Voici comment aider votre enfant à gérer ses émotions

Léon rentre à la maison, jette son sac d'école dans un coin et crie : «Yuri est vraiment méchant ! Il a dit que je pouvais aller au parc animalier cet après-midi, et maintenant il emmène quand même Samuel avec lui !» Les pieds tapent, les portes claquent. La mère de Léon soupire. L'eau des spaghettis bouillonne sur la cuisinière, le petit frère hurle dans la chambre d'enfant - tiré de sa sieste par les cris de Léon.

Chaque jour, nous nous efforçons de contenir nos émotions intérieures de manière à pouvoir les transmettre de manière appropriée à l'extérieur. Les adultes y parviennent généralement assez bien : nous avons appris à réguler nos émotions et à nous comporter en fonction du contexte social. Cela se fait automatiquement.

La gestion compétente des émotions est liée au développement du cerveau.

Ce n'est souvent que lorsque nous sommes fatigués, stressés ou affamés que nous nous rendons compte de la quantité d'énergie que cette autorégulation nous coûte. Il arrive alors que nous ne réagissions plus avec une patience d'ange lorsque l'enfant se plaint pour la troisième fois qu'il doit absolument avoir la barre de chocolat à la caisse du supermarché ou qu'il ne veut pas aller se coucher le soir.

La gestion des émotions liée au cerveau

Cela implique un effort de la part de notre cerveau pour réprimer les réactions inappropriées et appliquer des stratégies efficaces pour gérer les émotions de manière à ce que, d'une part, nous nous sentions équilibrés sur le plan émotionnel - ne pas trop s'enfoncer - et que, d'autre part, nous nous comportions de manière socialement adaptée - ne pas crier sur les autres.

La capacité à gérer les émotions de manière compétente est liée au développement du cerveau. Au départ, un enfant en bas âge dépend d'une régulation extérieure, par exemple de ses parents qui le calment lorsqu'il pleure.

Ce n'est qu'avec le temps que les enfants apprennent à réguler eux-mêmes leurs émotions, à se calmer, à se distraire, à résoudre un problème par eux-mêmes. En effet, cette capacité repose avant tout sur ce que l'on appelle les fonctions exécutives, qui se développent en partie par à-coups à l'âge préscolaire, puis à nouveau à l'adolescence. Ce sont les fonctions mentales qui permettent aux personnes de contrôler leur propre comportement.

Un enfant qui a atteint la maturité scolaire parvient à se concentrer pendant une période prolongée, à faire abstraction des stimuli environnementaux non pertinents et à focaliser son attention sur la tâche qui lui est confiée. La capacité de mémorisation s'améliore également énormément à cet âge, de sorte que les enfants scolarisés sont déjà capables de mémoriser des tâches complexes bien mieux que ce n'était le cas à l'école maternelle.

La capacité à pouvoir contrôler son comportement se développe de manière poussive à l'âge préscolaire et à l'adolescence.

Les tâches qui représentent un défi sur le plan émotionnel ne peuvent toutefois être résolues avec succès qu'à l'adolescence. Ainsi, Léon, sept ans, a encore du mal à contrôler son comportement lors d'une dispute. Cela s'explique par l'absence d'interconnexion entre deux systèmes à cet âge : L'un est responsable du contrôle des actions - l'autre des réactions émotionnelles.

Les structures cérébrales qui sont importantes pour les réactions émotionnelles se développent plus tôt que les parties du cerveau qui sont à la base du contrôle des actions, de la répression des impulsions, de l'attention et de la mémoire. Les deux systèmes ne s'associent qu'au cours de l'enfance et permettent peu à peu de traiter les stimuli ensemble et donc de pouvoir contrôler une impulsion d'action dans des situations émotionnelles.

