Fête des mères : l'amour à vie
Le dimanche de la fête des mères, c'est une chose. C'est le jour du café, des gâteaux, des fleurs coupées et de l'artisanat. Il n'y a pas d'échappatoire, car c'est un jour de remerciement institutionnalisé.
Quel enfant, aussi adulte soit-il aujourd'hui, ne s'en souvient pas avec la boule au ventre. Car la mère, c'est une institution. Il y aurait tant à faire ce jour-là à cause d'elle : Être particulièrement gentil, sage et prévenant et prouver son amour par des actes. Mais que se passe-t-il lorsque l'enfant a soudain quelque chose de plus intelligent à faire et qu'il s'enfuit ? Ah, c'est l'horreur, tout ce qu'il y aurait à faire si l'on ne s'éclipsait pas à temps.
Retour à l'enfance
Plus tard, en tant que jeune adulte et phobique programmé des jours fériés - car elles sont enfin terminées, les heures où il fallait peindre des narcisses, des roses et des tulipes autour des poèmes ! - ce jour nous déplaît encore moins, les fleuristes et les grands distributeurs nous rappellent inexorablement, des semaines auparavant, combien nous devrions être reconnaissants envers notre maman. On est relégué au rôle d'enfant, on ne s'aime pas pour cela, on peste contre la pression sociale et les attentes de la mère. Et pourtant, au plus tard l'après-midi, on décroche le téléphone, on attrape quelques fleurs coupées quelque part et on invite à prendre un café et un gâteau.
Mais comme toujours, ce sont les propres enfants qui torpillent avec succès leur propre programme. Déclarer la fête des mères comme journée de la prohibition ? C'est impossible ! Le charme du bricolage est trop grand et trop impératif. En effet, dès le groupe de jeu, le cadeau de la fête des mères fait partie intégrante de la planification créative, et à l'école, il est un élément créatif du semestre d'été. Au début du mois de mai, les petits enfants sont plongés dans le stress des cadeaux : Nous confectionnons maintenant un cadeau pour maman et lui jurons par un poème combien nous l'aimons.
Maman, je t'aime parce que tu m'achètes des cadeaux, que tu cuisines de bons petits plats et que tu fais ce que je veux.
Set de table écrit à la main par le deuxième fils de Claudia Landolt
Ces déclarations d'amour sont parfois capables d'annihiler les compétences parentales. Il y a quatre ans, mon deuxième fils m'a fait la surprise de m'offrir un set de table qu'il avait confectionné lui-même et sur lequel il avait soigneusement écrit, de sa plus belle écriture : «Maman, je t'aime parce que tu m'achètes des cadeaux, que tu cuisines de bons petits plats et que tu fais ce que je veux».
Ha ! Quel soulagement lorsque son frère aîné m'a mis sous le nez une corbeille à papier tissée et un crocodile qui peut aussi être un aimant, ainsi qu'un distributeur de savon peint avec des petits cœurs. Non, il n'y avait pas (encore) de chauffe-œufs ou de maniques au crochet. En revanche, cette année, il a affirmé vouloir faire la preuve de ses talents de cuisinier. Le numéro un a hérité de mon pragmatisme et m'achètera peut-être mes chocolats préférés avec son argent de poche.
Je vais encore m'attendrir
Ce dimanche, c'est un enfant de plus qui sait désormais écrire et qui a donc atteint l'âge des loisirs créatifs et qui veut me remettre son cadeau de toute urgence. Et comme il n'est pas encore très grand, la date ne fonctionne pas encore tout à fait - il voulait déjà me remettre son cadeau à l'Ascension. Maintenant, il parcourt sérieusement les jours et me révèle chaque jour un peu plus ce qu'il pourrait être.
Dimanche, ce sera donc comme toujours en ce jour d'amour à vie. Au plus tard à sept heures, ils grimpent dans mon lit et me tendent, avec un clin d'œil enchanteur, des cadeaux légèrement collés avec des déclarations intimement rédigées. Et malgré le prétexte de ne pas m'attendrir, non, pas du tout, j'écraserai tout de même quelques larmes, tellement mon amour pour ces enfants est profond malgré tout.
Et toute la journée, je le jure, je ne pourrai pas me débarrasser de mes mouchoirs en papier. Car je sais qu'un jour viendra où je regretterai les bricolages légèrement froissés et les protestations d'amour, parce qu'en réponse à la demande de mettre au moins la table le deuxième dimanche de mai en question, on me dira : «Maman, l'esclavage est aboli».