Harcèlement moral : notre thème en juin

«J'ai entendu parler de femmes
entendu parler de celles qui se lèvent tous les matins à quatre heures,
pour avoir la paix pour travailler avant que tout ne commence dans la famille. A la longue, de telles contraintes ne sont pas supportables».

Mareike Kunter, psychologue, sur «Zeit Online».

Chère lectrice, cher lecteur
Comment un enfant devient-il une victime ou un auteur de harcèlement ? Quel rôle jouent les parents, l'école et le statut social ? «Cela peut arriver à chaque enfant», dit Françoise Alsaker, pionnière de la recherche sur le harcèlement moral en Suisse. Je n'ai pu m'empêcher de penser à cette phrase lorsque les lignes douloureuses d'un père adressées aux parents des camarades de classe de son fils me sont parvenues l'autre jour. Je reproduis cette lettre légèrement raccourcie et avec des noms modifiés.

Chers parents de la 2e classe
La semaine dernière, nous avons retiré Frederik de l'école. Nous ne savons pas quand et où il pourra reprendre les cours. Il suit une thérapie et nous espérons. J'écris ces lignes pour exprimer mon désespoir, ma déception et ma colère. Mais j'espère surtout que ce que je vais décrire contribuera à faire changer les choses dans la classe et peut-être aussi à l'école.
Frederik souffre, selon les médecins, d'un trouble post-traumatique résultant d'agressions répétées - être enfermé, être battu, être taquiné - par un groupe de garçons en 2e année. Notre fils est pris dans une spirale de peur et n'ose même plus aller chez des amis ou sur le terrain de jeu. Tout ce qu'il veut, c'est construire des grottes avec nous dans l'appartement et caresser ses poupées. Frederik, tel que nous le voyons maintenant, est un enfant complètement différent de celui d'il y a un an.
Comment tout cela est-il arrivé ?
Au début, tout semblait bien se passer à l'école. Mais il est vite apparu qu'il y avait quelques garçons sauvages qui ne cessaient de faire preuve de grossièreté physique et psychique envers les autres enfants. Frederik se sentait de plus en plus mal à l'aise. En dehors des cours, il percevait l'école comme un lieu peu sûr et pensait avec angoisse à ce qui se passait dans la cour de récréation. Par peur, le reste de la classe se soumettait de plus en plus à la hiérarchie au lieu de soutenir Frederik.
Les processus hiérarchiques font partie de l'apprentissage social des groupes et ce sont probablement aussi les méchancetés que les enfants se font entre eux. Il est essentiel pour l'apprentissage social que les enfants apprennent que la méchanceté ou la grossièreté ne sont pas tolérées par le groupe et l'environnement. Si ce n'est pas le cas, les processus d'apprentissage sont fatals. Si le cadre pour résoudre les conflits fait défaut, la loi du plus fort se développe.
Nous nous sommes adressés à plusieurs reprises aux parents des enfants dont Frederik souffrait. Nous avons souvent entendu dire que tout cela était normal, que les garçons étaient comme ça ou que Frederik était probablement aussi impliqué.
Nous et Frederik garderons malgré tout de nombreux bons souvenirs de l'école et de nombreux parents et enfants, et nous espérons rester en contact.
Rolf et Annabelle

Je ne sais pas comment se porte Frederik aujourd'hui. Je souhaite de tout cœur que ce garçon puisse bientôt retourner à l'école et faire l'expérience de la confiance, de l'attention et d'une communauté de classe intacte. Notre auteure, Virgina Nolan, a étudié dans le dossier "Tous contre un"comment le harcèlement se produit et ce que les parents et les enseignants peuvent faire pour le combattre .
Cordialement - Nik Niethammer