«Comment dois-je réagir si mon amie se scarifie ?»

«Demande à Sarah»

Mon amie a plusieurs marques de scarification sur le bras, comme si elle s'était blessée avec un couteau. Quand je l'ai découvert, elle s'est empressée d'enfiler sa manche. Comment puis-je l'aider ? Je suis vraiment désolé pour elle. Je sais qu'elle n'a pas la vie facile à la maison.
Chiara, 14 ans

Chère Chiara
Je trouve ça bien que tu sois si attentive à ton amie. A sa réaction, tu as pu constater qu'il y avait effectivement quelque chose. On appelle cela «se scarifier», cela fait partie des comportements d'automutilation.

Certains adolescents - généralement des filles - soumis à une forte pression et en proie à de grands soucis, commencent à se scarifier. Cela peut paraître paradoxal, mais cette automutilation leur permet de se soulager pendant un court instant. Il ne s'agit pas de se faire mal en plus. Mais la douleur qui survient dès que la peau est entaillée est plus agréable que de supporter toute la pression intérieure.

Imagine que tu cuisines des pommes de terre dans une cocotte-minute. Au fur et à mesure que la température augmente, la pression devient si élevée que la soupape commence à siffler. C'est le signal qui indique que la pression a atteint son maximum. De plus, un peu de vapeur s'échappe - si la soupape ne pouvait pas évacuer l'air, la casserole exploserait à un moment donné. Mais bien sûr, tu baisses rapidement la plaque de cuisson pour que la pression diminue.

C'est exactement ce que ressent ton amie. Sauf que pour l'instant, elle n'a malheureusement pas d'autre exutoire pour se défouler. La pression psychologique est très désagréable et elle se sent probablement complètement désespérée par moments.

La meilleure chose que tu puisses offrir à ton amie, c'est une oreille attentive.

Alors, que peux-tu faire pour aider ton amie ? Aborde le sujet avec elle, comme s'il s'agissait de la chose la plus normale du monde. Par exemple : «Hé, j'ai vu que tu te scarifiais. Est-ce que je peux t'aider ? Tu veux parler de tes soucis» ?

En l'abordant de cette manière, tu lui montres que tu as reconnu son problème, sans en faire un drame. Je pense que c'est important, car sinon elle pourrait se retirer à nouveau.

Et dès qu'elle s'ouvre à toi, tu peux l'écouter. C'est la meilleure chose que tu puisses lui offrir : une oreille attentive. Ensuite, vous pourrez envisager ensemble si elle souhaite demander un soutien professionnel. Pour que sa pression diminue et qu'elle ne soit plus obligée de se scarifier, elle devrait absolument pouvoir parler de son stress, de ses peurs et de ses besoins avec quelqu'un. Apparemment, elle ne peut pas le faire chez elle, c'est pourquoi elle devrait demander une aide extérieure. Une thérapie serait judicieuse, elle se sentirait alors à nouveau mieux après un certain temps.

Une première personne de contact pourrait être l'assistant(e) social(e) scolaire de votre école. Cette personne est soumise au secret professionnel. Cela signifie que personne ne le saura si ton amie ne le souhaite pas. Propose-lui donc de l'y accompagner. Si tu n'as pas à faire le premier pas tout seul, c'est souvent utile.

Malgré toute l'amitié qui vous lie, je te demande de prendre soin de toi. Parle à tes parents ou à quelqu'un en qui tu as confiance, afin que tout cela ne devienne pas soudainement un gros fardeau pour toi.

N'oublie pas : laisse les problèmes et les soucis des autres ne t'atteindre que dans une certaine mesure et protège-toi de ce qu'ils ne te dépassent pas. Mais être empathique, serviable et attentif aux besoins d'une personne, c'est toujours permis et c'est ce qui fait la véritable amitié !