Conciliation de la vie familiale et de l'activité professionnelle chez les familles socialement défavorisées

La nouvelle publication «Vereinbarkeit von Familie und Erwerbstätigkeit im Kontext sozialer Benachteiligung» de l'association a:primo donne un aperçu de la situation de vie complexe des familles socialement défavorisées en Suisse.

Il n'est souvent pas facile de concilier vie familiale et activité professionnelle. Lorsque des personnes socialement défavorisées sont concernées, cela devient souvent encore plus complexe. L'association a:primo s'est penchée sur ces problèmes dans le cadre d'un mandat de projet de l'Office fédéral des assurances sociales (OFAS).
L'étude «Conciliation de la vie familiale et de l'activité professionnelle dans le contexte des désavantages sociaux » montre les défis auxquels sont confrontées les familles, tant en termes d'intégration sociale et professionnelle que de conciliation de la vie familiale et de l'activité professionnelle.
Le désavantage social est un cumul de conditions défavorables. Les familles socialement défavorisées comprennent, par exemple, celles qui sont exposées à la drogue ou à la violence, celles qui ont un faible niveau d'éducation ou de mauvaises connaissances linguistiques, ou encore celles qui disposent de revenus insuffisants. L'étude se concentre entre autres sur le bien-être de l'enfant, qui est souvent négligé dans de telles familles.
Ainsi, les enfants issus de familles à problèmes se trouvent plus souvent dans des situations de prise en charge défavorables que les enfants issus de familles sans problèmes. Le problème est que dans les familles en situation de stress, les enfants sont pris en charge au sein de la famille pour des raisons de coûts, même si les ressources physiques et en temps ne sont pas disponibles, ce qui peut empêcher un développement normal de l'enfant.
La conclusion de l'étude :
"Dans l'ensemble, il s'est avéré que les conditions générales de la société rendent difficile la conciliation de la vie familiale et de l'activité professionnelle. Un congé parental suffisamment long faciliterait l'arrivée des enfants dans la famille et la construction d'un lien sûr avec les personnes de référence proches. Les familles socialement défavorisées, en particulier, pourraient mettre en place une solution de garde viable pour leurs enfants dans la première phase suivant la naissance. Pour que cela soit possible, il faut, outre un congé parental plus long, un accès à des offres de garde d'enfants de bonne qualité et abordables".
Mais même si la conclusion n'est guère étonnante, il reste encore beaucoup à faire. Ainsi, la publication d'a:primo a notamment pour objectif de donner une voix à ces familles socialement défavorisées et de les informer sur leur situation. En outre, les données permettent d'identifier les domaines d'action dans lesquels les communes peuvent déjà contribuer à faciliter la conciliation. Et des possibilités d'adaptation à long terme des conditions-cadres à la réalité actuelle sont mises en évidence, ce qui faciliterait la conciliation pour toutes les familles - mais en particulier pour les familles socialement défavorisées.
Vous trouverez plus d'informations sur l'étude et sur les programmes spéciaux d'encouragement précoce sur www.aprimo.ch.


L'association a:primo

Depuis plus de dix ans, l'association a:primo s'engage dans toute la Suisse pour répondre aux besoins des familles socialement défavorisées ayant des enfants âgés de un à six ans. Elle a pour but de soutenir durablement et sans but lucratif l'encouragement précoce des enfants socialement défavorisés en âge préscolaire avec des offres telles que schritt:weise ou petits:pas et ping:pong.
Sur la page suivante, vous pourrez lire le témoignage d'une famille socialement défavorisée, issu de cette même étude, qui a été accompagnée par l'offre d'encouragement précoce schritt:weise de l'association a:primo.

