Mon frère, le casse-cou

La recherche montre que : Nous apprenons beaucoup de nos frères et sœurs plus âgés - les bonnes comme les mauvaises habitudes et peut-être aussi la manière dont nous évaluons les risques. En effet, comme les chercheurs l'ont découvert dans une nouvelle étude américaine, le comportement et les schémas cérébraux des enfants peuvent être modifiés lorsqu'ils observent le comportement à risque de leurs frères et sœurs plus âgés. L'influence dépend toutefois de la relation entre les frères et sœurs.

Les frères et sœurs peuvent donner les conseils nécessaires pour guider un jeune à travers l'adolescence.

Chercheuse Christy Rogers

«Les frères et sœurs s'influencent mutuellement à différents niveaux, cela concerne également le cerveau», explique la responsable de l'étude Christy Rogers, professeur assistant dans le domaine du développement et de la recherche sur la famille à l'université Texas Tech aux États-Unis. Selon Rogers, la recherche sur les fratries s'est jusqu'à présent principalement appuyée sur des sondages. Celles-ci offrent certes des connaissances précieuses, mais limitées dans certaines circonstances. En revanche, la chercheuse américaine et son équipe ont pu montrer pour la première fois en temps réel comment les frères et sœurs s'influencent mutuellement dans leur comportement. L'équipe a en outre acquis de nouvelles connaissances sur les effets neurobiologiques.

L'étude, publiée dans le Journal of Research on Adolescence, a porté sur 43 paires de frères et sœurs, dont l'aîné avait entre 14 et 17 ans et le cadet entre 11 et 13 ans. Pour tester leur comportement à risque, les chercheurs ont fait jouer séparément les frères et sœurs à un jeu de simulation de conduite. Ensuite, les enfants les plus jeunes ont regardé une photo de leur frère ou sœur aîné(e) en train de jouer, tandis qu'une imagerie par résonance magnétique fonctionnelle était réalisée. Ensuite, les enfants plus jeunes ont été invités à jouer à nouveau. La deuxième fois, les enfants ont imité le comportement à risque de leurs frères et sœurs plus âgés. En d'autres termes, ils prenaient plus de risques si leur frère ou leur sœur avait pris des risques élevés, ou jouaient plus prudemment si leur frère ou leur sœur avait misé sur la sécurité.

Des valeurs similaires entraînent un comportement similaire

En examinant les scanners cérébraux des jeunes frères et sœurs, Rogers et ses collègues ont découvert que les enfants qui déclaraient admirer leurs aînés présentaient des schémas cérébraux plus similaires. En particulier, l'activité neuronale dans le cortex préfrontal ventromédian était plus similaire. Cette zone du cerveau est associée à l'évaluation des récompenses et des décisions. Cela suggère que les frères et sœurs en question ont des valeurs similaires.

Les enfants jouaient plus prudemment lorsque leurs frères et sœurs avaient misé sur la sécurité.

Cependant, les enfants ne suivent pas toujours l'exemple de leurs aînés. En effet, dans certains cas, ils peuvent se rebeller contre eux. Dans une étude de suivi, actuellement en cours d'évaluation, Rogers a examiné les caractéristiques qui influencent la manière dont les jeunes traitent le comportement de leurs frères et sœurs aînés. Elle a fait une observation intéressante : la différence entre les schémas cérébraux des enfants étudiés et ceux de leur frère ou sœur aîné(e) semble dépendre de l'influence du modèle de ce dernier sur l'enfant concerné. Dans ce contexte, le fait d'être du même sexe, une faible différence d'âge et le fait que l'enfant considère son frère ou sa sœur comme un modèle plutôt que comme quelqu'un dont il veut se démarquer ont eu une influence. Tous les enfants ont observé leurs grands frères et sœurs avec beaucoup d'attention, mais ils ont traité leurs observations dans différentes zones du cerveau en fonction de la dynamique de la fratrie.

L'adolescence est une période durant laquelle les enfants sont davantage enclins à adopter des comportements plus risqués, par exemple en ayant des relations sexuelles, en abusant de drogues ou en buvant de l'alcool. La présente étude peut fournir une explication sur la manière dont les adolescents apprennent à décider comment gérer les risques. Elle peut également mettre en évidence l'influence particulière des frères et sœurs plus âgés.

Nous apprenons beaucoup de nos frères et sœurs plus âgés. Peut-être aussi la manière d'évaluer les risques.

«On pourrait dire que les frères et sœurs aînés ont chacun un pied dans deux mondes. D'un côté, ils agissent parfois comme des pairs, mais d'un autre côté, ils agissent aussi comme des parents», explique Rogers. "Les frères et sœurs peuvent donner les conseils nécessaires pour guider une jeune personne à travers les expériences désagréables et souvent stimulantes de l'adolescence.