10 questions sur le développement et la psychologie

Quelle est l'importance des frères et sœurs ?

Pour bien s'épanouir, un enfant n'a pas besoin de frères et sœurs. Avoir un frère ou une sœur présente bien sûr des avantages, mais aussi des inconvénients. Un enfant unique est tout simplement une variante et n'est pas une raison pour les parents d'avoir mauvaise conscience. Ce sentiment de culpabilité se nourrit plutôt de l'idée que les parents se font d'une famille ou de l'image qu'ils s'en font. On peut l'oublier sans crainte.

Les enfants uniques n'ont ni plus d'avantages ni plus d'inconvénients que les frères et sœurs. Ce qui est bien plus important pour un enfant que d'avoir un frère ou une sœur, c'est de grandir dans un environnement dans lequel il peut s'épanouir.

Jürg Frick, chercheur sur les fratries, psychologue FSP, auteur, chargé de cours et conseiller à la Haute école pédagogique de Zurich

Que puis-je faire si un enfant frappe souvent ou s'emporte ?

La gestion de ses émotions et le développement d'une instance de contrôle interne n'est apprise par les enfants qu'au cours de l'école maternelle. Ce qui apparaît aux parents comme un comportement de défi est souvent dû à une immaturité du cerveau de l'enfant, qui n'est tout simplement pas encore en mesure de contrôler certaines réactions.

Le contrôle des impulsions se développe naturellement au fil du temps. On peut toutefois aider l'enfant à développer son potentiel de contrôle de soi et de report des besoins. Pour que les enfants puissent exercer leur contrôle des impulsions, ils ont besoin d'être accompagnés par des adultes. Souvent, ils ne peuvent pas encore formuler leurs besoins, leurs impressions et leurs sentiments, c'est pourquoi ils réagissent de manière émotionnelle et physique.

Il est donc important que les parents formulent ce que l'enfant ressent. Avec la maturité, la possibilité de se mettre à la place de l'autre grandit également. «Je n'aime pas être frappé, donc mon ami n'aime pas être frappé non plus». Cette prise de conscience essentielle est plus efficace que n'importe quelle interdiction.

Moritz Daum, psychologue du développement

Quelle est l'importance de l'intervention précoce ?

La découverte de la recherche sur le cerveau, selon laquelle le cerveau humain se développe en fonction de son utilisation, conduit de nombreux parents à la conclusion erronée qu'il faut entraîner le cerveau comme un muscle. En voulant préparer leurs enfants à un monde globalisé, de nombreux parents ont attrapé un dangereux virus : la «Förderitis».

De peur que leurs enfants ne perdent le contact avec une société éducative mondialisée, ils essaient de les encourager de toutes les manières possibles : Anglais précoce, yoga pour enfants, cours de peinture et de musique se succèdent dans un calendrier serré. Ce faisant, les parents oublient que l'environnement social détermine le développement du cerveau bien plus que n'importe quel entraînement. On n'encouragera donc jamais assez les parents à prendre au sérieux le jeu de leurs enfants.

André Zimpel, chercheur en sciences de l'éducation

Les parents doivent-ils autoriser les enfants à se glisser dans le lit parental la nuit ?

Tous les parents comprennent que les jeunes enfants sont facilement en détresse et stressés lorsqu'ils sont seuls sur le chemin du sommeil. Et tous savent que les jeunes enfants ne peuvent pas non plus être seuls pendant la journée. Les avis divergent toutefois sur la manière d'aborder le sommeil. Les uns cèdent au besoin de proximité des enfants, les autres s'y opposent et misent sur une plus grande distance. Aujourd'hui encore, la réponse est très souvent la même : tu dois t'en sortir seul. Tu dois apprendre à dormir - et comme il se doit : tout seul. Le problème du sommeil semble être un héritage de l'histoire de l'humanité.

En effet, tous les êtres vivants, petits ou grands, sont d'abord confrontés à un problème de sécurité lorsqu'il s'agit de dormir : celui qui tombe dans une sorte de coma est sans protection et sans défense pendant un certain temps. Il est donc bon de poser des conditions au marchand de sable ! Nous, les grands, veillons par exemple à ce que la porte d'entrée soit fermée et qu'il ne fasse pas trop froid par la fenêtre. Nos enfants veillent à leur manière à la sécurité : ils peuvent se détendre lorsqu'ils savent qu'ils sont entourés de personnes de référence familières et protectrices.

Il n'est donc pas étonnant que les jeunes enfants soient stressés lorsqu'ils se sentent seuls sur le chemin du sommeil. Je pense qu'il est utile d'observer notre propre sommeil ; il n'y a pas une seule astuce, mais il s'agit toujours du thème de la détente, du sentiment d'un foyer de sommeil - si nous y arrivons, alors nous descendons.

Nous devrions peut-être nous souvenir du feu autour duquel nous nous sommes assis une fois et avons raconté des histoires. Est-ce que nous nous serions levés à ce moment-là et aurions mis notre enfant au lit derrière les buissons ? Et nous serions alors inquiétés de savoir quelles histoires nous étions en train de manquer ? Non, l'enfant se serait endormi à un moment donné, en plein milieu. Il aurait trouvé sa place quelque part. Cette façon de penser permet aujourd'hui encore d'aborder certaines choses de manière plus détendue, y compris pour nous-mêmes.

Herbert Renz-Polster, pédiatre et auteur de best-sellers

Quand le fils est une brute - que doivent faire les parents ?

