«Cela fait du bien à Justus de pouvoir parler à quelqu'un».
Je raconte
"Lorsque nous avons déménagé dans la région de Berne il y a trois ans, nous étions tous très heureux. Nous avions tous les deux un bon nouveau travail, les enfants ont rapidement trouvé leur place à l'école et Justus a même ramené quelques garçons de sa nouvelle équipe de handball à la maison dès la première semaine. Il est aussi tombé amoureux assez rapidement, si l'on peut dire à douze ans. En tout cas, il y avait une fille, Kaja*, avec laquelle il a fait beaucoup de choses et qui faisait aussi partie de sa nouvelle bande. Cela a duré peut-être un an, je pense, puis Kaja est venue de moins en moins souvent chez nous et nous avons appris par notre autre fils qu'elle sortait avec l'un des amis de Justus. Lorsque nous en avons parlé à Justus, il a réagi de manière totalement défensive. Je l'ai alors laissé faire. Il me semblait qu'il était bien entouré dans son sport, il était toujours énormément en déplacement, rien n'avait changé.
«Nous avons forcé notre fils à se rendre dans un centre de consultation. Là, on a diagnostiqué une légère dépression».
Puis un jour, son professeur l'a appelé. Justus et quelques-uns de ses amis avaient été surpris en train de fumer du cannabis dans l'enceinte de l'école. À 13 ans ! Il s'est également avéré que Justus ne jouait plus au handball depuis longtemps, il nous avait menti. Nous avons été complètement décontenancés par cet abus de confiance. J'étais très en colère, notamment parce qu'il refusait totalement d'avoir un entretien de clarification. Nous avons d'abord essayé de parler, puis de nous montrer sévères. Nous lui avons interdit de voir certains amis, il devait être à la maison au plus tard à 21 heures le week-end. Mais tout cela lui était égal, il passait outre. Notre relation s'est rapidement détériorée, nous n'avions en quelque sorte plus de contact avec notre garçon. Un de nos amis nous a fait remarquer qu'il était peut-être dépressif. Nous en avons parlé avec le psychologue scolaire, qui pensait que c'était également possible. Mais Justus ne s'est pas laissé faire. Nous lui avons complètement coupé son argent de poche et l'avons ainsi forcé à nous accompagner à un centre de consultation. Une action dont je ne suis pas très fière rétrospectivement, mais nous ne savions tout simplement pas comment nous y prendre.
Heureusement pour nous, il a trouvé la psychologue très bien et il a compris que son comportement était peut-être lié au fait qu'il n'allait pas très bien mentalement. On lui a diagnostiqué une légère dépression. Depuis un peu plus d'un an, il suit un traitement thérapeutique. Lui-même dit souvent que c'est des conneries, mais nous avons le sentiment que cela lui fait du bien de pouvoir parler à quelqu'un. Il nous semble plus équilibré et même nous parvenons de temps en temps à avoir une conversation normale avec lui".
*Noms connus de la rédaction
**Pour le dossier «Dépression» , Gabi Vogt a pu mettre en scène une série de photos avec la famille Wirth de Zurich. Les personnes qui y figurent n'ont aucun lien avec les textes de ce numéro. La photographe a déjà réalisé plusieurs dossiers pour Fritz+Fränzi.
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Stefanie* a passé son baccalauréat cet été. Ceux qui rencontrent cette jeune fille de 18 ans au caractère bien trempé ne croient pas qu'elle souffre de dépression depuis son enfance. - «Le nombre de tentatives de suicide a nettement augmenté».
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