M. Arn, quand l'école devient-elle un plaisir ?

M. Arn, vos élèves aiment-ils aller à l'école ?

Oui, et c'est précisément pour cela qu'ils font preuve d'un grand engagement et de superbes performances. Performance et plaisir ne sont pas contradictoires, mais s'aident mutuellement.

Votre classe est une communauté d'apprentissage particulière. Par exemple, vous travaillez sans matériel pédagogique. Pourquoi ?

La vie et l'apprentissage de chaque enfant sont uniques. Il se déroule toujours ici et maintenant et ne peut donc pas être répété. Nous voulons emprunter de nouveaux chemins avec les enfants et non des sentiers battus. C'est plus passionnant et plus durable. Chaque enfant documente ces chemins dans son cahier de recherche - vide au début. C'est ainsi qu'en trois ans d'école, plus de 20 cahiers très individuels sont réunis. Un véritable trésor dont les enfants sont très fiers ! Nous encourageons ainsi «en passant» non seulement le calcul, l'écriture, la lecture, etc. mais aussi la pensée autonome.

Qu'est-ce qui vous dérange dans le matériel pédagogique habituel ?

De mon point de vue, le matériel pédagogique, les fiches de travail, les postes d'atelier, etc. ne s'orientent pas assez vers les questions et le vécu des enfants. Ils ne peuvent pas non plus le faire, car les enfants, leur contexte et leurs possibilités sont bien trop différents. Par ailleurs, les moyens d'enseignement incitent également à une mentalité de traitement et de réalisation.

Dans votre classe, il y a des enfants qui ont des besoins particuliers. Tous s'investissent pleinement.

Ce n'est pas seulement normal d'être différent, c'est vraiment génial ! C'est en effet grâce à ces différentes capacités et origines que l'apprentissage mutuel dans notre classe devient si passionnant. Pour profiter de cette situation, nous travaillons tous sur le même thème ou la même tâche. Bien sûr, à des niveaux différents et avec des approches différentes, mais quand même ensemble ! Nous remarquons alors tous combien il est agréable d'aider les autres, mais aussi de pouvoir accepter de l'aide. Pour moi, c'est cela, l'inclusion vécue.

Chez vous, tous les enfants s'entraident naturellement. En tant qu'enseignant, vous déléguez donc votre responsabilité.

Exactement. Mais cela n'est possible que si l'on assimile l'attitude fondamentale de la coopération. Les enfants sont responsables avec moi de l'apprentissage de chaque enfant de notre classe. Mais cela signifie qu'ils peuvent aussi participer à l'enseignement. Cette attitude exige justement aussi des enfants qui apprennent très vite. Grâce à leur aide, j'ai alors suffisamment de temps pour les aider à franchir de nouvelles étapes dans leur apprentissage.

«Pour moi, la force, c'est de reconnaître ses propres limites et ses propres erreurs».

Achim Arn, éducateur spécialisé

«Enfants plus faibles» est une expression que vous évitez délibérément.

La faiblesse sonne ici comme une dévalorisation de la performance d'un enfant. Cette affirmation normative ne rend pas justice à ceux qui font de leur mieux et constitue un obstacle à l'apprentissage. Pourtant, il est important que chaque enfant apprenne à gérer ses propres limites avec assurance. Il s'agit d'être capable d'assumer ses propres limites et de faire face à sa propre faillibilité. Je considère cela comme une force.

Il n'y a pas d'examens dans votre classe. Pourquoi ? Et comment cela est-il possible ?

Les examens et les notes sont basés sur une norme d'âge et non sur l'enfant individuel. Cela a des conséquences négatives pour de nombreux enfants et pour leur biographie d'apprentissage. C'est pourquoi nous renonçons aux examens en classe. En tant que classe dans une école publique, nous sommes toutefois contraints de remettre des bulletins semestriels. Les notes qui y figurent se basent sur les performances des enfants dans leurs cahiers de recherche et sur les observations faites en classe. Mais nous sommes également critiques vis-à-vis de ces notes et nous en discutons également avec les enfants et les parents.

Quel est l'impact de l'apprentissage intégratif et multi-âge sur le parcours ultérieur de vos élèves ?

Je n'ai pas de chiffres ni de statistiques à ce sujet - où les trouverais-je ? Et loin de moi l'idée de faire des déclarations générales à ce sujet, car ni l'intégration ni le mélange des âges ne garantissent un bon enseignement et la réussite scolaire. Ce qui compte pour les enfants, c'est ce que les enseignants et l'environnement vivent et apprennent avec eux. Ce que je peux dire sur cette question, c'est que d'anciens élèves me rendent régulièrement visite, à moi et à notre classe. Je m'étonne toujours du chemin que ces jeunes gens suivent et ont suivi. Je suis d'autant plus heureux que certains d'entre eux ont accompli des choses dont beaucoup ne les auraient jamais crus capables.

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Vous voulez en savoir plus sur Achim Arn et son travail ? Nous lui avons rendu visite ainsi qu'à sa classe actuelle. Vous pouvez lire le résultat de cette visite dans notre numéro de septembre 2017. Commandez ici le numéro complet !