«J'ai toujours été là pour les autres»
Noémie : «Mes plus jeunes frères sont nés quand j'étais adolescente. J'ai beaucoup aidé, j'ai aussi fait du baby-sitting à l'extérieur. J'étais consciente de la charge de travail que représentaient les enfants - et c'est entre autres pour cette raison que je n'en voulais pas. Je me suis heurtée à l'incompréhension de ma mère. Mais j'ai apprécié le fait de pouvoir faire ce que je voulais».
Margrit : «Jusqu'à ce que Laurin vous surprenne».
Noémie : «Je me suis réjouie de le voir dès le début. Pour moi, il était également clair que j'allais retourner travailler. J'occupe une fonction de management et je dirige 50 collaborateurs, je ne voulais en aucun cas y renoncer. Laurin est né deux mois avant terme, mais il a pu rentrer à la maison au bout de trois semaines. Sans maman, cela aurait été difficile. Elle a toujours été là pour nous».
«Il y avait toujours quelque chose à faire»
Margrit : «Je m'occupe de mes cinq petits-enfants chaque semaine. Pour mon plus jeune fils, qui est devenu père à 19 ans, au début de manière plus intensive. J'ai aidé le jeune couple du mieux que j'ai pu. Quand je vois aujourd'hui le stress des jeunes mères - amener l'enfant à la crèche le matin, puis se précipiter au travail -, je suis contente d'avoir eu la vie plus facile».
Noémie : «Mais tu n'as pas manqué de travail non plus !»
Margrit : «Avec cinq enfants à charge et des enfants de jour qui vivaient temporairement chez nous, il y avait toujours quelque chose à faire. Je gagnais de l'argent en tant que maman de jour et je m'occupais de jeunes femmes qui faisaient leur année d'apprentissage ménager chez nous. Mais je n'avais pas besoin de travailler à l'extérieur».
Plus d'enfants ne signifie pas toujours plus d'efforts.
Margrit, 75 ans
Noémie : «La perte de liberté, tu l'as aussi ressentie quand tu étais jeune maman, non ?»
Margrit : «Bien sûr. Et à 43 ans, alors que notre plus jeune avait un an, je me suis demandé : les enfants sont-ils tout dans ma vie ? J'ai commencé une formation de quatre ans en tant que thérapeute curative et je me suis mise à mon compte. Ce fut comme une libération : enfin quelque chose pour moi toute seule ! Mais à ce propos : plus d'enfants ne signifie pas toujours plus d'efforts. Mes enfants avaient les uns les autres pour jouer».
Toujours dans le rôle de l'assistance
Noémie : «Un enfant seul demande une présence incroyable et une attention non partagée. C'est parfois sévère. A un moment donné, empiler des cubes ou faire un puzzle devient aussi ennuyeux. Au début, mon partenaire a essayé d'être l'homme au foyer, mais ce rôle est devenu trop unilatéral pour lui. Je le comprends tout à fait».
Margrit : «L'autre jour, une amie m'a demandé : si tu pouvais encore faire quelque chose de nouveau dans ta vie, quelque chose rien que pour toi, qu'est-ce que ce serait ? J'ai longuement réfléchi, je n'ai rien trouvé. Je me rends compte à quel point cela m'a marqué - être toujours là pour les autres, toujours dans le rôle de l'assistance. Je ne sais même plus ce que j'aimerais faire d'autre. Cela m'ennuie un peu».
En tant que mère travaillant à temps plein, tu es souvent considérée comme une excentrique.
Noémie, 45 ans
Noémie : «C'est peut-être aussi pour cela que tu es là pour les autres, parce que c'est tout à fait une passion pour toi ?»
Margrit : «Cela me tient à cœur, oui. Ce que je voulais encore dire sur la maternité : Là, je pense que les exigences ont augmenté. On met les enfants sur un piédestal et leurs mères aussi doivent être parfaites en tout».
Noémie : «En tant que mère travaillant à plein temps, tu es souvent considérée comme une personne exotique, presque comme une extraterrestre, parce que tu ne veux pas être tout le temps avec ton enfant. Cela ne me dérange pas plus que ça, par contre la charge mentale (mental load ), elle, me dérange beaucoup. Toutes ces tâches supplémentaires pour lesquelles il n'y a ni argent ni reconnaissance. Pourquoi incombent-elles toujours aux femmes ? Chez nous, c'est aussi moi qui écris le plan des menus, coordonne l'agenda familial, commande les couches et pense que le petit aura bientôt besoin de vêtements plus grands. Si mon ami s'en chargeait, ce serait le chaos».