions qui ne pouvaient pas être plus différentes. Leurs années d'école nous ont remplis de fierté, mais nous ont aussi conduits dans les méandres de nombreuses évaluations. Et elles m'ont fait prendre conscience de ce qui est vraiment important pour l'âme d'un enfant : le sentiment d'être entre de bonnes mains à l'école et d'être accepté tel que l'on est. Pour nous, il était primordial que nos enfants aiment aller à l'école, leurs résultats et leurs notes ne jouant souvent qu'un rôle secondaire.

Quand la situation devient inconfortable : la zone de conflit des devoirs à domicile

Même si j'aurais parfois pris personnellement d'autres décisions que celles des professionnels sur place, je n'avais aucune raison, en tant que mère, de m'immiscer constamment dans les affaires de l'école ; même et surtout pas en tant que «mère enseignante». Les enseignants, la direction de l'école et le personnel d'encadrement faisaient un excellent travail, cela fonctionnait - la plupart du temps, en tout cas.

Mais à la maison, il y a eu ou il y a encore aujourd'hui des moments où mon double rôle d'enseignante et de mère s'est mis ou se met en travers de mon chemin : lorsque les filles font la queue pour faire leurs devoirs, mon syndrome de l'aide professionnelle se fait sentir.

Quel soulagement lorsque les enseignantes de notre plus jeune fille m'ont conseillé d'être simplement une mère à la maison et non une enseignante.

C'est un grand défi pour les mères et les pères d'aider leurs enfants de manière pédagogiquement correcte. Les émotions, les malentendus et l'impatience surgissent bien trop vite de part et d'autre, et l'affaire devient inconfortable à la table du salon. J'ai été très reconnaissante et soulagée lorsque les enseignantes de notre fille cadette m'ont conseillé, lors d'un entretien, d'être simplement une mère à la maison et de laisser de côté mon rôle d'enseignante.

L'enseignement, l'amour et d'autres grands soucis

Entre-temps, nos filles sont devenues des adolescentes et des jeunes femmes. Au cours de leur développement, des thèmes ont changé ou sont apparus. Certes, l'école joue toujours un rôle important à leur âge, par exemple dans la formation professionnelle ou la recherche d'une place d'apprentissage. Mais souvent, d'autres thèmes prennent le dessus : le premier amour sérieux («Mon Dieu !»), les sorties («Et si tu rentrais à la maison ?»), la consommation de médias («Tu pourrais tranquillement lire un livre»), la recherche d'une place d'apprentissage («As-tu déjà appelé ?») ou la gestion des frustrations scolaires (définition des priorités ?), pour n'en citer que quelques-uns.

Que disait-on déjà : petits enfants, petits soucis - grands enfants, grands soucis ? En tant que mère de jeunes enfants, ce dicton m'avait toujours énervée à l'époque. N'est-ce pas toujours les besoins actuels qui nous semblent énormes et en partie insolubles ? Dans la phase actuelle - voir ci-dessus - je peux toutefois trouver quelque chose à redire à ce credo. Mais c'est une autre histoire

Pourquoi le regard s'enrichit de différentes lunettes

En fin de compte, et avec une distance parfois salutaire, je profite encore aujourd'hui de mon double rôle : en tant que mère entre mes quatre murs, dans mon activité d'enseignante et, surtout, en tant que présidente d'association. Les expériences vécues avec nos enfants presque adultes élargissent mon horizon. Cela m'aide à voir les élèves de «ma» classe sous un autre jour. Grâce à mon passé de mère, je peux bien comprendre leurs soucis et leurs peurs, leurs problèmes, je comprends ce qui se cache derrière et je suis devenue plus patiente.

Les expériences vécues avec mes propres enfants élargissent mon horizon. Cela m'aide à voir les élèves sous un autre jour.

Les expériences que j'ai faites avec mes filles au sujet des devoirs m'aident également à cet égard. Il me semble important de mettre l'accent sur les capacités des enfants et de ne pas perdre de vue leurs déficits, mais si possible de ne pas les mettre en avant. Je n'y parviens malheureusement pas toujours, mais mon regard sur les élèves est certainement plus nuancé aujourd'hui qu'autrefois. Je sais mieux évaluer leurs limites et je comprends les oublis de papiers ou de formulaires - cela m'est aussi arrivé en tant que mère qui travaille.

L'expérience de vie avec nos deux filles n'a certainement pas fait de moi une mère parfaite, et encore moins une enseignante parfaite. Mais le fait de voir les choses à travers différentes lunettes enrichit toujours la vie de famille, la vie scolaire et la vie en général.