«Les jeunes enfants sont en conflit entre proximité et autonomie»

Madame Pfender, à partir de deux ans, les enfants se transforment en drama queens et en nains de colère. Par quelles étapes de développement passent-ils à ce stade ?

La plupart des enfants de deux ans se reconnaissent dans le miroir. Le «je» s'est développé sur le «tu». La volonté propre est découverte. C'est l'époque où l'on se détache sans cesse du «havre de sécurité» pour explorer le monde et suivre ses propres impulsions. Les jeunes enfants sont en proie à des conflits permanents d'autonomie et de dépendance. D'une part, ils se sentent clairement appartenir à leurs personnes de référence et recherchent activement leur proximité et leur soutien. D'autre part, ils ressentent de fortes aspirations à l'indépendance. La capacité de différer ses propres besoins et de comprendre que l'autre a une autre perspective est en train de mûrir.

Les émotions et le comportement dépendent en outre fortement du tempérament et du profil de développement, ainsi que d'influences telles que le moment de la journée, la faim, la dynamique familiale et les capacités d'autorégulation face à des émotions telles que la colère, le dégoût et la culpabilité. Les parents surestiment souvent les compétences socio-émotionnelles de leurs enfants et les surmènent ainsi sans le savoir. Le fait de se rebeller, de se bloquer et de faire des drames peut également indiquer qu'un enfant est confronté à des exigences qui ne sont pas adaptées à son âge ou à la situation : Par exemple, lorsqu'il doit faire attention à ne pas salir sa jolie petite robe dans la cour de récréation.

Comment soutenir au mieux un enfant de cet âge ?

Le comportement autodéterminé fait partie du développement normal et suit un objectif de développement important : reconnaître et défendre ses propres idées. En être conscient est certainement utile pour mieux accepter cette phase. Il en va de même pour le fait que les enfants veulent en principe bien faire et bien s'entendre avec les autres.

Lorsque les enfants sont dépassés par leurs émotions, les parents remplissent, par leur attitude intérieure et leur présence, un double rôle important, que le mot «soutien» décrit bien : D'une part, ils montrent les limites, si possible sans dévaloriser l'enfant ou lui attribuer un rôle fixe comme celui de la drama queen. D'autre part, ils apportent sécurité émotionnelle, réconfort, compréhension et atténuent les émotions fortes en les supportant avec eux.

À partir de quand un enfant est-il prêt à aller à l'école maternelle ?

Il doit pouvoir se détacher de ses parents pendant quelques heures, se laisser réconforter par d'autres et accomplir seul les petites tâches quotidiennes. Dans le quotidien du jardin d'enfants, il est en outre important de comprendre et de suivre les règles d'une bonne cohabitation. Il doit également être capable d'attendre un instant et de s'engager dans de petits travaux à table. Il ne faut toutefois pas sous-estimer ce qu'un enfant peut apprendre grâce au setting de groupe et aux enseignants de maternelle expérimentés.

Les expériences dans les crèches, les groupes de jeu, etc. ainsi que les expériences sociales variées avec de courtes séparations des parents sont également très utiles. Il peut ainsi se sentir membre d'un groupe et faire des expériences positives avec d'autres personnes qui s'occupent de lui. Je conseillerais également à tous les parents de laisser leur enfant expérimenter beaucoup de choses par lui-même et de parler avec lui de ses sentiments et de ses besoins. Si un enfant semble plus jeune dans un domaine de développement comme le langage ou le mouvement par rapport à son âge chronologique, les parents devraient discuter de leurs inquiétudes avec le pédiatre à un stade précoce : Il existe de bonnes possibilités de stimulation dans la petite enfance ainsi que des settings de maternelle adaptés qui offrent davantage de soutien. Ceux-ci doivent toutefois être préparés.