«Beaucoup sont à la limite»
"Je suis vice-présidente du Synode scolaire volontaire de Bâle, l'association professionnelle des enseignants et des spécialistes qui compte plus de 4000 membres. A la fin de l'été dernier, la majorité d'entre eux a lancé une initiative populaire qui a fait grand bruit : les enseignants bâlois voulaient abolir l'intégration, disaient les médias. C'est le contraire qui est vrai : nous voulons renforcer l'école intégrative - en allégeant de toute urgence la charge des classes ordinaires.
Quatre enfants par classe sont considérés comme ayant des problèmes de comportement. Nous n'avons pas assez de ressources pour y remédier. Ce sont les enfants qui en pâtissent.
Nous demandons l'introduction de classes de soutien de pédagogie curative dans les écoles ordinaires de la ville de Bâle. Pour les enfants qui apprennent mieux en petits groupes et ceux dont le comportement dépasse le cadre d'une classe ordinaire. La classe de soutien aurait pour objectif de permettre aux enfants de s'y stabiliser et de retourner à plus long terme dans leur classe ordinaire.
De nombreux enseignants sont à la limite de leurs capacités. A Bâle-Ville, les ressources dont disposent les écoles pour le soutien intégratif sont souvent loin d'être suffisantes pour faire face aux défis qui y sont liés. L'un des plus grands facteurs de stress, comme le montre une enquête de notre association, est la gestion des problèmes de comportement.
Nous avons de plus en plus souvent affaire à des enfants dont le développement socio-émotionnel est retardé et qui, au jardin d'enfants, ont à peu près le niveau d'un petit enfant. Ils se jettent par terre et crient lorsqu'ils sont surexcités, donnent des coups de poing ou de pied lorsqu'ils rencontrent une résistance. J'observe de tels comportements jusqu'à l'école primaire.
Là aussi, de plus en plus d'enfants manquent de stratégies pour gérer la frustration, la colère ou la distraction. La plupart du temps, ils viennent de familles socialement défavorisées. A mon niveau, beaucoup n'ont pas ou pas encore de diagnostic qui leur permettrait de bénéficier de moyens supplémentaires.
En tant que pédagogue spécialisée, j'accompagne ma classe de la première à la troisième année primaire. Dans la première classe, je peux soutenir l'enseignant avec cinq leçons hebdomadaires de soutien intégratif, dans la troisième, il y en a encore trois. Selon les études, 20 pour cent des enfants sont considérés comme ayant des problèmes de comportement, jusqu'à quatre enfants par classe. Nous n'avons pas assez de ressources pour y remédier. Ceux qui en pâtissent, ce sont les enfants. Ceux dont les besoins dépassent le cadre - et ceux qui ne se font pas remarquer, qui sont laissés de côté.
La plupart du temps, il s'agit d'enfants prêts à s'engager, plus faibles sur le plan scolaire, qui auraient besoin d'un peu plus de soutien, ou d'enfants allophones en bonne forme cognitive qui ne comprennent pas tout en allemand. Mais les enfants ne signalent souvent pas d'eux-mêmes leur besoin de soutien, ils dépendent de l'enseignant ou du pédagogue spécialisé pour le reconnaître. C'est difficile à faire quand on est constamment absorbé par l'extinction d'incendies ailleurs".
