Les croyances ne sont pas des vérités
Les autoroutes sont pratiques. Elles permettent d'arriver rapidement à destination en suivant des routes assez droites. A vitesse constante, les routes larges et bien signalisées se parcourent presque en pilote automatique. Cela économise du temps et des nerfs, apporte de la sécurité et de l'orientation. C'est pourquoi nous construisons volontiers au quotidien de telles autoroutes personnelles, composées de croyances, de prémisses de vie, d'idées directrices.
Par exemple, les devoirs: On pourrait perdre beaucoup de temps et de nerfs chaque jour à discuter avec les enfants du moment où ils doivent les faire et de l'aide qu'il convient d'apporter de la part des parents. Mais on ne le fait pas, car le temps et les nerfs sont des ressources précieuses.
On préfère donc se référer à ses propres expériences («Comment cela se passait-il chez moi avant ?»), parler avec des enseignants ou d'autres parents. Des croyances et des règles de vie telles que «Le travail d'abord, le plaisir ensuite» ou «Les devoirs ne sont pas l'affaire des parents» apparaissent alors, qu'elles soient exprimées ou implicites.
Tout le monde porte en lui de telles croyances, souvent inconsciemment. Nombre d'entre elles ont été transmises par nos parents ou nos professeurs et forment la base de nos croyances, de nos attitudes et de nos opinions. Mais surtout, elles nous aident à prendre rapidement le chemin de notre destination au quotidien, sans avoir à nous soucier à chaque fois de l'itinéraire approprié. Les autoroutes, en somme.
Mais que faire si l'on se rend compte qu'une telle autoroute nous mène certes à destination, mais que les autres passagers se sentent mal ou s'ennuient en route ? Ou que l'on se rend compte au milieu de l'autoroute que l'on voulait en fait se rendre à une autre destination aujourd'hui ? Et que ce ne sont plus vos parents qui sont au volant, mais vous qui êtes responsable ? Dans ce cas, il est grand temps de faire une halte sur une aire de repos. Et de se rendre compte : Les croyances ne sont pas des vérités. Elles donnent certes une sécurité et une orientation. Mais tout le monde n'en a pas besoin de la même manière dans toutes les situations.
Il y a des enfants pour qui il est bon de faire d'abord leurs devoirs et d'aller ensuite jouer au football. D'autres se concentrent mieux après avoir passé un peu de temps à l'air libre. Une croyance comme «Le travail d'abord, le plaisir ensuite» est pour certains une prémisse de vie positive. D'autres, en revanche, parviennent peut-être aussi à leur but - mais en empruntant un chemin inutilement pénible. Et ils se demandent alors : «S'il faut toujours commencer par le travail, reste-t-il encore du temps pour le plaisir ?».
Est-ce vraiment ainsi que je veux élever mes enfants ?
L'un d'entre eux conclura après une telle pause sur l'aire de repos : Je continuerai à rouler sur l'autoroute parce que mes idées directrices me conviennent. Un autre préférera partir parce qu'il se rend compte que la croyance que j'ai héritée de mes parents ne correspond pas à la manière dont je veux éduquer mes propres enfants. Il me tire vers le bas au quotidien au lieu de me conforter.
Tous ceux qui ont déjà emprunté une autoroute le savent : la sortie ne se fait pas du jour au lendemain, cela peut prendre un peu de temps. Et une fois que l'on a atteint la sortie, il faut s'orienter différemment. Chercher un autre chemin. Il se peut que l'on se perde. Peut-être que la nouvelle route est un peu plus longue, qu'il y a plus de virages, que la progression est plus cahoteuse. Et peut-être même que, par habitude, on se perd à nouveau sur l'autoroute. Mais on s'en rend compte : Il existe aussi d'autres routes et cela vaut la peine de les découvrir.