Aperçu d'une famille schritt:weise

Serhat (tous les noms ont été changés), 35 ans, s'est installé en Suisse il y a cinq ans. Sa femme Zera et son fils Besim, aujourd'hui âgé de quatre ans, sont restés dans un village kurde syrien au milieu de la zone de combat. Il y a deux ans, Serhat a pu faire venir sa femme et Besim chez lui grâce au regroupement familial. Serhat travaille sur appel, à l'heure, comme aide-cuisinier. Son revenu ne lui permet pas d'assurer sa subsistance. C'est pourquoi la famille, qui bénéficie du statut d'asile, est soutenue par une œuvre d'entraide.
Serhat a peu de temps libre en dehors de son travail. Mais il connaît quelques compatriotes qu'il fréquente.
se rencontrent parfois. Zera, en revanche, n'a guère d'amis ici. Elle se sent très seule dans son petit appartement - aménagé de manière assez spartiate, à l'exception d'un téléviseur - dans l'agglomération urbaine. Le cours d'allemand organisé par l'œuvre d'entraide lui permet de sortir au moins quelques heures par semaine. Cette femme au tempérament pourtant bien trempé est désemparée et perdue. La professeure d'allemand s'est inquiétée pour Zera et son jeune fils et lui a recommandé schritt:weise.
La coordinatrice de schritt:weise se souvient encore très bien de la première rencontre avec Zera et Besim. Jamais elle n'avait vu un petit enfant aussi triste. Besim a vécu la guerre. Cela se lit sur son visage. Il ne pouvait pas s'engager dans des jeux, était agité et battait constamment sa mère.
Zera n'allait pas bien non plus. En Syrie, elle était avec sa famille. Tout le clan avait les yeux rivés sur le petit. En Suisse et complètement isolée, elle était pour la première fois seule responsable de Besim. Elle ne savait pas comment gérer la situation. La situation la dépassait. Serhat était constamment au travail. A la maison, il ne s'impliquait que très peu. De plus, le père et le fils se connaissaient à peine, car Serhat avait fui la zone de guerre avant la naissance de Besim.
Besim était négligé. Il passait ses journées devant la télévision ou sur son téléphone portable. La coordinatrice a envisagé de le signaler comme étant en danger. Heureusement, une bonne solution a pu être trouvée avant. Grâce à son réseau, la coordinatrice a pu organiser une place d'urgence subventionnée en crèche pour Besim. Parallèlement, la coordinatrice et la visiteuse à domicile ont aidé Zera à créer un lien avec son fils.
En peu de temps, une transformation incroyable s'est opérée. Le comportement destructeur de Besim, dû à sa négligence, s'est apaisé. Les contacts sociaux lui ont fait du bien et il est devenu beaucoup plus joyeux. Zera a pu s'engager auprès de Besim et lui a accordé plus d'attention.
Zera a perçu les changements positifs de son fils. Elle a commencé à faire confiance à la visiteuse à domicile et à la coordinatrice. Lorsque l'épaisse lettre du jardin d'enfants est arrivée dans sa boîte aux lettres, elle a demandé pour la toute première fois l'aide de la visiteuse à domicile. Auparavant, pour toute information, elle affirmait par pudeur qu'elle comprenait tout.
C'était un pas de géant pour Zera. Elle ne comprenait pas comment fonctionnaient la Suisse et l'école maternelle. Toutes ces informations la dépassaient, mais elle ne voulait pas se ridiculiser. La visiteuse à domicile a attiré l'attention de Zera sur le fait qu'en Suisse, on a toujours le droit de demander et qu'il est important de le faire.
Aujourd'hui, Besim va à la crèche trois jours par semaine, suit des cours d'orthophonie et commencera l'école maternelle cet été. La coordinatrice est confiante et pense qu'il rattrapera son retard de développement. C'est un petit garçon intelligent. Entre-temps, Besim a eu un frère qui a de meilleures chances de départ.

Source : Ce rapport se base sur des données qu'a:primo a collectées dans le cadre d'un mandat de projet de l'Office fédéral des assurances sociales (OFAS). Ce projet est financé par les «aides financières dans le cadre du crédit des associations faîtières pour les organisations familiales» de l'OFAS et permet à a:primo d'étudier de plus près la conciliation entre famille et activité professionnelle en cas de désavantage social.