«Avant de m'énerver complètement, je me retire»
Je raconte
«L'autre jour, ma fille m'a dit "Chill, bitch !» lors d'une dispute. C'était violent ! Je ne sais pas si cela lui a échappé parce qu'une telle expression est courante dans son cercle d'amis. Mais peut-être voulait-elle aussi me provoquer délibérément, parce qu'elle était en colère contre moi. Bien sûr, j'étais très vexé ! Mais je ne l'ai pas réprimandée. Dans une telle situation, il ne sert à rien que je laisse mon moi offensé prendre les commandes.
L'élément déclencheur était l'un de nos sujets de friction permanents : J'avais interdit à Alva de sortir jusqu'à 23 heures. Il s'agissait d'une soirée en semaine, le lendemain matin était un jour d'école tout à fait normal. Une fille de 13 ans ne devrait pas faire la fête à ce moment-là, ce n'est pas négociable pour moi. Le fait que nombre de ses amis sortent malgré tout jusqu'à minuit ne facilite pas une telle discussion.
Je me souviens que ma mère ne s'entendait pas avec moi quand j'étais adolescente et qu'elle ne discutait tout simplement pas du tout avec moi. Cela m'a fait beaucoup de mal. Je ne veux pas de ça pour Alva et pour moi.
Nos disputes sont aussi prétéritées par le fait que je suis souvent assez fatiguée. Je dois affronter toutes ces batailles seule, le père d'Alva se tient complètement à l'écart des questions d'éducation. De plus, mon travail exige beaucoup d'heures supplémentaires, j'ai peu de temps pour moi. A cela s'ajoute le souci de notre existence. Ce mode de vie contraste fortement avec l'esprit de liberté d'un adolescent. «Je peux le faire. Je veux faire comme ça. Je suis déjà grand». Ces phrases reviennent sans cesse en ce moment. Je dois me ressaisir pour ne pas réagir à haute voix et en colère.
Lorsque je sens que je suis sur le point de m'emporter, je me retire délibérément de la dispute et je m'éloigne. J'explique que nous avons besoin d'une petite pause et je fais par exemple une petite promenade à l'air libre. Mais il m'est aussi arrivé de m'enfermer dans la salle de bains pour me freiner moi-même et ne rien dire ou faire que je pourrais regretter plus tard.
Pendant ces pauses de dispute, j'essaie d'évaluer la perspective d'Alva et ses besoins. Je propose alors des compromis et l'autorise par exemple à sortir jusqu'à 21 heures. Elle peut alors décider si elle accepte ou si elle ne part pas du tout. Je n'arrive pas à atteindre une adolescente avec de simples interdictions et des jugements péjoratifs comme «Tu n'as aucune idée» ou «Comment peut-on être aussi égoïste». Alors Alva fait les choses dans mon dos".
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