Pour faire fondre les kilos

Aujourd'hui, un enfant sur cinq est trop gros. Mais perdre du poids n'est pas facile. Une alimentation correcte, une activité physique suffisante et le soutien de la famille sont déterminants.

Pour les adultes, l'indice de masse corporelle est la mesure de toute chose, alors que pour les enfants, il faut tenir compte du percentile. Celui-ci rapporte la taille et le poids à l'âge. «A partir d'un percentile supérieur à 90, on parle de surpoids, et à partir de 97, d'obésité, c'est-à-dire de surpoids extrême», explique le Dr Isabelle Herter. La nutritionniste de l'ETH Zurich a publié avec son équipe de nombreuses études sur le surpoids chez les enfants.
Il y a 15 ans, l'équipe de chercheurs de l'EPFZ a découvert le problème par hasard. Les scientifiques ont contrôlé l'approvisionnement en iode de la population et ont relevé la taille et le poids. «Si le problème des enfants qui grossissent avait été jusqu'alors un sujet de préoccupation aux États-Unis, il était désormais également présent en Suisse et dans le reste de l'Europe», explique le Dr Herter.

Ne pas stopper le besoin de bouger des enfants, même si c'est parfois agaçant.

Pour surveiller la situation, l'EPFZ et l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) mènent depuis lors une étude tous les cinq ans. Certes, des valeurs stables apparaissent au fil du temps, mais aucune amélioration n'est en vue : environ 20 pour cent des enfants sont toujours en surpoids. En revanche, la proportion d'enfants présentant un surpoids important est passée à 8 pour cent, surtout chez les garçons.

Cuisiner et manger ensemble

Les études de l'EPFZ prouvent qu'il existe un lien entre le surpoids et l'inactivité. Les enfants et les adolescents qui passent beaucoup de temps devant l'ordinateur et la télévision sont particulièrement vulnérables. Les résultats indiquent également des liens «socio-économiques». Les connaissances linguistiques et le contexte migratoire, le niveau d'éducation et les structures familiales jouent un rôle décisif. «Certains milieux culturels assimilent par exemple le surpoids à la prospérité, il n'est alors pas reconnu comme un problème», explique Isabelle Herter.
Pour la chercheuse, la famille est le point de départ le plus important : cuisiner et manger ensemble, partager des activités et fixer des limites pour la télévision et l'ordinateur aident à perdre du poids, mais aussi à prévenir la maladie.
La prévention est la première étape du traitement, souligne également le Dr Joseph Laimbacher. Le pédiatre et médecin-chef de l'hôpital pour enfants de Suisse orientale à Saint-Gall est l'un des experts les plus connus en matière de traitement des enfants en surpoids. En 2014, il a reçu avec son équipe le prix commémoratif Guido Fanconi, qui récompense des prestations importantes dans le domaine de la pédiatrie.
Depuis les années 1990, lorsque «la vague a déferlé sur l'Europe», Laimbacher développe des concepts et des recommandations : «Ce n'est qu'en 2007 que l'obésité infantile a été reconnue comme une maladie», dit-il. Une prédisposition est inscrite dans les gènes. Mais le fait qu'un enfant prenne effectivement du poids dépend d'autres facteurs comme l'activité physique, le comportement alimentaire, les phases de croissance ou les facteurs socio-économiques.
Pour Laimbacher, la prévention commence très tôt : «La fenêtre d'opportunité pour la prochaine génération s'ouvre au stade prénatal». Les futurs parents doivent donc être conscients de leur propre poids. Cela vaut également pour la grossesse, pendant laquelle il ne faut justement pas manger pour deux. Une fois que les enfants sont là, ils doivent apprendre dès leur plus jeune âge à avoir un rapport normal avec la nourriture. «Les enfants ont en outre un besoin naturel de bouger», dit Laimbacher et recommande de ne pas l'arrêter, même si c'est parfois énervant. Ils devraient faire au moins 90 minutes d'exercice par jour.

Si le poids devient un sujet permanent, cela pèse sur l'âme de l'enfant.

C'est souvent lors de l'examen médical scolaire que le surpoids est identifié pour la première fois comme un problème. «Cela permet de l'aborder très tôt», explique Laimbacher. Selon lui, l'obésité doit absolument être traitée, car elle comporte de nombreux risques pour la santé, comme le diabète, les maladies cardiovasculaires et respiratoires et les problèmes articulaires. L'obésité peut également déclencher des problèmes psychiques ou diminuer l'estime de soi, ce qui peut conduire à un cercle vicieux, ajoute-t-il.

Pour que les enfants puissent exister dans la société

Comme premier point de contact, Laimbacher recommande le pédiatre ou le médecin de famille. Il souligne : «Le traitement de l'obésité sévère doit toutefois être confié à des équipes formées». Celles-ci se composent de médecins, de nutritionnistes, de psychologues, de physiothérapeutes et, selon les cas, d'assistants sociaux.
L'hôpital pour enfants de Saint-Gall, en Suisse orientale, est un pionnier dans le traitement de l'obésité et propose différents programmes. «Avant d'accepter quelqu'un, les enfants doivent nous prouver qu'ils sont motivés, et les parents aussi», explique Laimbacher. La maxime est un bon accompagnement, pas une pression. Il déconseille aux parents d'enfants concernés de faire eux-mêmes des «essais» ou même de suivre des programmes diététiques abscons avec leurs enfants. Il est important d'avoir des objectifs réalistes, comme la stabilisation du surpoids.
Joseph Laimbacher en est convaincu : «Il ne s'agit pas seulement d'atteindre un poids normal, mais de permettre aux enfants de s'affirmer dans la société».