«Il y a quelque chose de cassé dans ton cerveau»

Je raconte

Sindy Schenk, 39 ans, vit avec sa fille, 6 ans, et son mari dans le canton d'Argovie. Cette éducatrice de formation était une enfant très rêveuse et a fait de mauvaises expériences pendant sa scolarité. Aujourd'hui , elle se reconnaît dans sa fille.

"Déjà à l'école, j'étais toujours la dernière à tout faire. Personnellement, cela ne m'a jamais vraiment dérangée, mais ma mère et le professeur étaient d'accord pour dire qu'il fallait faire quelque chose.

C'est ainsi qu'un jour - sans que je le sache - en quatrième année, un homme se tenait le matin à côté du professeur et expliquait à toute la classe que quelque chose n'allait pas chez moi. C'est pourquoi j'étais si lent et qu'il était là pour RÉPARER ! Il m'a emmené dans la salle voisine. Là, il m'a expliqué : «Ton cerveau fonctionne comme un ordinateur et il y a quelque chose de cassé dans ton cerveau. Je suis le réparateur. Imagine simplement qu'avec une nouvelle disquette, je redémarre ton cerveau».

Je me souviens encore aujourd'hui qu'après avoir retrouvé mon calme, je lui ai crié au visage avec rage : «Vous êtes fou ! Vous avez quelque chose de cassé ! Je n'ai aucun problème et j'aime être si lent».
J'ai quitté la pièce, ne comprenant pas que d'autres puissent penser que quelque chose n'allait pas chez moi. Cela a été une expérience marquante pour moi.

J'ai aimé et j'aime encore aujourd'hui ma lenteur parce qu'elle fait partie de ma personnalité. Si je suis si lent, c'est parce que je trouve dans chaque petite chose un nouveau raisonnement infini. Par exemple, lorsque je fais mes lacets, je me demande pourquoi ce nœud tient, j'imagine la mécanique qui se cache derrière, j'explore mentalement pourquoi c'est différent selon les matériaux, quel rôle joue le frottement... Je me demande qui a inventé ce nœud ... C'est comme ça pour tout dans ma vie quotidienne et je veux toujours savoir comment tout fonctionne. Mais on ne m'a jamais proposé de stratégie qui n'aurait pas simplement stoppé ma soif de connaissances, mais qui m'aurait vraiment aidé.

Aujourd'hui, je sais que si j'ai réussi, c'est parce que j'ai une très forte personnalité et que j'ai trouvé en un homme âgé avec des chevaux quelqu'un qui a apprécié toutes mes qualités positives et qui n'a jamais dit un mot sur le temps que j'ai mis pour tout faire, mais à quel point c'est formidable d'avoir accompli mes tâches avec autant de précision, même le curage.
Même si je ne voudrais pas me passer de ma lenteur et de mon caractère rêveur et paresseux, je suis consciente qu'aujourd'hui encore, je mets parfois involontairement les nerfs de mon entourage à rude épreuve. Il m'est toujours difficile d'être à l'heure et de me concentrer sur la tâche qui m'incombe, de ne pas m'égarer.

Je reconnais en ma fille de six ans une version miniature de moi-même en ce qui concerne la flânerie. Elle aussi est très rêveuse et se déplace lentement dans la vie. Ainsi, lors de l'entretien à l'école maternelle, il a également été évoqué qu'elle aurait probablement des difficultés à l'école. Maintenant, je suis face à un vrai dilemme. D'un côté, je veux qu'elle reste comme elle est. D'un autre côté, je sais quelles sont les difficultés qui en découlent. Ma plus grande crainte est qu'elle connaisse - comme moi - toutes les réponses aux tests, mais qu'elle ne puisse jamais les terminer dans le temps imparti. C'est une pression énorme.

Je me demande comment je peux soutenir ma fille sans la changer. J'espère que ses enseignants se rendront compte du potentiel qui se cache derrière son caractère rêveur : elle a déjà une grande culture générale et son raisonnement est merveilleux. En tant que mère, je veux absolument veiller à ce qu'elle ne désapprenne jamais à créer ces incroyables mondes oniriques".


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