« Les parents doivent mettre leur pouvoir au service de l'enfant »

Le « droit à une éducation non violente » doit être inscrit dans le Code civil suisse. En tant que psychologue, qu'entendez-vous par une éducation non violente ?

Les familles n'élèvent pas leurs enfants dans une bulle, mais dans le cadre d'un consensus social. C'est pourquoi il est important et urgent d'ancrer le « droit à une éducation non violente » dans le Code civil suisse. La recherche en psychologie du développement montre depuis longtemps que la violence envers les enfants a des conséquences très problématiques.

Les parents ne doivent pas réagir immédiatement en cas de conflit. Une fois calmés, nous avons des idées plus créatives.

Pour moi, éduquer sans violence signifie accorder aux enfants, au quotidien, le même respect que les adultes exigent les uns des autres. Cela suppose que les parents soient toujours conscients de leur position d'autorité et qu'ils n'utilisent pas leur pouvoir pour se légitimer, mais qu'ils le mettent au service de leurs enfants de manière ciblée. C'est facile à dire, mais cela implique une réflexion et une prise de décision constantes en tenant compte des besoins des enfants et, bien sûr, une gestion réfléchie de ses propres impulsions négatives.

Même les parents réfléchis sont souvent confrontés à un dilemme : d'un côté, il faut laisser les enfants participer aux décisions afin de favoriser leur autonomie. De l'autre, les parents doivent pouvoir s'imposer lorsque cela sert, par exemple, à protéger l'enfant. Comment trouver le juste équilibre ?

La recherche d'un équilibre est au cœur même de la parentalité : il s'agit de trouver le juste milieu entre exiger une adaptation et permettre la participation, entre respecter la volonté de l'enfant et imposer les choses nécessaires. Les parents y parviennent mieux lorsqu'ils ne sont pas livrés à eux-mêmes et qu'ils ont régulièrement l'occasion de réfléchir à des situations éducatives. Cela suppose bien sûr de disposer des ressources sociales et du temps nécessaires.

Que conseillez-vous aux parents qui se sentent dépassés et impuissants face à des situations conflictuelles avec leur enfant ?

Reconnaître son impuissance et gagner du temps. Dans l'éducation quotidienne, il n'est pas nécessaire de toujours réagir immédiatement en cas de conflit. Au contraire : une fois calmés, nous avons des idées meilleures et plus créatives. Le plus simple pour se calmer est de parler à quelqu'un. Nous avons besoin des autres lorsque nous sommes dans une impasse en tant que parents. Il ne s'agit pas forcément d'un spécialiste. Je conseille aux parents de se mettre en réseau et de se soutenir mutuellement. Seuls, nous tournons en rond !