Lorsque l'œil est rouge, larmoie abondamment et démange, il s'agit souvent d'une conjonctivite. La conjonctivite peut être provoquée, entre autres, par des agents pathogènes tels que des virus et des bactéries.
Il est souvent difficile pour les parents de distinguer ces deux formes. « Les conjonctivites bactériennes touchent principalement les nourrissons et les enfants en bas âge. Les sécrétions sont muqueuses, jaunes et purulentes, et collent les yeux. Dans le cas d'une inflammation virale, les yeux sont rouges et brûlants. Les sécrétions sont aqueuses et claires, mais peuvent également être verdâtres », explique Markus Zehnder, propriétaire du cabinet pédiatrique Central à Horgen (ZH), pour expliquer les différences.
Les deux formes guérissent généralement spontanément, c'est pourquoi, dans les cas bénins, la cause virale ou bactérienne n'a aucune incidence sur le traitement.
Il est important d'essuyer régulièrement les sécrétions purulentes avec de l'eau tiède du robinet et un chiffon propre, de l'extérieur vers l'intérieur. Avant et après l'essuyage, il convient de se laver soigneusement les mains, car la conjonctivite est très contagieuse.
Une hygiène rigoureuse des mains est la meilleure protection pour empêcher la propagation de la conjonctivite.
Markus Zehnder, pédiatre
« Dans les cas graves, des gouttes antibiotiques peuvent être prescrites afin de raccourcir la durée de la maladie », explique Zehnder. Selon la cause, il faut compter entre 7 et 14 jours pour guérir une conjonctivite. Pendant cette période, une hygiène rigoureuse des mains est particulièrement importante. Elle constitue également la meilleure protection pour empêcher la propagation de la maladie.
Quand l'enfant peut-il aller à l'école ?
« L'exclusion de la crèche et de l'école n'est obligatoire qu'en cas de kératoconjonctivite épidémique », explique Zehnder. Cette forme d'inflammation, également appelée « grippe oculaire » dans le langage courant, est particulièrement contagieuse. « Elle est provoquée par des adénovirus et se manifeste de manière très prononcée, avec une forte rougeur, un gonflement, un spasme des paupières, une sensation de corps étranger et un écoulement aqueux. »
Au début, seul un œil est généralement touché et l'enfant ne présente aucun symptôme grippal. Au fur et à mesure que l'infection progresse, elle peut également se propager à l'autre œil. Le service médical scolaire du canton de Zurich a établi des règles claires en cas de conjonctivite virale : « Le retour à l'école est possible à partir du 15e jour suivant l'apparition de la maladie dans un œil. Si le deuxième œil est infecté plus tard, le délai de 15 jours à compter de l'apparition de la maladie dans le deuxième œil s'applique à nouveau », peut-on lire sur le site officiel.
Examen ophtalmologique
Les infections virales légères peuvent certes être contagieuses, mais elles sont généralement moins dangereuses que les épidémies. Dans ce cas, aucune interdiction générale de fréquenter l'école n'est donc appliquée. Le médecin traitant prend une décision au cas par cas en fonction de la gravité des symptômes.
En cas de douleurs intenses, de spasmes des paupières ou de gonflement de l'œil entier, il est impératif de consulter un pédiatre afin d'exclure une inflammation de la cornée, due par exemple à un virus herpétique, ou une inflammation bactérienne purulente de l'œil entier. Si la conjonctivite ne guérit pas malgré un traitement anti-inflammatoire, il est recommandé de consulter un ophtalmologue.

« Dans de rares cas, une conjonctivite peut également être le symptôme d'une maladie sous-jacente », explique Rike Michels, directrice du cabinet Michels Augenärzte am See à Feldmeilen (ZH). La kératoconjonctivite vernale est une forme particulièrement prononcée. Il s'agit d'une inflammation allergique chronique qui touche exclusivement les enfants.
« Cette forme particulière d'allergie peut provoquer des cicatrices au niveau de l'œil, qui peuvent avoir une influence sur le développement de la vision. Les enfants atteints de cette maladie doivent être traités de manière systématique afin qu'ils ne souffrent pas de troubles à long terme », explique la médecin. La bonne nouvelle : « Entre-temps, des collyres spéciaux ont également été autorisés en Suisse, qui permettent d'obtenir des résultats très positifs contre cette maladie tenace », déclare Michels.
Les principaux déclencheurs sont les pollens
« Le symptôme principal est la démangeaison. Il n'existe pratiquement pas de conjonctivite allergique sans démangeaison », explique Peter Eng, allergologue et immunologue à Lucerne. Les symptômes typiques sont un larmoiement aqueux, des yeux rouges et des paupières gonflées, souvent accompagnés d'éternuements et/ou d'un écoulement nasal (rhume des foins).
