Tout ce que vous devez savoir sur le programme scolaire 21
L'article constitutionnel sur l'éducation (art. 62), adopté par le peuple suisse en 2006, est à l'origine d'un programme d'études commun. Il oblige les cantons à harmoniser l'école. Le plan d'études 21 est un instrument à cet effet.
Il doit contribuer à ce que les enfants et les jeunes de tous les cantons disposent à un moment donné des mêmes compétences et connaissances dans les différentes disciplines. Cela revêt une grande importance, notamment en cas de changement de domicile au-delà des frontières cantonales.
Un plan d'études commun simplifie en outre la coordination et la production de matériel pédagogique. Il n'est plus nécessaire que chaque canton élabore ses propres moyens d'enseignement adaptés au plan d'études. Des objectifs d'enseignement et d'apprentissage communs constituent en outre un pas supplémentaire vers l'harmonisation de la formation initiale et continue des enseignants. De plus, les synergies entre les cantons peuvent être exploitées, ce qui permet de réduire les coûts.
Sans connaissances, pas de compétences
Jusqu'à présent, les plans d'études cantonaux étaient fortement axés sur les contenus à transmettre dans les différentes disciplines. Ils indiquaient aux enseignants quels thèmes devaient être étudiés avec les élèves, à quel moment et dans quelle mesure. Le programme scolaire 21 contient lui aussi de nombreux contenus qui doivent être enseignés de manière obligatoire. Mais ils sont toujours directement liés aux compétences correspondantes à atteindre. Il s'agit donc de capacités et d'aptitudes que les apprenants doivent avoir acquises à la fin de la 2e, de la 6e et de la 9e année. On parle également ici d'objectifs nationaux de formation.
Un exemple : la Révolution française, les deux guerres mondiales, le fascisme et l'Holocauste font partie des contenus obligatoires de l'enseignement de l'histoire au niveau secondaire. Le programme ne serait toutefois pas respecté si les enfants se contentaient d'acquérir des connaissances sur les événements et d'apprendre les dates par cœur. Ils doivent également acquérir, entre autres, la compétence de replacer leurs connaissances dans un contexte plus large de l'histoire mondiale ou d'évaluer et de comparer des événements de différentes époques.
«Les cantons disent quoi, les enseignants décident comment».
Franziska Peterhans
Cela signifie-t-il que la transmission du savoir à l'école est désormais négligée ? Bien sûr que non, estiment les spécialistes de l'apprentissage, dont l'Association faîtière des enseignantes et enseignants suisses LCH. Si les élèves doivent acquérir des compétences, cela signifie tout simplement que les connaissances acquises doivent être comprises et appliquées. Les enfants ne doivent pas simplement accumuler des connaissances et apprendre des faits par cœur.
Les cantons conservent leur influence
Que ne règle pas le programme d'enseignement 21 ? Le programme d'enseignement 21 ne prescrit pas aux enseignants la manière d'enseigner ni les formes d'apprentissage. Les enseignants peuvent donc continuer à décider librement de la manière dont ils souhaitent amener leurs élèves à acquérir les compétences prescrites, que ce soit par un enseignement frontal, un enseignement par projet, des ateliers d'apprentissage, des paysages d'apprentissage. Le plan d'études sert de boussole et n'est pas un code.
Les cantons sont également libres de définir leurs propres priorités d'enseignement en termes de contenu et d'étendue. Chaque canton décide lui-même du moment, des procédures et de l'ampleur de l'introduction du Lehrplan 21. Dans la plupart des cantons, l'introduction est prévue au plus tôt pour l'année scolaire 2017/18. Bâle-Ville est le premier canton à démarrer dès août 2015, tandis que l'Argovie se laisse du temps jusqu'à l'année scolaire 2020/21.
Mais les cantons sont également tenus de mettre à disposition les moyens nécessaires à cet effet, notamment d'organiser la formation continue des enseignants et de veiller à ce que le matériel pédagogique soit adapté. La LCH demande aux cantons de mettre à disposition des outils élaborés au niveau supracantonal pour l'évaluation basée sur les compétences. Il incombe également aux cantons d'adapter les grilles horaires des différentes disciplines.
Dans douze cantons, le gouvernement décidera de l'introduction du Lehrplan 21 : AG, AR, BE, GL, GR, LU, NW, OW, SG, SO, TG, VS. Dans huit cantons, la décision revient au conseil de formation ou d'éducation : AI, BL, BS, SH, SZ, UR, ZG, ZH. Dans le canton de FR, la compétence d'édicter la loi revient à la Direction de l'éducation, de la culture et du sport. Dans plusieurs cantons, des efforts sont faits pour que l'introduction du Lehrplan 21 puisse être décidée par les urnes.
Améliorer les langues
Le programme scolaire 21 est un pas vers plus d'uniformité dans l'enseignement et vers plus d'égalité des chances pour les enfants et les jeunes. Il ne fait cependant aucun doute qu'il doit encore être optimisé, notamment en ce qui concerne l'apprentissage de langues nationales ou étrangères supplémentaires. Malheureusement, il n'est toujours pas coordonné si l'enseignement des langues étrangères à l'école primaire commence par l'anglais ou le français. Ainsi, une élève de 4e année qui habitait à Augst, dans le canton de Bâle-Campagne, a appris le français depuis la 3e année. Si elle déménage ensuite avec sa famille à quelques kilomètres de là, à Kaiseraugst, en Argovie, elle cherche en vain le cours de français dans son emploi du temps. En revanche, il lui manque une année d'anglais. La politique devrait remédier d'urgence à cette situation, pour le bien des enfants !
Franziska Peterhans
est secrétaire centrale de l'Association faîtière des enseignantes et enseignants suisses LCH et membre de sa direction.