La musique - un compagnon important dès le début

C'est un mardi soir chaud avant les vacances d'été. Dans la salle de chant de l'école Altweg de Zurich, les élèves de deuxième année en sont à leur dernière répétition avant leur spectacle. «Nous sommes si heureux...» chantent les enfants devant les rangées de chaises encore vides. Dans une heure, les parents seront assis ici et tenteront d'immortaliser cette ambiance particulière sur leurs smartphones.
Ensuite, ils raconteront cette «expérience», cette «joie de vivre» qu'ils ont ressentie. Car les enfants de l'école primaire rendent visible ce soir-là ce qu'ils ont vécu à maintes reprises pendant deux ans de cours de musique : que faire de la musique ensemble est plus qu'agréable. «On a besoin de musique pour vivre», déclare plus tard Giulia dans la cour de récréation. La fillette de huit ans le pense au sens propre du terme.

La magie de la musique est connue de tous. La musique nous touche, déclenche des émotions lors de scènes de films, nous pousse à faire du sport ou nous fait danser. La musique fait partie intégrante de l'être humain. Les plus anciennes flûtes en os d'animaux qui ont été découvertes ont plus de 30 000 ans. Faire de la musique est une forme d'expression unique pour l'homme. Depuis l'Antiquité grecque, les penseurs tentent de décrire l'essence de la musique.

Tout est musique

Hermann Siegenthaler écrit dans son ouvrage de référence «Introduction à la pédagogie musicale» que l'on peut nommer des éléments de la musique (harmonie, tension, timbre, etc.). Mais personne ne désignerait pour autant la musique comme la somme de ces termes. La musique est «plus que ce que l'homme est capable de saisir rationnellement».

Lorsqu'on leur demande ce qu'est la musique, même les élèves de deuxième année se mettent à réfléchir. Naila loue les sons des instruments. Hannah aime le fait que l'on puisse toujours réinventer la musique. Ayana pense que «tout est musique, il suffit de le faire correctement» ! On peut faire de la musique avec «des pierres qui crépitent et des feuilles qui bruissent». «Les pierres donnent alors le rythme».

La musique nous touche, déclenche des émotions, nous pousse ou nous fait danser.

Les enfants de l'école primaire apprennent ce qu'est un rythme dans le cadre de l'enseignement élémentaire de la musique. Apprendre signifie ici percevoir par tous les sens et entourer le thème de manière à ce que le savoir s'ancre chez les enfants et que la musique remplisse en même temps l'espace. Ainsi, les enfants se tapent mutuellement des rythmes dans le dos, les écrivent, les font entendre sous forme de percussions corporelles et sur des tambours, créent des mouvements adaptés et dansent dessus.

La conclusion d'Ayana, à savoir que tout est musique si on le fait correctement, montre que faire de la musique est pour elle une démarche artistique. Elle se lance dans un champ musical et fait des expériences. Certes avec une idée en tête, mais sans savoir exactement ce qui en sortira. C'est une expérience musicale élémentaire. Pour Ayana, cela a la même signification que pour un musicien professionnel.

La musique renforce le cerveau

«L'enseignement de la musique doit permettre de vivre de telles expériences approfondies», explique le professeur Christian Berger de la Haute école des arts de Zurich (ZHdK). Les enseignants doivent créer des situations, ce que l'on appelle des «espaces de résonance, où les gens perçoivent que la musique leur fait quelque chose».

Parce que la musique nous fait vivre des choses indescriptibles, elle intéresse depuis longtemps les chercheurs du cerveau. Des enregistrements permettent de voir comment la musique stimule différentes régions de notre cerveau et renforce les connexions. «Oui, il y a des images magnifiques qui montrent où le rythme agit et où la mélodie agit. Ces images prouvent qu'il se passe quelque chose, et ce chez tout le monde», explique Berger.

Mais il n'apprécie pas les études plus poussées qui veulent prouver que faire de la musique rend intelligent. On essaie de rendre la musique utile. Et cela conduit à des effets de mode. L'enseignement de la musique est alors en vogue pendant un certain temps, mais ne montre aucune valeur en soi. «La valeur réside dans la confrontation personnelle avec nous-mêmes et les phénomènes musicaux. La confiance dans le fait que cela a un effet et une signification est la raison de faire de la musique», dit Berger.

L'enseignement élémentaire de la musique, souvent appelé école musicale de base, a connu une attention et une diffusion croissantes en Suisse au cours des dix dernières années. Depuis peu, en période d'austérité, les milieux politiques demandent à nouveau la privatisation de l'enseignement musical. Dans les écoles de l'Oberland zurichois, l'école musicale de base vient d'être réduite de moitié, passant de deux à une leçon par semaine.

Christian Berger connaît les hauts et les bas. Il a lui-même enseigné pendant vingt ans à des enfants du premier cycle et se souvient de son emploi dans le pays d'Appenzell. Un jour, un membre du conseil municipal s'est assis dans sa salle de musique. L'homme a étalé des documents classés qui devaient l'aider à évaluer si cet enseignement était encore nécessaire. Christian Berger savait que «ça ne marcherait pas comme ça». Au bout d'un moment, il a envoyé des enfants pour demander au visiteur de participer. «La fois suivante, il n'a plus apporté les classeurs». Et après trois visites, la suppression des cours de musique n'était plus à l'ordre du jour.

Que s'est-il passé avec l'homme ? «On lui a permis de vivre une expérience dans un lieu qui va plus loin que l'expérience que l'on pourrait reconnaître en tant que spectateur», explique Berger. L'examinateur aurait estimé : «Cela signifie quelque chose, cela m'a plu, on n'enlève pas cela à ces enfants».

La musique est avec moi et moi avec elle.

Hannah, 8 ans

Faire de la musique nous permet de nous exprimer d'une manière que nous n'aurions peut-être jamais osé. Lors de la soirée d'été à l'école Altweg, les parents ont raconté que ce qui les avait le plus étonnés lors de la représentation, c'était la performance des enfants qui avaient du mal à se concentrer dans la salle de classe.

Dans son manuel d'enseignement, Hermann Siegenthaler invite à un jeu de l'esprit, à considérer la musique comme notre créature, capable de nous interpeller et de nous transformer au plus profond de notre être. Hannah, huit ans, le dit avec ses mots : «C'est bien que je sois tout à fait à l'intérieur de moi-même quand je fais de la musique». Et elle ajoute, rayonnante : «La musique est alors avec moi et moi avec elle».