4 principes directeurs pour une éducation axée sur les besoins
1. Il s'agit de rester authentique en tant que parent
« Je trouve que l'idée d'une éducation axée sur les besoins est bonne. Cependant, les nombreuses idées idéalisées qui circulent sur ce sujet et la tendance générale de la société à l'auto-optimisation font souvent oublier l'essentiel, à savoir une attitude éducative valorisante. C'est pourquoi je trouve si important de se concentrer sur le fait de rester authentique en tant que parent et de ne pas simplement imiter ce que font les autres.
Je pense que beaucoup de parents sont tellement soucieux de réparer les erreurs des générations précédentes qu'ils abordent la question de manière trop intellectuelle. Il faut plutôt réfléchir à son propre cadre de vie et à ses influences, et définir ses propres valeurs. On ne peut pas toujours tout contrôler. Chaque famille, chaque enfant est unique, il n'y a pas de recette miracle. Il faut plutôt se demander : quel genre de parent suis-je et que puis-je apporter à mon enfant ? »
Christine von Arx, psychologue
Les personnes qui ont connu une enfance marquée par la confiance mutuelle sont capables de bien se contrôler.
Nicole Strüber, neurobiologiste
2. Il est important que les parents expriment leurs propres limites et besoins
« Les enfants ont besoin d'un environnement dans lequel eux-mêmes et leurs proches peuvent exprimer ouvertement leurs sentiments sans être interrompus ou punis. C'est la seule façon pour eux d'apprendre à percevoir leurs propres limites et besoins, mais aussi ceux de leurs proches. Dans un environnement propice à l'attachement, les parents devraient également parler de leurs sentiments : « Je suis triste en ce moment, mais ça passera. Je ne me sens pas très bien aujourd'hui, mais cela n'a rien à voir avec toi. J'étais très en colère contre toi tout à l'heure, je m'en excuse. »
Même les tout petits comprennent ce genre de phrases, grâce au ton de la voix et au regard. Les parents sont toujours des modèles à cet égard. Grâce à ce comportement empathique, les enfants apprennent à se mettre à la place des autres, à exprimer leurs propres besoins et à accepter les sentiments des autres. En même temps, ils se rendent compte que le monde ne s'écroule pas lorsqu'on leur impose des limites dans leur quotidien pour satisfaire leurs envies spontanées. »
Claus Koch, psychologue et chercheur en relations affectives
3. Les enfants bénéficient toute leur vie d'une interaction empathique
« Pendant la co-régulation, l'enfant transfère ses sentiments négatifs à ses parents, qui lui transmettent leur calme. Cela se fait par le toucher et une interaction basée sur la confiance. Ce processus entraîne la sécrétion d'ocytocine, une hormone qui a un effet apaisant et anti-stress.
Chez l'enfant, la capacité d'autorégulation n'est pas encore très développée. Pour qu'il puisse s'autoréguler, certaines connexions nerveuses dans le cerveau doivent d'abord mûrir. Lorsque les parents co-régulent, ces connexions se renforcent avec le temps. Le système de l'ocytocine lui-même est également influencé : lorsque les enfants font régulièrement l'expérience de la vie en communauté et d'une libération importante d'ocytocine pendant la petite enfance, ce système se développe bien.
Les enfants dont les besoins existentiels ne sont pas suffisamment satisfaits se sentent seuls, rejetés et de plus en plus inutiles à long terme.
Claus Koch, psychologue et chercheur en matière d'attachement
Les personnes qui ont toujours connu une relation de confiance pendant leur enfance sont donc capables de bien se contrôler. À l'âge adulte, elles ont davantage tendance à rechercher la compagnie des autres, car cela leur permet de se détendre. Elles savent que cela leur fait du bien d'être avec les autres et sont généralement mieux à même de gérer le stress. »
Nicole Strüber, neurobiologiste et psychologue
4. Le « refuge » que représente le domicile a une fonction protectrice
« Les enfants dont les besoins existentiels ne sont pas suffisamment satisfaits se sentent seuls, rejetés et de plus en plus inutiles à long terme. Leur monde intérieur est alors marqué par l'insécurité et la peur de perdre ce qu'ils ont. Certains se replient sur eux-mêmes, effrayés par un monde qu'ils perçoivent comme menaçant.
Cependant, la plupart des enfants, du moins lorsqu'ils sont encore petits, font d'abord des efforts accrus pour enfin être entendus et vus. Ils cherchent alors constamment à attirer l'attention chez eux, puis plus tard à la maternelle ou à l'école, souvent par des moyens contre-productifs.
Pour l'obtenir, ils « dérangent », deviennent bruyants ou agressifs – l'essentiel étant que « quelqu'un les remarque et s'occupe d'eux ! ». Dans la plupart des cas, ils se heurtent toutefois à un refus. Un sentiment qu'ils connaissent déjà pour l'avoir éprouvé chez eux lors de leurs vaines tentatives d'attirer l'attention. Un cercle vicieux s'installe.
En revanche, les enfants qui grandissent dans un environnement propice à l'attachement se sentent généralement en sécurité, protégés, compris et acceptés. Ils sont capables de gérer beaucoup plus sereinement les déceptions ou le rejet de leurs souhaits, tant à la maison que dans un environnement qui leur est étranger.
Ils portent en eux le « refuge » de leurs parents comme une protection. Parallèlement, leurs parents ont beaucoup moins de conflits avec eux au quotidien, car ils n'ont pas besoin de lutter constamment pour attirer leur attention. »
Claus Koch