«Je déconseille d'interrompre l'apprentissage»
Monsieur Heiniger, est-il vrai que de plus en plus d'apprentis abandonnent leur apprentissage ?
Ce taux est élevé depuis longtemps. Pendant la pandémie, les entreprises formatrices ont effectué moins de stages d'initiation, les personnes à la recherche d'une place d'apprentissage ont eu moins de possibilités de tester et d'essayer. Cela a encore augmenté le nombre d'interruptions d'apprentissage. A cela s'ajoutent les nouveaux besoins et exigences de la génération Z : le métier doit avoir un sens. Si la place d'apprentissage ne correspond pas exactement à ce que l'on avait imaginé, on abandonne.

Les spécialistes soulignent qu'il est juste d'interrompre l'apprentissage si cela ne convient pas.
Les entreprises formatrices ne veulent pas traîner les jeunes apprentis jusqu'au diplôme à tout prix. Les formateurs expérimentés reconnaissent très tôt chez les apprentis un manque d'intérêt, de passion et de motivation. Il est judicieux d'aborder ce sujet avec les jeunes. Il est alors souvent plus sage d'abandonner et de se remettre en quête.
Quand faut-il s'accrocher et quand vaut-il mieux tirer un trait ?
En principe, je ne conseille pas d'interrompre l'apprentissage. Mais si cette étape est inévitable, il est préférable de le faire pendant la période d'essai et avec une justification compréhensible. Il est très malheureux d'interrompre l'apprentissage pendant la deuxième moitié de la formation. Je le déconseille absolument et recommande de serrer les dents, à moins que l'on ne puisse plus continuer pour des raisons de santé.
La plupart des entreprises formatrices donnent une deuxième chance aux jeunes qui ont interrompu leur apprentissage.
Les entreprises formatrices sont-elles assez nombreuses pour accompagner les apprentis de manière optimale pendant leur formation ?
Dans les grandes entreprises, les formateurs formés ne sont plus en contact quotidien avec les apprentis - les formateurs pratiques le sont d'autant plus, mais avec une pression de production croissante et pas toujours suffisamment formés. Cela conduit souvent à des conflits d'objectifs et d'intérêts pendant la phase d'introduction, et ce sont les apprentis qui en font les frais.
Comment réussir le début du deuxième apprentissage ?
On estime que 80 à 90 % des jeunes réussissent leur deuxième apprentissage, et dans de nombreux cas, c'est une véritable histoire à succès. Si cela ne fonctionne pas, il y a souvent des problèmes personnels derrière. Lorsque des apprentis postulent après avoir interrompu leur apprentissage, les faits sont là et il est clair que l'on doit s'adresser à la jeune personne. La plupart des entreprises formatrices donnent une deuxième chance aux jeunes qui ont interrompu leur apprentissage. La pénurie d'apprentis et de personnel qualifié aide les entreprises à s'ouvrir davantage.