Madame Nosetti-Bürgi, comment les familles peuvent-elles surmonter le décès d'un parent ?
Madame Nosetti-Bürgi, lorsqu'un être cher décède, c'est un coup dur. Quels sont les soucis et les problèmes particuliers d'une mère ou d'un père qui se retrouve avec ses enfants après la perte de son partenaire ?
Les mères ou les pères concernés sont confrontés à un double défi : d'une part, ils doivent lâcher prise et vivre leur propre deuil, d'autre part, ils doivent soutenir et accompagner les enfants dans leur processus de deuil. Il n'est pas rare que cela conduise à réprimer son propre chagrin ou à le mettre de côté, à cause des enfants. De plus, les tâches quotidiennes que l'on se partageait jusqu'alors doivent tout à coup être accomplies seul. C'est pourquoi le soutien de l'entourage, par exemple des parents, des frères et sœurs, des amis et des voisins, est essentiel à la survie.
Cette double responsabilité ne vous aide-t-elle pas à retrouver plus rapidement le chemin de la vie quotidienne ?
C'est vrai. La tâche d'être là pour les enfants, de devoir maintenir une vie normale, aide la plupart des personnes concernées. D'un autre côté, l'espace pour le deuil peut ainsi devenir trop étroit. Il est important que le veuf ou la veuve se crée toujours des îlots de temps pour lui-même.
Que signifie la perte pour les enfants ?
La perte de la mère est sans doute la plus grande catastrophe à laquelle un enfant puisse être confronté. En règle générale, la mère est la personne de référence la plus importante, celle avec laquelle le lien est le plus fort et qui est présente pendant la majeure partie de la vie des enfants. Elle est synonyme de sécurité, de soutien et de protection. Mais bien sûr, la perte du père est également très marquante. Si le père était très engagé et présent à la maison, le lien émotionnel avec lui est tout aussi fort. Et c'est justement pour les garçons que la figure d'identification disparaît avec lui. Le père représente la sécurité, il est le soutien de la mère. De nombreux enfants tentent de combler cette lacune ...
... et n'ont pas le temps de faire leur deuil.
Cela peut arriver. Mais en principe, les enfants - comme les adultes - font leur deuil de manière très individuelle. Certains enfants pleurent beaucoup, cherchent la proximité, d'autres se retirent plutôt, ne montrent pas de tristesse, d'autres encore jouent à la mort ou à l'enterrement. Il se peut qu'après des mois, le sujet revienne sur le tapis, que des questions soient posées. Peut-être justement au moment où le parent vivant a pris plus de distance. Le stress peut se traduire par une baisse des résultats scolaires ou par un comportement agressif. Les adolescents en particulier peuvent réagir par moments avec colère ou se réfugier dans le monde virtuel.
Comment faciliter les premiers jours, semaines ou mois des enfants ?
Les enfants ont particulièrement besoin de sécurité et de soutien pendant cette période. Une patiente m'a par exemple dit que cela avait beaucoup aidé ses enfants de pouvoir dormir avec elle aussi longtemps qu'ils le souhaitaient. En outre, les questions des enfants sur le thème de la mort devraient être traitées de manière honnête et adaptée à leur âge. Même si elles sont régulièrement posées.
Peut-on demander aux enfants et aux adolescents de se rendre au chevet d'un malade ou de faire leurs adieux à la morgue ?
Bien sûr, cela doit être décidé en fonction de la situation et de manière tout à fait individuelle. Mais en principe, les enfants doivent pouvoir assister à toutes les étapes du processus de mort et après. Cela comprend la visite au chevet du malade, les adieux au corps et l'enterrement. Cette expérience est importante et utile pour le travail de deuil. Les rituels, tels que l'allumage régulier d'une bougie pour le défunt, apportent également un soutien.
Quand cela devient-il plus facile ?
À partir de la deuxième année, de nombreuses personnes endeuillées ressentent comme une «première fine couche d'herbe» qui commence à pousser sur leur blessure. Pendant les années qui suivent, cette blessure reste toutefois très présente et toujours douloureusement perceptible, mais avec une intensité décroissante. Lorsque la perte peut être pleurée sainement, les survivants retrouvent peu à peu la joie de vivre. Car la bonne nouvelle, c'est que le deuil est notre capacité à surmonter les pertes et à retrouver le chemin de la vie.
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