«J'étais une cible facile»
Récit personnel
"Tout a commencé après les vacances d'été, nous venions d'entrer en troisième année. Un garçon avec qui je m'entendais bien auparavant a commencé à se moquer de moi à la moindre occasion. Comme il était du genre meneur d'hommes, il n'a pas seulement fait rire, d'autres se sont joints à lui. Au début, il y avait sept garçons qui ne voulaient plus de moi, qui m'insultaient ou qui disaient des choses stupides sur moi. Mais très vite, toute la classe m'a laissé tomber. Quand j'arrivais dans la cour de récréation, tout le monde s'enfuyait, et quand je m'asseyais à côté de mes camarades de classe, ils changeaient de place. Aujourd'hui encore, je ne sais pas pourquoi.
Je me suis habitué à la solitude et aux méchancetés, les mobbeurs et les suiveurs sont devenus un groupe soudé. Personne ne pouvait plus les empêcher de se comporter ainsi. Même pas notre nouvelle enseignante, qui a immédiatement contacté le service social de l'école. J'y ai eu quelques rendez-vous, tout comme l'instigateur, et des discussions ont eu lieu avec la classe. Les choses se sont améliorées pendant deux semaines, puis tout a recommencé. Mes parents ont parlé au directeur de l'école. Rien n'y a fait, il était trop tard.
«L'enseignant a fait remarquer à toute la classe que je pleurais, d'un ton de reproche. Suite à cela, les choses ont empiré».
En classe, nous avions le choix des places, je restais toujours en retrait. La perspective de ne pas changer de classe avant la fin de la sixième était déprimante. En cinquième, un nouveau professeur de classe est arrivé. Il ne m'a «aidé» qu'une seule fois, et cela a tourné au vinaigre. Nous étions en voyage scolaire, j'étais si triste que j'avais du mal à cacher mes larmes. L'enseignant a rassemblé la classe sur le quai de la gare et a fait remarquer aux autres que je pleurais en les regardant d'un air de reproche. Les méchancetés s'aggravaient. Je n'avais plus d'amis, même pas pendant mon temps libre, car avant je le passais souvent avec des camarades de classe.
A la fin de la cinquième année, un camp scolaire était prévu. Je savais que je ne pourrais pas le supporter. Je n'en pouvais plus. Tout s'est alors passé très vite : j'ai changé d'école et donc de lieu de résidence, j'ai emménagé chez mon père. C'était il y a bientôt un an, et les enfants m'avaient bien accueilli dès le début. Ce fut un énorme soulagement".