Un bon coup de pied dans les couilles
Si je me souviens de la première fois où je me suis sentie femme, il y a un moment. Ce n'était pas l'inévitable tache rouge sur mon slip, ni le paquet de tampons que je serrais honteusement, mais une voiture. Dans un crissement de pneus, elle a pris le virage, un homme s'est penché à l'extérieur et a hurlé derrière moi : «Cul en rut, sale jument !» Je lui ai fait un doigt d'honneur - j'ai décidé d'ignorer ma fierté secrète de susciter un tel intérêt.
Ma fille a aussi quinze ans, elle sera bientôt une femme. L'autre jour, elle m'a raconté sa sortie. Elle était à une fête de son lycée, une manifestation publique dans une salle municipale. La musique était horrible, les garçons embarrassants, mais ils se sont beaucoup amusés.
Oh, et son groupe de filles a subi des attouchements, a-t-elle raconté en passant. Apparemment, il y avait un homme, un adulte, qui s'est approché de leur groupe, a attrapé les fesses de ses collègues et a pincé ma fille à la poitrine alors qu'elle se protégeait.
J'avais l'impression d'avoir mal entendu. «Quel porc !», me suis-je exclamée : qui avait fait ça, quelqu'un qu'elle connaissait ? Quelqu'un d'autre le connaissait-il ? Elle a souri, incertaine, surprise par ma réaction : «Chill, maman, ce n'était pas si grave». Chill ? On devrait lui donner un coup de pied dans les couilles sans commentaire.
Ce que ma fille m'a signalé est rassurant. Que je n'avais pas à m'inquiéter, que c'était un idiot et qu'elle pouvait gérer l'expérience. Mais je doute que ma fille ait compris ce que je voulais dire. A savoir qu'aucun homme ne peut se permettre de commettre de telles violences.
Ma fille trouvera sa propre voie. En attendant, je l'ai inscrite à un cours de krav-maga.
Et qu'aucune femme, et encore moins une fille, ne doit se laisser faire. Peu importe si l'agression est ressentie comme grave ou non. La puberté est une période de révolutions physiques. Les cheveux poussent, les seins bourgeonnent, les hanches se développent.
Et les regards dans la rue changent lorsque l'on est perçu comme un être sexuel. Cette transformation s'accompagne souvent de crises psychiques qui peuvent se manifester à cette période sous forme de troubles alimentaires ou d'automutilation.
Derrière cela se cache le besoin de reprendre le contrôle, de manifester ses limites physiques et psychiques. Que faut-il pour se sentir chez soi dans un appartement, une nouvelle ville, avec une nouvelle personne ? Il faut des expériences.
On va chercher du pain à la boulangerie deux rues plus loin, on voit comment le parc d'à côté change au fil des saisons. Et c'est exactement comme ça que ça fonctionne avec la sexualité. Il s'agit de se découvrir ce nouveau corps et cette nouvelle personnalité.
Et surtout, reconnaître où sont les limites et comment les protéger. Ma fille trouvera sa propre voie. En attendant, je l'ai inscrite à un cours de krav-maga. On y apprend des techniques d'autodéfense efficaces et impitoyables. Ainsi, elle pourra donner un bon coup de pied dans les couilles du prochain agresseur.