Une forme particulière est ce qu'on appelle la chémosis, qui se caractérise par un gonflement de la conjonctive et qui survient pratiquement uniquement en cas d'allergie. « La chémosis est certes relativement bénigne, mais elle peut paraître inquiétante pour les enfants concernés et leurs parents », explique le médecin.
La tisane à la camomille est un remède maison très apprécié, mais elle doit être évitée en cas de conjonctivite, car elle peut provoquer des allergies.
En cas de suspicion d'une cause allergique, on commence par déterminer le déclencheur à l'aide d'un test allergologique ou d'analyses sanguines. « Le déclencheur numéro un est le pollen. Il peut s'agir de pollen de graminées, d'arbres ou d'herbes. La deuxième cause la plus fréquente est les acariens, suivis des poils et des pellicules d'animaux domestiques ou d'élevage », explique Eng.
En toute logique, en cas de conjonctivite allergique, il convient avant tout d'éviter systématiquement le facteur déclenchant. Ce qui n'est pas toujours facile dans la pratique. Surtout lorsqu'il s'agit de son propre animal domestique auquel on est allergique, ou encore du pollen, auquel on peut difficilement échapper au printemps.
Ne pas se frotter les yeux
Outre éviter le facteur déclenchant, des gouttes ophtalmiques ou un lavage à l'aide d'une solution saline peuvent aider. « Si cela n'est pas possible, même en combinaison avec les mesures préventives, il existe des comprimés antihistaminiques et, dans les cas très graves, des gouttes à base de corticostéroïdes », explique l'allergologue. Ces dernières contiennent de la cortisone et ne doivent être prescrites et utilisées qu'après un examen approfondi par un ophtalmologue.
Même si cela est difficile, il faut éviter autant que possible de se frotter les yeux. « Cela peut entraîner une conjonctivite allergique qui peut également conduire à une surinfection bactérienne », prévient Eng. Dans ce cas, les sécrétions changent et ne sont plus aqueuses, mais vert-jaunâtre, et des croûtes jaunâtres apparaissent au niveau des paupières. « Les symptômes à toujours prendre au sérieux sont les douleurs oculaires, la sensibilité à la lumière, le clignement intense des yeux et la vision trouble », explique le spécialiste. Dans ce cas, il est impératif de consulter un médecin.
Même les plus jeunes peuvent souffrir de conjonctivites à répétition, mais pour d'autres raisons. « Chez les nouveau-nés et les enfants en bas âge jusqu'à l'âge de deux ans, une conjonctivite récurrente survient souvent à la suite d'une obstruction du canal lacrymal.
« Il est important de bien nettoyer et de masser régulièrement les canaux lacrymaux », explique Rike Michels. Pour cela, il faut exercer une légère pression avec le doigt, en partant du coin interne de l'œil vers l'aile du nez. « Deux à trois fois par jour pendant une minute suffit. Vous pouvez appliquer un peu de vaseline sur votre doigt afin de ne pas trop irriter la peau », conseille-t-elle. Le rétrécissement ou l'obstruction disparaît généralement spontanément au cours des deux premières années de vie et aucune autre mesure n'est nécessaire.
Des larmes sans larmes
Si vous avez les yeux sensibles ou déjà irrités, il est particulièrement important de prêter attention à tout ce qui entre en contact avec eux au quotidien, qu'il s'agisse de lentilles de contact ou de produits cosmétiques. Le mascara, le fard à paupières, l'eyeliner ou le démaquillant peuvent favoriser la conjonctivite chez les personnes ayant les yeux sensibles ou une mauvaise tolérance.
Cela vaut en particulier lorsque les produits sont contaminés ou périmés. Les fabricants recommandent donc de renouveler le mascara tous les trois à six mois afin d'éviter la formation de germes. À noter : contrairement aux conjonctivites bactériennes ou virales, les irritations d'origine allergique ou mécanique ne sont pas contagieuses.
5 conseils pour lutter contre la conjonctivite
- Veillez à une hygiène rigoureuse des mains afin d'éviter la propagation au sein de la famille. Tant que la maladie n'est pas guérie, n'utilisez pas les mêmes serviettes.
- Une solution saline ou de l'eau conviennent pour nettoyer les bords des paupières et les cils collés. Chez les enfants en bas âge, le lait maternel peut également être utile, car il contient des anticorps. Essuyez toujours du coin externe de l'œil vers l'intérieur.
- La tisane à la camomille est un remède maison très apprécié, mais elle doit être évitée en cas de conjonctivite, car elle peut provoquer des allergies. Le thé noir, qui a un effet anti-inflammatoire, est plus adapté.
- En cas de démangeaisons allergiques notamment, des compresses froides sur les yeux peuvent soulager et réduire le gonflement.
- Pour les produits cosmétiques pour les yeux, faites attention aux ingrédients et renouvelez régulièrement votre mascara. Cela vaut particulièrement si vous êtes sensible ou allergique à certaines substances.