Les jeunes et les médias : contre la diabolisation
De nombreux pères et mères finissent par s'essouffler. Le travail, les enfants, le ménage et le manque de temps pour le couple mettent les nerfs à rude épreuve. Ceux qui se sentent épuisés, irritables ou dépassés manquent de la sérénité nécessaire lorsque les enfants testent justement leurs limites. L'utilisation des smartphones et d'Internet est un point de discorde classique entre parents et adolescents.
Parfois, le doute s'installe lorsque nos rappels à l'ordre répétés ressemblent à un disque rayé : Les enfants peuvent-ils seulement reconnaître que nos soucis sont l'expression de l'amour et de l'attention ?
Par durée d'utilisation élevée, il ne faut pas nécessairement entendre une durée d'utilisation problématique.
Le nouveau rapport James Focus «Ressources environnementales et utilisation des médias» de la Haute école des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) et de Swisscom prouve notamment qu'il est finalement payant de ne pas s'écarter de ses convictions et de son attitude en matière d'éducation.
Ce traité de 16 pages est un approfondissement de la récente étude James. Il renonce complètement à un alarmisme aveugle, accepte les smartphones et Internet comme une réalité quotidienne normale pour les jeunes âgés de 12 à 19 ans et met en lumière les effets des différentes influences de la maison, de l'école et des groupes de pairs sur leur comportement médiatique. L'un des principaux conseils donnés aux éducateurs est le suivant : un temps d'utilisation élevé ne signifie pas nécessairement un temps d'utilisation problématique.
L'appartenance comme ancrage
«De quelles ressources familiales et sociales disposent les jeunes en Suisse ?», demande le rapport. Les résultats à ce sujet sont majoritairement positifs, puisqu'ils attestent que les jeunes Suisses ont en moyenne «un niveau élevé de ressources sociales et familiales».
Les efforts éducatifs des parents sont également reconnus. La plupart des jeunes estiment que le soutien de leurs parents est élevé et qu'ils bénéficient d'un degré de responsabilité et de direction relativement important dans leur éducation.
Les enfants qui ont une bonne relation avec leurs parents sont mieux protégés contre les dangers du monde numérique.
L'appartenance à l'école et au groupe de pairs représente un soutien important dans les tâches de développement les plus diverses. Le rapport les cite également à titre d'illustration : Elles comprennent entre autres la création de liens sociaux , la régénération et la consommation, mais aussi la qualification et la participation. Les tâches sont étroitement liées et interdépendantes.
La situation est toutefois difficile pour les jeunes sans passeport suisse. Les barrières linguistiques rendent difficile le sentiment d'intégration dans le groupe d'âge et favorisent l'exclusion. Si les parents ont également des difficultés de compréhension, le soutien en pâtit également.
Fonction centrale du smartphone
Une autre question du rapport est la suivante : «Quel est le lien entre les ressources familiales et sociales et différents aspects de l'utilisation des médias à l'adolescence ?» Les jeunes perçoivent le soutien parental comme un «soutien instrumental et émotionnel» qui entraîne une diminution du temps d'utilisation d'Internet.
En revanche, une mauvaise relation parents-enfants tendrait à renforcer une utilisation excessive d'Internet et déclencherait un cercle fatal : «Les jeunes qui ont une utilisation très intensive d'Internet peuvent avoir davantage de conflits avec leurs parents, ce qui peut mettre à mal la relation».
Une bonne relation favorise la confiance en soi et aide «les jeunes à être plus sûrs de leurs propres limites». Il s'agit notamment des expériences sexuelles en ligne, comme la pornographie ou le sexting.
- Il est important que les enfants apprennent à utiliser le téléphone portable, les jeux et Internet avec modération.
- Les médias ont de multiples fonctions. Utilisés à bon escient, ils peuvent aider à surmonter les défis de l'adolescence.
- Une relation parent-enfant solide reste essentielle, même si l'influence des jeunes du même âge devient plus importante.
4) Ne faites pas de la sexualité et de l'intimité un tabou, vous serez ainsi à la disposition des adolescents comme niveau de recours s'ils devaient vivre quelque chose de stressant.
5) Une bonne intégration à l'école favorise le développement d'un usage modéré et compétent des médias, notamment lorsque vous, en tant que parents, ne pouvez pas vous investir autant que vous le souhaiteriez.
(Source : ZHAW)
Le rapport constate à ce sujet que les garçons sont certes plus souvent «en contact avec des contenus pornographiques», mais que les filles sont davantage confrontées au sexting et au harcèlement sexuel. Il est dit de manière un peu vague à ce sujet : «Il est possible que les jeunes qui bénéficient d'un soutien à la maison évoluent plus sûrement sur cette ligne de crête entre les chances et les risques, car ils peuvent aussi s'adresser à leurs parents en cas d'incertitudes ou d'expériences négatives dans l'espace numérique».
Conclusion : donner un appui
Un examen plus approfondi du groupe de pairs ne diabolise pas le smartphone comme un mal, mais précise que l'appareil joue un rôle central dans l'intégration des jeunes : «Une bonne intégration dans le groupe de pairs va de pair avec un temps d'utilisation plus élevé du téléphone portable et d'Internet. Cela met en évidence l'importance du téléphone portable et d'Internet pour les jeunes afin d'entretenir des contacts sociaux et de rester informés sur les sujets au sein du cercle d'amis. Ce lien contredit également l'idée, en partie répandue dans la société, selon laquelle les jeunes négligent les contacts sociaux et se sentent seuls en raison de l'utilisation des médias numériques».
Des études prouveraient en outre qu'une bonne intégration entre les jeunes minimise la probabilité d'être victime de cyberintimidation et de passer à l'acte - car «les relations entre pairs renforcent leurs capacités de régulation des émotions et leur apprennent ainsi à mieux comprendre leurs émotions et à contrôler leurs impulsions».
Le rapport James Focus montre que les jeunes semblent se sentir plutôt à l'aise dans leurs différents environnements. Les enfants qui entretiennent une relation de confiance avec leurs parents et qui ont le sentiment d'appartenir à leur groupe de pairs sont mieux protégés contre les dangers du monde numérique. Un bon usage des médias par les jeunes peut avoir un effet de soutien à cet égard, tandis qu'une utilisation excessive des médias met en danger le développement et le bien-être.
Pour nous, parents, cela signifie continuer à passer le disque rayé. Parce que les jeunes peuvent développer au mieux leur désir de liberté lorsqu'ils sentent un soutien.