Quand le logiciel scolaire dénonce l'absentéisme
SAL, la solution administrative de l'école : ce qui promet une solution aux enseignants peut aussi servir à surveiller les élèves et incite à un chahut professionnel. L'outil administratif, obligatoire depuis environ un an dans les écoles secondaires de Bâle-Campagne, exige des enseignants qu'ils inscrivent toutes les notes et les absences des élèves. Et : les parents ont accès à ces données.
Bien sûr, on peut trouver un tel SAL pratique, et c'est avec de tels arguments qu'il a été introduit : «Regardez, maintenant vous pouvez réserver la salle informatique en ligne ! Génial !»
Mais la surveillance se présente toujours de manière amicale et l'amabilité peut s'avérer être un cheval de Troie. En effet, SAL contient également une colonne particulièrement douteuse : Observations. Les enseignants peuvent y noter comment Jan s'est comporté aujourd'hui à l'école. Si l'enseignant l'autorise, les parents de Jan peuvent également lire cette colonne. «Tu as parlé à ton voisin de banc ?! Pfiou ! Au lieu de travailler efficacement, tu as regardé un peu trop longtemps par la fenêtre ? Malheur à toi, je vais le noter».
Les enseignants qui ont toujours préféré dire du mal de leurs élèves plutôt que de défendre leur bonne réputation ont désormais l'outil adéquat et la légitimité d'en haut pour le faire. Remplir la colonne d'observation est encore facultatif et seuls les enseignants particulièrement rancuniers et enclins à la délation y ont jusqu'à présent inscrit quelque chose. Les enseignants qui remplissent chaque colonne par obéissance anticipée le feraient probablement aussi si l'orientation sexuelle présumée était demandée. Celle-ci devrait en effet intéresser les parents.
Les pages laborieuses des élèves ne sont donc plus discutées dans la salle des professeurs, puis oubliées. Non, il peut désormais y avoir une inscription officielle que papa et maman peuvent consulter immédiatement d'un clic de souris. On peut toujours faire moins bien.
L'imprimé SAL dans le dossier de candidature
Et si l'été prochain, la colonne d'observation n'est déjà plus facultative ? C'est souvent comme ça que ça se passe. Lorsqu'il s'agit d'introduire quelque chose de délicat, c'est d'abord facultatif, uniquement pour ceux qui le souhaitent. Au bout d'un moment, on s'habitue à l'idée qu'il y a une telle colonne d'observation, et cela ne dérange plus lorsque le remplissage devient obligatoire.
La simple existence de cette colonne est déjà une indication qu'elle doit être utilisée à l'avenir. Sinon, pourquoi serait-elle là ? Les administrations ne font pas des colonnes pour le plaisir de faire des colonnes. Ce qu'elles imaginent doit tôt ou tard donner des résultats.
Par exemple, celles que l'on doit ensuite joindre aux candidatures pour une place d'apprentissage.
Les bavardages fréquents avec le voisin de banc, le fait de regarder par la fenêtre et de faire l'école buissonnière de temps en temps ne sont alors plus tempi passati. Plus question de tirer un trait et de recommencer à zéro. Non, les petits délits sont alors consignés dans l'implacable mémoire du SAL, dans laquelle le maître d'apprentissage a désormais lui aussi accès. Oui, c'est de la musique d'avenir. Mais aujourd'hui déjà, les élèves de Bâle-Campagne sont devenus un peu plus transparents.
L'absentéisme n'est-il pas de sa propre faute ?
On pourrait alors se demander, en haussant les épaules, où est le problème ? On n'habitue jamais assez tôt les jeunes à la surveillance et aux sanctions systématiques.
Mais on pourrait aussi défendre la puberté comme une phase avec ses propres lois. Une phase qu'il faut protéger du contrôle total des enseignants ou des parents.
Aujourd'hui, il est considéré comme progressiste d'apprendre en s'orientant soi-même. On fait croire aux élèves qu'ils contrôlent eux-mêmes leur processus d'apprentissage, qu'ils se fixent eux-mêmes leurs objectifs. Finalement, ils seraient pris au sérieux en tant qu'individus autonomes. Il n'est donc pas sans ironie que les élèves soient en même temps surveillés plus étroitement que jamais. En psychologie, on appelle cela un double lien. Il paraît que c'est mauvais pour la santé.
Sécher est un sentiment de liberté et nous apprend à être solidaires !
Et si maintenant les parents voient immédiatement si leurs filles et leurs fils étaient à l'école, alors il n'est plus question de faire l'école buissonnière. Et sincèrement, faire l'école buissonnière de temps en temps a été l'un des moments forts de ma scolarité. Imiter les signatures des parents et gagner son propre temps, défendre un tout petit peu de liberté. Sécher est avant tout un sentiment : s'asseoir un jeudi après-midi au bord du Rhin ou sur un toit au lieu d'étudier la géographie et y faire ce que l'on veut et avec qui l'on veut.
Et faire l'école buissonnière nous apprend le pouvoir d'agir, cela nous apprend aussi à être solidaires, à ne pas trahir nos camarades. Mais nous avons aussi appris à ne pas faire l'école buissonnière lorsque nos camarades dépendent de nous. Il ne faut pas se laisser distancer. Et si cela se sait quand même, il faut se tenir debout, s'excuser et purger la peine.
Mais maintenant, les mères savent que l'on n'était pas en géo, avant même que quelqu'un puisse trouver une excuse, pour soi-même ou pour ses camarades.
Le message de l'école - en plus de tous les messages humanistes - a-t-il toujours été : " Tu dois laisser des traces ! Ce message est désormais plus fort que jamais dans la région de Bâle.
Lit-on encore Orwell à l'école ?
Image : Fotolia
Informations de base sur le logiciel scolaire SAL
Dans le canton de Bâle-Campagne, le logiciel d'administration scolaire SAL est obligatoire pour les écoles secondaires et gymnasiales, les écoles primaires peuvent l'utiliser volontairement. Dans d'autres cantons, le logiciel schulNetz est utilisé dans de nombreuses écoles. SAL est un développement du logiciel schulNetz, en tant que première solution exploitée de manière uniforme sur plusieurs niveaux scolaires. Selon l'auteur, SAL pourrait servir de modèle pour le développement ultérieur dans d'autres cantons. Mais aucun projet concret n'est encore connu.
La loi sur l'éducation du canton définit qui peut accéder aux données du programme d'administration scolaire. Il s'agit entre autres des enfants eux-mêmes - et des responsables légaux via le compte de leurs enfants. Ce paragraphe de loi n'a été adopté par le Landrat que lors de la révision partielle de la loi sur l'éducation en juin 2016 - un référendum populaire n'a pas été lancé contre cette décision. Les droits d'accès plus précis seront réglés dans une ordonnance, dont les travaux sont en cours dans le canton. «L'accès des parents aux données scolaires des enfants correspond donc à la volonté du législateur», explique Thomas Held, collaborateur académique de l'organe de surveillance de la protection des données du canton de Bâle-Campagne. Rédaction FUF