Les affrontements physiques font partie de la biographie masculine. Il est important qu'un garçon sache faire la différence entre un combat pour le plaisir et une bagarre. Comment y parvenir ? En donnant à l'enfant une sorte de voix intérieure comme garde-fou. Et il ne l'obtient que s'il a des parents qui lui fixent des limites. Qui lui apprennent ce qui est juste et ce qui est injuste, qui lui disent qu'il doit arrêter immédiatement si l'autre dit «stop» ou «non» - et que la tête de l'autre est taboue. Interdire par principe les bagarres est à mon avis une erreur. Les enfants doivent toutefois apprendre comment gérer la situation.

Allan Guggenbühl, psychologue, psychothérapeute et expert en matière de violence

Quelle est l'importance de laisser mon enfant être un enfant ?

L'enfance est un trésor inaliénable, inviolable au sens propre du terme. Car nous ne sommes tous des enfants que pendant une partie de notre vie. Mais au fond de nous, nous vivons toute une vie en ayant été des enfants - des enfants réels, authentiques. Si nous n'accordons plus d'enfance aux enfants parce que nous préférons les rendre tout de suite aptes au travail, il est peut-être temps de nous demander : que cherchons-nous exactement dans la vie ?

Herbert Renz-Polster, pédiatre

De combien de jouets un enfant a-t-il besoin ?

En âge préscolaire, un enfant a besoin de quatre jouets au maximum. En règle générale, moins c'est plus. Toutefois, les chambres d'enfants sans peluches ni jouets sont tristes. C'est pourquoi chaque chambre d'enfant doit comporter des jouets.

Cela devient problématique lorsqu'il y a trop de jouets qui traînent. En effet, du point de vue de l'enfant, ceux-ci émettent une attente, à savoir celle de jouer avec eux. Une sur-stimulation a pour conséquence que les enfants ne peuvent pas se plonger dans leur jeu, car ils ressentent constamment cette invitation.

Les jouets idéaux sont ceux qui ne sont pas fixes, c'est-à-dire les balles ou les blocs ou les jeux de construction. Ils laissent libre cours à l'imagination de l'enfant et la beauté de ces jeux réside dans leur polyvalence: les enfants en construisent quelque chose de différent à chaque étape de leur vie. Quand ils sont bébés, ils mettent un jouet dans leur bouche, le lancent autour d'eux. Plus tard, un bloc de construction devient une voiture. Et encore plus tard viennent les jeux de rôle. En règle générale, ces jeux sont toujours meilleurs que les jeux fixes.

André Zimpel, chercheur en sciences de l'éducation

Quelle est l'importance de laisser les enfants jouer librement ?

Jouer est important parce que le cerveau humain est avant tout un organe social qui se développe par l'expérience. Les enfants savent mieux «singer» que nos plus proches parents, les chimpanzés, auxquels nous ressemblons tout de même génétiquement à plus de 98%.

Jouer n'est donc pas une perte de temps, mais la forme la plus efficace d'apprentissage social. Rien ne rend les enfants plus intelligents que de jouer en s'oubliant et en choisissant librement. En se glissant dans les rôles les plus divers ou en donnant un sens nouveau et ludique à des objets du quotidien, les enfants stimulent automatiquement leur capacité de réflexion abstraite.

Cette capacité est la condition la plus importante pour apprendre plus tard, par exemple, les sciences naturelles ou les langues étrangères. En même temps, ils grandissent de manière ludique en répondant aux attentes de leur environnement. Cela signifie qu'ils augmentent leurs compétences sociales.

André Zimpel, chercheur en sciences de l'éducation

Que faut-il pour réussir sa vie ?

Il faut trois choses pour qu'un enfant réussisse à long terme. Premièrement, un bon concept de soi. Cela signifie que l'enfant se perçoit comme une bonne personne et qu'il a confiance en lui et en ses capacités.

Le deuxième point : il doit avoir une certaine tolérance à la frustration . Autrement dit, être capable de surmonter un obstacle sans abandonner ou sans que papa et maman ne montrent comment faire.

Troisièmement, la curiosité. C'est quelque chose dont un être humain a besoin pour réussir à l'école, pour être performant et pour être motivé à apprendre. Et il devrait apprendre parce que c'est un besoin qui vient de lui et non de la pression des parents.

Ce sont les traits de personnalité sur lesquels les parents devraient mettre l'accent dans l'éducation. Mais en général, on ne s'y intéresse pas assez. On accorde trop d'importance aux capacités intellectuelles.

Margrit Stamm, professeure émérite à l'université de Fribourg et directrice de l'institut de recherche Swiss Education à Aarau

Comment les parents accompagnent-ils au mieux leur enfant dans les moments difficiles ?

Premièrement, les parents devraient être conscients qu'ils ont le droit de faire des erreurs. Personne n'est parfait, et c'est un signal important pour les enfants que de montrer l'exemple, mais aussi de pouvoir s'excuser. Celui qui assume ses erreurs obtient plus de respect, car les enfants veulent et ont besoin de parents authentiques comme modèles.

Deuxièmement, les parents devraient toujours soutenir leur enfant, quoi qu'il arrive. Il est important qu'un enfant sente et entende que ses parents l'aiment et l'accompagnent dans les moments difficiles ou lorsqu'il ne se comporte pas comme prévu.

Troisièmement, la relation est basée sur la confiance (primaire). Cela signifie que l'enfant doit savoir que ses parents sont là pour lui lorsqu'il a besoin d'eux. Une relation entre les parents et l'enfant est renforcée lorsque les parents s'intéressent premièrement au monde de l'enfant, deuxièmement parlent avec l'enfant, troisièmement par des gestes et des mimiques, quatrièmement en passant un temps précieux ensemble - cela comprend tous les moments où l'enfant veut leur dire, leur montrer, leur demander quelque chose - et cinquièmement en faisant preuve de présence.

Sarah Zanoni, psychopédagogue

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