Apprendre à réguler ses propres sentiments

Les enfants et les adolescents agissent de manière impulsive, même s'ils sont déjà conscients, en dehors d'une situation émotionnelle, qu'un tel comportement n'est pas opportun. Cela s'explique par le fait que le cerveau antérieur n'a pas encore atteint sa maturité en matière de contrôle du comportement.

Il faut du temps et de la pratique pour que les capacités à réprimer les pulsions d'action et à adopter un comportement orienté vers un objectif puissent se développer. A cela s'ajoute le fait que les exigences de l'environnement envers les enfants et les adolescents sont de plus en plus complexes.

Il serait contre-productif d'éviter sans cesse les situations de défi.

Cependant, des tâches plus complexes exigent des stratégies plus complexes pour gérer les émotions et contrôler les impulsions d'action. Ces stratégies sont parfois plus utiles, parfois moins. Il serait par exemple contre-productif d'éviter systématiquement certaines situations : Ce n'est qu'en vivant des situations différentes, parfois difficiles, que nous pouvons nous entraîner à gérer nos émotions et nos impulsions d'action.

Une approche progressive peut donc aider à apprendre à réguler les sentiments et les impulsions d'action. Pour cela, il peut être bénéfique, dans une situation difficile pour l'enfant ou l'adolescent, de détourner son attention de la source de frustration, par exemple la dispute, et de se concentrer sur quelque chose de positif ou de se soustraire à la situation - de se détourner, de quitter la pièce et de se calmer dans un autre endroit.

Tout au plus, dans des situations particulièrement émotionnelles, il faut que des adultes donnent des instructions pour que les enfants et les jeunes puissent se distraire et se calmer. L'acceptation ou la modification active d'une condition font également partie des stratégies prometteuses. Ces deux stratégies doivent être testées et apprises et ne peuvent être attendues d'un enfant qu'à un âge avancé.

Les adultes servent de modèles

L'environnement de l'enfant peut soutenir l'apprentissage de la capacité de régulation des émotions . Ainsi, les parents, les enseignants, les frères et sœurs et les personnes de référence servent de modèles que l'enfant imite. D'une part, les enfants copient les comportements correspondants de leurs modèles dans la gestion des émotions, et d'autre part, ils apprennent des réactions de leur entourage à leurs propres émotions.

Les enfants qui manquent de stratégies pour gérer leurs émotions sont souvent tendus, facilement irritables et rapidement frustrés.

Les enfants qui ne disposent pas de stratégies efficaces pour gérer leurs émotions ne peuvent pas se calmer dans les situations difficiles, sont souvent tendus, facilement irritables et frustrés. L'incapacité à réguler ses propres émotions rend difficile pour les enfants les contacts sociaux à l'école et à la maison. Les enfants se montrent parfois agressifs et irascibles ou anxieux et déprimés.

Il est donc important d'aborder ce sujet en toute connaissance de cause au sein de la famille, mais aussi dans les jardins d'enfants et les écoles, afin de prévenir de tels problèmes (voir les conseils à la fin de cet article).

La vie quotidienne offre suffisamment de possibilités pour entraîner de manière ludique la capacité à reconnaître et à réguler correctement les émotions, par exemple avec des jeux de cartes et de société, des jeux comme «Je fais ma valise ...» ou la danse du stop.

Pour de nombreux enfants, le fait d'extérioriser de manière appropriée les émotions vécues pendant le jeu représente un grand défi. Il peut s'agir aussi bien de la joie exubérante du gagnant que de la frustration et de la colère extrêmes du perdant, qui aimerait bien balayer le plateau de jeu de la table.

Ces moments peuvent être mis à profit pour discuter des réactions contre-productives et s'exercer à de nouvelles stratégies, favorisant ainsi la poursuite du jeu en commun et le contrôle des actions. Seuls l'expérience active de tels sentiments et l'exercice dans un cadre protégé permettent à l'enfant d'acquérir des stratégies utiles de régulation des émotions et de devenir maître ou maîtresse de ses propres sentiments grâce à un contrôle ciblé des actions.