Une famille recomposée prise dans le tourbillon de l'Avent

Chaque année, j'hésite à regarder les photos qui apparaissent sur le chat familial à la veille du premier dimanche de l'Avent. On y voit les couronnes de l'Avent merveilleusement décorées de mes belles-sœurs. Je mets mon téléphone de côté et j'essaie de ne pas me laisser entraîner dans un concours de l'Avent parfaitement organisé, dans lequel j'occuperais de toute façon l'une des dernières places.

Qui fête Noël, où et avec qui ?

Et pourtant, ces images suscitent en moi une certaine inquiétude. Elles annoncent une période qui sera plutôt inconfortable pour moi, mère d'une famille recomposée.

Pendant la période de l'Avent, les mêmes questions se posent chaque année : qui fête Noël, où et avec qui ? Quels sont les projets de mon ex-mari ? Qui va aux diverses fêtes de Noël du club de football ou aux chants de l'Avent des enfants ? Et comment vais-je rendre justice à mon mari et à notre fille commune ? Ces questions sont à la fois inévitables et pesantes.

Chercher de nouvelles solutions

Tous les ans, ils mettent le doigt sur une vieille blessure, même si la douleur causée par l'échec de ma première expérience familiale s'est entre-temps apaisée. Alors que de janvier à mi-novembre, notre vie de famille recomposée se déroule généralement sans accroc, la période de l'Avent me place devant de nouveaux défis. La pression de donner l'exemple d'un monde aussi parfait que possible à tous les membres de la famille s'accroît. Mais n'est-il pas possible de faire autrement ?

Dans les premiers temps après le divorce, lorsque nos trois fils étaient encore petits, mon ex-mari et moi passions le réveillon de Noël ensemble et faisions toujours bonne figure.

J'ai établi des calendriers et les ai envoyés à mon ex-mari pour qu'il les approuve. J'ai vérifié les cadeaux pour les enfants afin d'éviter les doublons.

Nous avons distribué des cadeaux devant le sapin de Noël et chanté «Ihr Kinderlein kommet» comme si de rien n'était. Bien que nous ayons préféré nous éviter dans la vraie vie à cette époque, nous avons perpétué cette tradition pour le bien des enfants.

Après que de nouvelles personnes préférées soient entrées dans nos vies, nous avons suivi des plans définitivement séparés pendant les fêtes. Nous avons discuté de qui fêterait Noël avec les garçons et qui passerait le Nouvel An avec eux. J'ai établi des plannings et les ai envoyés à mon ex-mari pour qu'il les approuve. J'ai vérifié les cadeaux pour les enfants afin d'éviter les doublons.

Un compromis qui fonctionne

Une fois que tout était organisé, il n'était pas rare que les plans soient remis en question à la dernière minute. Souvent, les membres de la famille, très exigeants, voulaient absolument nous voir pendant les fêtes de Noël.

A un moment donné, mon ex-mari et moi avons convenu d'alterner strictement. Depuis, nos fils sont chez moi de Noël au Nouvel An les années paires et chez leur père les années impaires.

Dans les familles recomposées, la période de Noël est aussi marquée par l'absence. Il y a toujours quelqu'un qui est triste.

Cette solution s'avère pratique pour nous : la planification des jours fériés est clarifiée, plus aucune question n'est posée, plus aucun souhait particulier n'est exprimé. Les enfants ne sont plus pris entre deux feux et la famille élargie respecte également cette réglementation. Ce qui semble bon à première vue n'est rien de plus qu'un compromis qui fonctionne.

Deux fois plus de cadeaux ?

Dans les familles recomposées, la période de l'Avent et de Noël est aussi marquée par l'absence. Il y a toujours quelqu'un qui est triste : soit nos fils nous manquent à moi ou à mon ex-mari, soit il leur manque un parent et ma petite fille fête Noël une année sur deux sans ses grands frères.

La situation est également loin d'être simple pour le nouveau ou la nouvelle partenaire. Ils passent généralement en deuxième position dans la planification de Noël. Par exemple, si mon mari aimerait fêter Noël avec moi et tous les enfants, l'arrangement avec mon ex-mari passe avant, pour le bien de la paix.

