«Si quelqu'un me provoque, je perds le contrôle».

Phillippe, 16 ans, est en classe de seconde. Il ne cesse de frapper et de blesser les autres et lui-même. Il veut maintenant changer cela.

"Quand je suis en colère, je frappe. Le plus souvent contre un mur ou une porte. Je me suis déjà brisé des os, mais rien de tragique. La douleur me soulage, je suis plus calme à chaque coup. J'ai aussi essayé avec un sac de frappe, mais si je ne ressens pas de douleur, cela ne fait que me rendre plus agressif.

J'ai aussi déjà blessé d'autres personnes. Récemment, l'un d'entre eux s'est cassé une côte lors d'une bagarre. Je ne voulais pas faire ça, et je me suis senti complètement mal quand je l'ai vu par terre, en sang. Je n'ai pas vraiment envie de me battre, mais quand quelqu'un me provoque, je perds le contrôle. Le type a dit quelque chose de stupide contre mon cousin. Le père de ce dernier - mon oncle - est mort il y a quelque temps. Cela m'a beaucoup affecté. Si quelqu'un s'en prend à ta famille dans cette situation, tu pètes les plombs, c'est évident. Tout le monde me dit que je devrais alors simplement m'enfuir. Mais je ne peux pas le faire. C'est une question de fierté.

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Avant, j'étais aussi irrespectueux envers mes parents et il y avait beaucoup de disputes à la maison. Mais j'ai fini par comprendre que je leur devais beaucoup et qu'ils m'apportaient beaucoup. Nous sommes allés une fois en vacances ensemble en Thaïlande, c'était le meilleur moment, très harmonieux. Nous avons fait beaucoup de choses ensemble et pour la première fois, j'ai senti que j'appartenais vraiment à quelque chose. Depuis, tout se passe mieux à la maison. Même si mon père et moi sommes encore souvent en désaccord. Il joue souvent à l'ordinateur et n'entreprend presque rien avec moi. Cela me manque. Quand je me suis battu, il dit que je suis un lion.

Depuis environ deux ans, je vais régulièrement chez l'assistant social. Ici, personne ne me dit que je suis un lion. Je peux raconter des histoires sans que personne ne me juge. Je pense que je me suis déjà calmé, même si je sais que j'ai encore beaucoup à apprendre. Je dois me débarrasser de certains schémas de comportement pour pouvoir apprendre de nouvelles choses. J'aimerais avoir plus de contrôle sur moi-même, ne plus être aussi vite agressif. Mais ce n'est pas si facile quand on a toujours été comme ça.

Je pense que je suis simplement différente des autres, plus émotionnelle, plus sensible. Je suis peut-être plus sensible. D'un autre côté, je peux aussi me réjouir de beaucoup plus de choses que les autres. Par exemple, un cadeau de Noël. J'ai déjà pleuré de joie.

Ce qui me rend heureuse ? Passer du temps avec mon cousin et mon meilleur ami. Il va à l'internat et je ne le vois pas très souvent. Mais il est toujours là pour moi quand j'ai besoin de lui. Et mon entraînement. Les arts martiaux m'apportent énormément. Mon plus grand rêve est de devenir un jour entraîneur. Pour cela, je devrais être un modèle pour les jeunes. Je suis conscient que ce n'est pas le cas si je frappe. C'est pourquoi j'espère pouvoir le maîtriser un jour".


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Ce texte est tiré de notre grand dossier sur le thème de l'agressivité, paru dans le magazine 05/18. Le numéro est malheureusement épuisé entre-temps. Dans le dossier en ligne sur l'agressivité chez les enfants, vous trouverez les différents articles de ce numéro ainsi que d'autres textes sur ce thème.
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