Comment manger en toute décontraction à la table familiale ?
Un, deux, trois - en haut !" Avant que ma famille ne commence à manger, nous soulevons tous ensemble brièvement la table de la salle à manger. Il est vrai que c'est un peu bizarre. Les enfants se sont inspirés du film d'Astrid Lindgren «Vacances à Saltkrokan». Et ils adorent ça.
La grand-mère n'a récemment eu qu'un froncement de sourcils à ce sujet. Mais elle a aussi grandi à une époque où les enfants devaient avant tout se taire à table et finir ce qu'ils avaient dans leur assiette.
«Depuis les années 80, nous avons heureusement assisté ici à un changement de paradigme dans l'éducation. Au lieu de prêcher l'obéissance, les parents peuvent désormais décider de manière responsable quelles valeurs doivent prévaloir lors des repas», explique Alexandra Heisenberg, conseillère familiale de Lucerne, qui travaille également au sein du réseau de conseil familylab Suisse.
La table de la salle à manger est le reflet de l'état d'esprit de la famille.
Le défi de cette nouvelle liberté : il faut continuer à poser des limites pour que tout le monde se sente bien à table. «Mais entre-temps, avec la naissance d'un enfant, la chaise haute se transforme souvent en trône. L'enfant est constamment au centre de l'attention, les parents deviennent des serviteurs», explique la conseillère familiale.
Conséquence : pendant que les parents sont occupés à cuisiner les trois plats préférés de leurs enfants, à nettoyer les taches et à supporter les querelles à table ainsi que les yeux rivés sur leur smartphone, ils perdent souvent eux-mêmes l'appétit. Certains mangent alors plus tard, sans les enfants. C'est dommage.
En effet, les repas en commun permettent aux familles de rester unies. C'est un lieu central pour rire ensemble, se disputer ou simplement se taire. C'est à table que l'on voit comment se porte la famille. Même les adolescents s'y retrouvent régulièrement, car manger est un besoin fondamental - contrairement à accompagner les parents en promenade.
Si l'on veut que les repas soient commencés ensemble, que la bouche soit vide pour parler ou que le smartphone soit hors de portée, cela nécessite une communication claire.
En famille, il vaut donc la peine d'établir une culture de la table détendue et commune. Voici quelques pistes de réflexion pour y parvenir.
1. règles de la table
Des règles universelles à table - c'est du passé. «Aujourd'hui, chaque famille développe sa propre culture alimentaire», explique Christine Ordnung, conseillère familiale à l'Institut germano-danois de thérapie et de conseil familiaux. En fait, c'est génial : ceux qui n'accordent pas d'importance à la tenue correcte des couverts n'en font rien. Et préfère utiliser le peu de temps disponible à la table familiale pour d'autres sujets. Mais si l'on veut que les repas soient commencés ensemble, que la bouche soit vide pour parler ou que le smartphone soit hors de portée, cela nécessite une communication claire.
Conseil : associer la bonne tenue des couverts à un repas de prince et de princesse distingué. Et ensuite, faire aussi de temps en temps une journée cochon.
Souvent, les idées des parents sont très diffuses. Ou les exigences sont irréalistes. Il vaut donc mieux faire des petits pas qui font du bien à tout le monde. «Après tout, manger doit rester un plaisir», explique Katrin Künzle, qui propose depuis 2005 des cours de savoir-vivre aux enfants de 8 à 12 ans en Suisse. Ses suggestions : Associer la bonne tenue des couverts à un repas de prince et de princesse distingué. Et ensuite, faire une journée cochon où tout le monde peut manger avec les mains.
L'essentiel est que les enfants ne soient pas constamment sous surveillance pendant le repas et qu'ils ne soient pas critiqués pour le moindre petit écart de conduite. «Les parents remarquent que l'on perd rapidement l'appétit lorsque les enfants renversent la vapeur», explique l'experte en bonnes manières.
