«Les enfants font leur deuil différemment des adultes»
Monsieur Weisshaupt, à qui s'adresse la nouvelle offre Nebelmeer Kids ?
Aux enfants jusqu'à 12 ans qui ont perdu un frère, une sœur ou un parent par suicide. Il y a 20 ans, nous avons lancé la première offre de groupe pour les adolescents endeuillés. Aujourd'hui, la mer de brouillard Kids est un lieu de rencontre pour les personnes concernées encore plus jeunes. Là aussi, nous sommes les premiers : les enfants qui ont perdu un être cher par suicide n'ont guère de lieux d'accueil en Suisse. Il y a un besoin urgent.

Les réunions bimensuelles ont lieu au centre d'entraide de Zurich, mais les familles de tous les cantons sont les bienvenues. Notre objectif est d'être représentés à moyen terme dans les dix plus grandes villes de Suisse alémanique. Les professionnels et les centres d'entraide intéressés à proposer des rencontres de groupe ainsi que les personnes concernées peuvent nous contacter.
Les jeunes enfants abordent souvent la perte de manière naturelle et posent des questions qui peuvent parfois brusquer les adultes.
Qu'est-ce qui attend les enfants lors des rencontres ?
Tandis que les parents échangent dans le groupe d'adultes situé dans la pièce voisine, les enfants commencent leur rencontre dans le cercle d'accueil, où ils peuvent également poser des questions ou aborder des thèmes. Le groupe d'enfants est dirigé par Caroline Ruckstuhl, qui a suivi une formation d'accompagnatrice de deuil.
Selon la forme du jour et la phase de développement, les enfants ont des besoins différents : Les uns ont besoin de se défouler, les autres de parler, certains cherchent un exutoire créatif à leurs sentiments. Ainsi, les uns restent dans le cercle de discussion, les autres se défoulent dans le parc, bricolent dans l'atelier ou cuisinent. Plus tard, les enfants et les adultes mangent ensemble.
Pourquoi votre offre est-elle si importante ?
Les enfants font leur deuil différemment des adultes. Ils ne parlent pas forcément de leurs soucis et de leurs peurs, ne pleurent pas quand les adultes en ont envie. Les jeunes enfants en particulier abordent souvent la perte de manière naturelle et posent des questions qui peuvent parfois brusquer les adolescents ou les adultes. A cela s'ajoute le fait que le suicide est malheureusement un sujet tabou, ce qui peut compliquer le processus de deuil.
Il est important que les enfants ne soient pas seuls avec leurs émotions, qu'ils aient des interlocuteurs pour répondre à leurs questions et qu'ils trouvent une manière de gérer leur perte qui corresponde à leurs besoins - afin qu'ils puissent continuer à se développer sainement.