Plus les attentes d'une période de Noël insouciante et heureuse sont élevées, plus la déception est grande.

Notre fille ne comprend toujours pas pourquoi ses frères ne sont pas avec nous pendant les fêtes et pourquoi nous ne pouvons pas simplement faire la fête tous ensemble à la maison. Une fois, elle a fait sa valise pour aller fêter Noël avec ses frères et sœurs chez leur père, dans l'espoir d'obtenir des cadeaux de Noël de la part de deux papas.

Pourquoi laisser faire le deuil fait du bien

Il est utile de ne pas se faire d'illusions pendant les semaines à venir. Plus les attentes d'une période de Noël insouciante et heureuse sont élevées, plus la déception est grande.

Cette année, j'ai de la chance - nous sommes en 2022, un chiffre pair. Mais moi aussi, j'ai déjà passé les fêtes en pleurant chez mes nouveaux beaux-parents, qui ont fait tous les efforts du monde, mais qui n'ont pas pu remplacer mes fils absents.

Les enfants sont également plus détendus lorsque nous parlons ouvertement du fait que les semaines à venir peuvent aussi être tristes.

Depuis que je n'ai plus d'espoirs démesurés pour une période de l'Avent et de Noël entièrement joyeuse et recueillie, je réussis de mieux en mieux. Les enfants aussi sont plus détendus lorsque nous parlons ouvertement du fait que les semaines à venir ne sont pas toujours harmonieuses, mais peuvent aussi être tristes.

Nous traversons la période de l'Avent plus sereinement, car nous savons que nous n'avons pas à nous mesurer à la prétendue famille heureuse qui nous regarde en train de faire des biscuits sur une affiche publicitaire.

Les querelles de famille sont partout

En dehors de cela, même dans de nombreuses familles dites «intactes», la balance penche du mauvais côté pendant la période de l'Avent. Les discussions pour savoir qui fête Noël avec les grands-parents et quel parent s'occupe du calendrier de l'Avent, qui s'occupe de l'achat du sapin de Noël, concernent toutes les familles.

Je suis toujours rassurée lorsque je rencontre d'autres mères ou pères de familles apparemment «heureuses», complètement stressés, en train de faire leurs courses pendant la période de l'Avent et qu'ils me parlent d'une mésentente familiale.

Il est évident que dans toutes les familles, les émotions se déchaînent avec une intensité particulière au cours du dernier mois de chaque année.

J'ai même parfois l'impression qu'en tant que famille recomposée, nous nous laissons moins facilement abattre parce que nous avons déjà surmonté tant de choses ensemble et que la pression sociale ne pèse pas autant sur nous.

Une famille plutôt parfaite

Rien que le nom «patchwork» est tout un programme : au sens littéral, mes enfants, mon mari et moi vivons ensemble comme un patchwork. Nous nous sommes recomposés et avons déjà laissé derrière nous, au moins une fois dans notre vie, l'illusion de l'image idéale de la famille.

Nous avons surmonté des crises relationnelles, des séparations douloureuses et des nouveaux départs. Nous avons appris à discuter ensemble, à trouver des solutions, à vivre avec elles et à ne pas perdre notre sens de l'humour. Nous reconnaissons que notre vie a aussi de nombreux avantages et que les constellations qui changent sans cesse apportent de la variété dans nos vies, et pas seulement pendant les fêtes.

Tout cela nous a soudés et rendus forts. Nous réussirons donc aussi la période de Noël - si nous ne nous laissons pas déstabiliser par les clichés et les couronnes de l'Avent stylisées. Dès que je ressens l'agitation qui précède Noël, je me rappelle que dans d'autres familles, tout ce qui brille pendant l'Avent ne brille pas non plus.

C'est une question de définition : pour moi, une famille intacte est une famille dans laquelle tous les membres se traitent avec estime, respect et amour, se parlent et s'écoutent. Et pas seulement pendant la période de l'Avent. De ce point de vue, nous sommes en fait une famille plutôt parfaite.