Ce que j'ai appris de ma mère en matière de Corona
Des choses étranges se produisent grâce à Corona. Un ami dont je n'avais plus de nouvelles depuis longtemps m'a contacté par téléphone.
Il a ouvert la conversation en disant : «Je ne te demande pas comment tu vas maintenant». J'ai répondu : «Mais pourquoi pas ? Je vais plutôt bien. Et toi ?» Il m'a ensuite expliqué que les éternelles jérémiades de ses amis l'agaçaient et qu'il préférait donc ne plus rien demander du tout.
En ce qui me concerne, le téléphone est devenu ma fenêtre sur le monde et mon meilleur ami.
C'est une autre façon de procéder. Si l'on ne se sent pas très stable, il est probablement judicieux de ne pas s'encombrer des soucis des autres. En ce qui me concerne, le téléphone est devenu ma fenêtre sur le monde et mon meilleur ami. Je n'ai jamais autant téléphoné de ma vie.
Comme j'ai la chance d'être doté d'un psychisme robuste et que je peux aussi trouver des côtés positifs au lockdown de la Corona, je profite de l'occasion pour encourager les autres. Ou simplement d'écouter. Ou d'avoir des conversations normales sur Dieu, le monde et Corona. Ce qu'une voix humaine et un peu d'optimisme peuvent faire.
C'est à ma mère que je parle le plus au téléphone, c'est elle qui me sert de modèle par son énergie, son engagement envers les autres et son inébranlabilité. De plus, le lockdown a eu pour elle les conséquences les plus dures de nous tous.
Elle qui gardait chaque semaine ses petits-enfants dispersés dans toute la Suisse, qui allait au musée, au concert ou chez des amis malades, qui avait toujours quelque chose à faire, reste assise chez elle depuis des semaines et ne peut presque plus bouger de chez elle.
Cela s'explique sans doute par le fait qu'elle ne se place jamais elle-même au centre des préoccupations, mais toujours le bien-être des autres.
Elle aurait donc toutes les raisons d'être déprimée, mais elle ne l'est pas. Elle cultive son jardin, s'occupe du ménage, fait une longue promenade quotidienne en écoutant le podcast de Christian Drosten, lit et s'occupe de ses amis qui ont le plafond qui leur tombe sur la tête.
«Quand les gens me disent qu'ils s'ennuient, je me demande parfois comment ils font. J'ai toujours quelque chose à faire», me confiait-elle l'autre jour. Ce qui est sans doute lié au fait qu'elle ne se place jamais elle-même au centre, mais toujours le bien-être des autres.
Je n'en suis pas encore là, mais je lui parle aussi plus que jamais au téléphone. Presque tous les jours, nous échangeons quelques mots. Cela aussi, je le mets sur la page Corona-Plus.
Et si je peux donner un dernier conseil : Lorsque vous appelez quelqu'un, la première chose à faire est de lui demander comment il va - surtout s'il ou elle va mal. Ensuite, essayez de le rattraper. Après tout, c'est à cela que servent les amis.
C'est aussi ce que nous pouvons tous apprendre de mères comme la mienne : Celui qui se donne pour mission de s'occuper des autres ne sera jamais seul. C'est une belle consolation.
Le journal de Michèle Binswanger en un coup d'œil :
- Zeiten-Paradox im Lockdown
- Ausgehungert nach Freunden
- Lockdown-Bilanz und eine Prise Optimismus
- Frühling und die Kunst, traurig zu sein
- Reifeprüfung im Corona-Dilemma
Michèle Binswangers raconte dans son nouveau mamagblog Lockdown ce qu'elle vit au Home Office. Dès maintenant, cette mère de deux enfants blogue deux fois par semaine - le dimanche et le mercredi. Son blog apparaît sur www.tagesanzeiger.ch et www.fritzundfraenzi.ch.