2. des goûts différents
Trop amer, trop piquant, trop acide : pour les enfants, de nombreux aliments sont de véritables explosions de goût, car ils ont dès la naissance deux fois plus de papilles gustatives que les adultes. Comme les baies piquantes ou les parties amères des plantes sont souvent toxiques, c'était autrefois une question de survie. Au fil des années, les enfants apprennent par imitation ce qui peut être mangé et ce qui ne peut pas l'être, le sens du goût s'émousse et le menu se diversifie. A condition que les parents permettent cette évolution.
Le but de l'alimentation n'est pas que tout le monde aime tout chaque jour.
Alexandra Heisenberg
Mais il arrive souvent ce qui suit : L'enfant n'aime pas quelque chose (des légumes !), le père ou la mère prépare une alternative, l'enfant s'habitue à son repas d'enfant et le réclame, les parents se plaignent : quel enfant gourmand ! «Pourtant, les enfants ne sont pas difficiles, ils veulent manger ce que la communauté mange. Mais si les parents leur accordent tous leurs désirs particuliers, ils les acceptent naturellement», explique Christine Ordnung.
Les parents ont également une fonction de modèle et de guide en matière de repas. Ils décident de ce qui est acheté et cuisiné. «Le but n'est pas que tout le monde aime tout tous les jours», explique Alexandra Heisenberg.
Il suffit qu'il y ait un plat sur la table - mais que tout le monde ne soit pas obligé de le manger. «Dans ce cas, l'enfant se sert un pain ou un muesli. Et pour le prochain repas, on peut peut-être écrire une liste de courses commune ou cuisiner ensemble», estime la conseillère familiale Heisenberg.
5 astuces rapides pour manger plus sereinement
- Commencer à manger ensemble, c'est bien. S'il y a déjà du pain, des crudités ou des olives à grignoter sur la table, tout le monde y parviendra peut-être sans protester.
- Les enfants de maternelle et de primaire ont un énorme besoin de bouger. Rester assis à table est un véritable défi pour eux - et il n'est peut-être pas nécessaire de les épuiser jusqu'à ce que tout le monde ait fini de manger.
- Le fait de puiser soi-même sa nourriture permet d'avoir le sens des quantités. Même les enfants parviennent alors à finir leur assiette.
- Des repas sains et équilibrés sont importants. Mais ne manger que des pâtes sans sauce pendant une semaine ne rend pas malade. Et les exceptions à un mode de vie sain font aussi partie de temps en temps de bons repas.
- Les frères et sœurs doivent régler chaque jour un certain nombre de conflits afin de marquer leur territoire et de délimiter leur hiérarchie. Si les familles ne planifient pas toutes leurs journées à fond et ne se voient qu'aux repas, ces chamailleries peuvent aussi avoir lieu en dehors de la table à manger.
3. l'humeur
Les conversations vont bon train, on rit doucement de temps en temps et chacun y trouve son compte : c'est ainsi que se déroule un bon dîner entre bons amis.
La responsabilité d'une bonne ambiance lors des repas incombe aux parents.
Alexandra Heisenberg
Avec leurs propres enfants, cela ne fonctionne souvent pas. C'est pourquoi les parents doivent se poser la question suivante : sont-ils de bons hôtes pour leurs enfants ?
«La responsabilité d'une bonne ambiance lors du repas incombe aux parents», explique Alexandra Heisenberg. Les ingrédients pour y parvenir ne sont pas différents de ceux que l'on utilise lorsqu'on attend des visiteurs : Pour créer une ambiance détendue, il faut être soi-même détendu.
Cela implique aussi de prévoir suffisamment de temps pour faire les courses, cuisiner et manger, et peut-être de supprimer l'une ou l'autre activité de loisirs. Allumer une bougie sur la table de la salle à manger, même au quotidien. De laisser tomber le smartphone, car l'attention appartient aux personnes assises à table. Et de choisir des sujets de conversation qui mettent tout le monde à l'aise. Les questions sur l'école ou les devoirs n'en font peut-être pas partie.