«Le bonheur voyage avec nous» : apprendre à l'école des caravanes

«Nous avons la responsabilité de veiller à ce que vous retrouviez une place à l'école après votre voyage. Mais nous ne sommes pas vos professeurs».

Ce message doit être répété plusieurs fois. Nous tombons trop vite dans la tentation du «professeur, dis-moi ce que je dois faire» ou du «élève, tu dois t'entraîner encore une fois, de préférence tout de suite».

Ces deux exigences découlent de rôles que nous ne voulons pas assumer et génèrent des conflits que nous n'avons pas envie de régler.

Mais les enfants peuvent-ils apprendre suffisamment de choses et les bonnes choses, sans professeur ?

Pour une partie au moins des voyageurs que nous rencontrons en chemin, c'est la première question brûlante : «Vous faites l'école en route, vous êtes donc enseignants ?»

Notre «non» est généralement suivi d'une explication excusée expliquant pourquoi c'est quand même acceptable.

L'école sans l'école - comment ça marche ?

Avant de partir, nous nous étions déjà penchés sur les concepts d'apprentissage libre et auto-motivé. Le homeschooling n'a cependant jamais été le modèle d'école que nous visions en premier lieu. Nous ne voulons pas «pas» d'école, mais une «bonne» école.

Un établissement d'enseignement qui met davantage l'accent sur l'enthousiasme et l'apprentissage intrinsèque que sur la performance et l'orientation vers les déficits. Un établissement qui, outre l'apprentissage de la matière scolaire, reconnaît et encourage d'autres besoins de développement des enfants.

Pendant notre voyage, nous ne sommes cependant plus rattachés à aucune école pour le moment. Nous sommes déconnectés de la Suisse, en France, où nous sommes inscrits, le homeschooling est possible sans problème au moment de notre départ.

Nous, parents, ne connaissons rien d'autre que la voie de l'école publique. C'est pourquoi, dans notre entreprise, il nous manque encore au début la confiance en soi et l'expérience pour dire : «Ça va bien se passer».

Apprendre en s'amusant

Entre-temps, cette incertitude s'est largement dissipée. Nous sommes désormais convaincus qu'apprendre à son propre rythme, avec un emploi du temps flexible, peut avoir un effet très positif sur la motivation.

Pour nous, il s'est avéré qu'il suffit de quelques ingrédients pour créer un contexte d'apprentissage propice.

Premièrement, nous avons un cadre clair : Il y a une semaine d'école, nous ne faisons pas école de temps en temps, nous suivons un programme scolaire, nous avons des portails d'apprentissage formidables et des manuels scolaires professionnels.

Deuxièmement, nous avons en principe des enfants intéressés et motivés.

A propos de pouvoir et devoir

Dans notre école de caravanes sans professeurs, il y a beaucoup de liberté. Il y a beaucoup de place pour les projets et les intérêts individuels. Néanmoins, nous avons des attentes concernant l'apprentissage des enfants. Il y a donc certains aspects qui doivent être, mais il y a aussi énormément de choses qui peuvent être faites ou laissées.

Notre approche correspond à peu près à cette belle citation attribuée au satiriste Johann Conrad :

Élargir les horizons

Bien entendu, nous ne prétendons pas pouvoir remplacer tout ce qu'un enseignant spécialisé, un accompagnateur d'apprentissage formé ou une classe d'école pourraient offrir à nos enfants.

En même temps, aucune école ne pourra jamais remplacer tout ce que les enfants ont vu, vécu et appris au cours de leur voyage. La plupart de ces choses ne figurent dans aucun manuel scolaire et ne sont pas non plus disponibles sur Internet.

Il est probable que de nombreux enfants suisses ou allemands connaissent l'Espagne, le Portugal, le sud de la France ou l'Italie pour y avoir passé leurs vacances d'été : Des paysages desséchés et couleur sable, de belles plages, beaucoup de crème solaire, de délicieuses glaces et de longues soirées tièdes et exubérantes ..., c'est magnifique !

Mais le pays en lui-même est interchangeable, sauf peut-être le Gracias !, Obrigada !, Merci ! ou Grazie ! comme petite différence.

Combien d'enfants suisses ont appris qu'en février, dans le sud de la France, les amandiers en fleurs roses se détachent sur les Pyrénées enneigées, qu'en mars, au Portugal, les mimosas sont en fleurs et que partout, ça sent comme chez le fleuriste ?

Combien d'enfants ont appris comment la huppe fasciée en Andalousie crie son «hup-hup-hup» à travers la région en avril ou comment une herbe verte et tendre pousse entre les pins en novembre en Sardaigne, comme chez nous au printemps ?

Comment l'histoire peut consoler

A cela s'ajoute l'incroyable diversité culturelle de l'Europe, qu'il est difficile de découvrir depuis les bancs de l'école. Des nuraghes en Sardaigne aux sites romains en Italie, en passant par l'Alhambra en Espagne, les châteaux cathares en France et les tombes des baleiniers sur l'île de Föhr dans le nord de la Frise : il n'y a pas d'endroit où l'histoire ne puisse être vécue et tout est lié d'une manière ou d'une autre.

Les hauts et les bas, les guerres et les catastrophes, les conquêtes et les découvertes qui ont façonné l'Europe au fil des millénaires nous apprennent que l'humanité évolue toujours et que même les périodes les plus sombres finissent par passer. Ce savoir relativise pour nous bien des choses qui semblent effrayantes à l'heure actuelle.

Nous faisons partie d'une grande histoire, dans laquelle les crises viennent et repartent. C'est un sentiment réconfortant que je souhaite à chaque enfant dans les événements mondiaux actuels.

L'itinéraire en un coup d'œil :

Découvrez la suite du voyage et comment le lâcher-prise apporte la légèreté dans la quatrième partie. Elle paraîtra à la mi-août.