Surdoués : un diagnostic qui fait peur ?

Le thème de la surdouance est encore tabou en Suisse. Les parents et les enfants en souffrent, explique Giselle Reimann. Elle mène des évaluations de surdoués à l'université de Bâle.

Madame Reimann, comment puis-je savoir si mon enfant est surdoué ?

Très souvent, les enfants surdoués ont une énorme soif de connaissances. Ils s'intéressent très fortement à différents sujets. Ils ont également une très bonne capacité de compréhension et peuvent tirer des conclusions étonnamment rapidement. Mais il y a aussi des enfants surdoués qui semblent très lents à l'extérieur. Parce qu'ils pensent beaucoup et réfléchissent beaucoup avant de dire quoi que ce soit.

Il n'est donc pas si facile de reconnaître sans équivoque un enfant surdoué ?

Non, c'est justement chez les enfants dits «sous-performants», ceux qui ne montrent pas leur potentiel, qui n'ont pas de bonnes notes, qui ne se présentent pas en classe, qu'il n'est parfois pas possible de reconnaître au premier coup d'œil qu'ils sont surdoués.

Quelle est la gravité de la situation si les enfants surdoués ne sont pas reconnus comme tels ?

Cela peut être problématique. Nous recevons souvent des familles chez qui cela a entraîné des difficultés. Lorsqu'un enfant travaille en permanence à un niveau qui est en fait beaucoup trop bas, il ne peut pas du tout être fier de ce qu'il fait, il s'ennuie tout simplement et est également déçu de ses propres performances. Cela peut avoir un effet négatif sur l'estime de soi et, dans les cas les plus graves, entraîner de graves problèmes psychologiques ou des troubles du comportement.

De nombreux parents craignent le diagnostic de "surdoué

Les enfants doivent-ils donc toujours être examinés en cas de doute ?

Il n'est pas toujours nécessaire de faire un bilan. Mais si la souffrance est présente, je la recommande vivement. Une évaluation minutieuse peut répondre à de nombreuses questions des parents et surtout proposer des solutions pour désamorcer la situation.


Dossier : Surdoués

Als hochbegabt gilt ein Kind, wenn es einen IQ von mehr als 130 Punkten hat. Was bedeutet dies für seine schulische Laufbahn? Und wie muss es gefördert werden?
Un enfant est considéré comme surdoué lorsqu'il a un QI supérieur à 130 points. Qu'est-ce que cela signifie pour son parcours scolaire ? Et comment doit-il être encouragé ? Réponses et informations de fond sur le thème de la surdouance dans notre grand dossier.

Comment les parents réagissent-ils au diagnostic de «surdoué» ?

Beaucoup de gens pensent que les parents viennent faire un bilan pour prouver que leur enfant est surdoué et qu'ils en sont ensuite très fiers. En réalité, la plupart d'entre eux ont peur de ce diagnostic. Ils ont peur de la stigmatisation qu'ils pourraient subir en tant que parents,
si, par exemple, ils arrivent à l'école et disent : «Mon enfant est très doué et a besoin d'un soutien spécial». C'est vraiment encore un tabou. Certains parents gardent alors le diagnostic secret. Ils font certes une évaluation, mais gardent le résultat pour eux.

C'est ce que font les parents ?

Oui, cela arrive. Je le regrette beaucoup. Lors d'un bilan, il ne s'agit finalement pas seulement de constater la surdouance, mais surtout de trouver comment améliorer le quotidien de l'enfant. On regarde quelles sont les solutions individuelles qui conviennent à la famille. Mais il faut ensuite les mettre en œuvre, sinon un dépistage ne sert pas à grand-chose. Il faut également veiller à ce qu'il n'y ait pas de «fixed mindset» au sein de la famille, c'est-à-dire qu'il ne faut pas croire que les talents élevés doivent se manifester par des performances élevées sans aucun effort.

«Les enfants surdoués s'en sortent généralement très bien sur le plan social et émotionnel».

Avons-nous, nous Suisses, un problème avec l'excellence ? Préférons-nous être dans la moyenne ?

Tout à fait. Une grande partie de la recherche sur le thème de la surdouance vient des États-Unis, et là-bas, il est beaucoup plus naturel que les performances s'envolent vers le haut. Chez nous, on ne voit pas cela d'un bon œil. En Suisse, on souhaite que tout le monde soit traité de la même manière. C'est en principe une bonne idée, mais on ne rend pas justice à tout le monde.

Il existe un mythe selon lequel les surdoués sont intellectuellement forts, mais socialement faibles. Quel rôle jouent de tels préjugés dans l'approche du sujet ?

Ils jouent un rôle important. C'est un mythe qui a la vie dure. Je l'entends régulièrement de la part des parents, des enseignants et des enfants eux-mêmes. Mais il est scientifiquement réfuté. Il a été démontré que les enfants surdoués s'en sortent généralement très bien sur le plan social et émotionnel. Mais il est vrai qu'un enfant qui reste longtemps dans un environnement inadapté peut développer des problèmes émotionnels. Cela peut par exemple se produire s'il n'est pas bien encouragé ou s'il est rejeté par d'autres enfants en raison de sa surdouance.
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Sur la personne :

Giselle Reimann ist stellvertretende Leiterin des Zentrums für Entwicklungs- und Persönlichkeitspsychologie an der   Universität Basel. Sie ist unter anderem auf die Abklärung und Beratung von Hochbegabten spezialisiert.
Giselle Reimann est directrice adjointe du Centre de psychologie du développement et de la personnalité à l'Université de Bâle. Elle est notamment spécialisée dans l'évaluation et le conseil des personnes surdouées.

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