Bien apprendre : notre thème d'avril
rn
rn
rn
rnLe rédacteur en chefNik Niethammer vous présente le dossier Bien apprendre et d'autres thèmes de l'édition de mars. Le nouveau magazine paraîtra le jeudi 31 mars 2022. Vous pouvez également le commander en ligne.
La fille, âgée de dix ans, est assise sur la banquette arrière. Nous allons faire des courses, la radio diffuse des informations. La porte-parole annonce que des villes ont à nouveau été bombardées dans la nuit. Que des gens ont cherché refuge dans des stations de métro. Et que des centaines de milliers de personnes sont en fuite. «Papa, la guerre arrive-t-elle aussi chez nous ?», demande sa fille. J'hésite, je n'ai pas de réponse intelligente à proposer. J'essaie d'expliquer ce qui se passe en Ukraine. Et dis que nous sommes en sécurité ici. «Papa, il y a deux ans, tu disais aussi que Corona était loin et ne venait pas chez nous. Ce n'était pas vrai».
«On aimerait que le monde soit merveilleux, paisible et lumineux. Et on fait tout pour transmettre cela à ses enfants», écrit Michèle Binswanger dans sa chronique. «On voudrait protéger son enfant, lui offrir un nid. Et on est rattrapé par la réalité brutale des événements mondiaux. Ce désenchantement est douloureux».
Le changement climatique. La pandémie de Corona. Et maintenant, cette terrible guerre en Europe. Nous sommes depuis des années en mode permanent de peur et d'incertitude. Dans une spirale de gros titres négatifs et d'images oppressantes qui assombrissent notre quotidien. Que pouvons-nous faire lorsque les rapports de crise et de guerre nous accablent ? «Il est utile de limiter la consommation de nouvelles et de ne s'informer que deux fois par jour par exemple», conseille la psychothérapeute Isabella Helmreich dans notre interview mensuelle.
Tenez un journal de vos ruminations ou de vos angoisses. Le fait d'écrire permet de se sortir les choses de la tête.
Isabella Helmreich, psychothérapeute psychologique, Leibniz-Institut für Resilienzforschung, Mayence
En travaillant sur ce numéro, j'ai beaucoup appris sur la manière dont les parents peuvent accompagner leur enfant dans les moments difficiles. J'ai pris conscience avec force à quel point les enfants ont besoin de notre attention, de nos encouragements, de notre confiance en ce moment : «Je suis toujours là pour toi, je te soutiens, peu importe à quel point les choses vont mal». J'ai appris qu'il est préférable de parler de ce qui nous touche plutôt que de faire comme si tout cela n'existait pas. Je sais qu'il ne faut pas hésiter à admettre qu'en tant que mère ou père, on n'a pas de réponse à une question. J'ai compris que les images de guerre, de destruction et de souffrance peuvent rester gravées dans les mémoires et qu'il faut donc exposer les enfants le moins souvent possible à de telles images. Et je me réjouis de la découverte par des chercheurs chinois que les sentiments nostalgiques - feuilleter des albums photos, lire de vieilles lettres d'amour - peuvent avoir un effet salutaire sur l'âme, susciter un sentiment d'optimisme et de satisfaction dans la vie, voire même atténuer les douleurs.
«Il est important de continuer à vivre un quotidien normal en famille, même dans les moments difficiles», explique Yvonne Müller de Elternnotruf. «On a le droit d'oublier la guerre de temps en temps et de se consacrer aux bonnes choses. On peut continuer à aller bien».
Quelle pensée réconfortante.
Cordialement,
Votre Nik Niethammer
