«Tu n'as pas besoin d'être parfaite, maman !»

3 questions à la chercheuse en éducation Margrit Stamm, auteure du nouveau livre «Tu ne dois pas être parfaite, maman !»

Madame Stamm, vous dites que la maternité est devenue une sorte de religion. Comment faut-il comprendre cela ?

Dans notre culture, la maternité est considérée comme le point culminant absolu, la première et la plus importante relation dans la vie d'une femme. La maternité est devenue une nouvelle religion sentimentale. Ces croyances liées à la maternité ne se basent toutefois pas sur des expériences et des observations, mais sur des idées presque sacrées de ce qui fait une bonne mère. A l'exception des pays nordiques, presque toutes les cultures occidentales sont imprégnées de ce mythe.

Margrit Stamm est professeur émérite de psychologie pédagogique et de sciences de l'éducation à l'université de Fribourg et directrice de l'institut de recherche Swiss Education à Aarau. Ses recherches portent principalement sur le talent, la qualité dans la formation professionnelle et l'encouragement des enfants de migrants.  (Photo : Raffael Waldner)
Margrit Stamm est professeur émérite de psychologie pédagogique et de sciences de l'éducation à l'université de Fribourg et directrice de l'institut de recherche Swiss Education à Aarau. Ses recherches portent principalement sur le talent, la qualité dans la formation professionnelle et l'encouragement des enfants de migrants.
(Photo : Raffael Waldner)

Les mères sont sous pression ? Pour quelle raison ?

Aujourd'hui, les mères se voient soumises à une observation sociale permanente. C'est pourquoi elles commencent à se comparer aux autres femmes. Qu'est-ce qu'elles font mieux que moi, pourquoi les autres enfants sont-ils plus intelligents ? Cette attention portée aux autres est le plus grand moteur pour renforcer le style d'éducation parfait. Et il en résulte souvent la conviction de faire beaucoup de choses de travers. Lorsque les mères s'accusent elles-mêmes, elles réduisent ce qu'il y a de bon en elles, ne voient plus que ce qui leur fait défaut, se sentent mal et agissent aussi contre elles-mêmes.

Y a-t-il une issue ?

Dans un premier temps, il s'agit de reconnaître que l'on se compare constamment aux autres et que l'on se sent peut-être coupable de ne pas être une mère parfaite. La meilleure façon de comprendre d'où viennent ces sentiments est d'en discuter avec des femmes partageant les mêmes idées ou avec un spécialiste. Deuxièmement, il est important d'accepter sa propre imperfection. Il est généralement facile de dire que personne n'est parfait, mais qui se l'avoue vraiment ? Les déclarations honnêtes sont donc le premier moyen de développer un certain amour propre et de mémoriser l'affirmation suivante : «Je ne suis pas la seule à faire des erreurs, toutes les autres mères en font aussi. Moi
sont peut-être impatientes, mais cela fait partie de ma personne et je veux accepter cette caractéristique».

Margrit Stamm: Du musst nicht perfekt sein, Mama! Schluss mit dem Supermama-Mythos – Wie wir uns von über­höhten ­Ansprüchen befreien. Piper 2020, ca. 21 Fr.
Margrit Stamm : Tu ne dois pas être parfaite, maman ! En finir avec le mythe de la supermaman - Comment se libérer d'exigences excessives. Piper 2020, env. 21 Fr.

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