«La séparation des parents peut aussi être une chance pour les enfants»

Madame Brunner, une séparation est d'abord une affaire entre conjoints. Quand faut-il en informer les enfants ?

Le bon moment est celui où les parents conviennent de se séparer. Souvent, seul l'un des parents est favorable à la séparation et souhaite l'annoncer à l'enfant.

Dans une telle situation, il convient d'essayer de trouver une solution à l'amiable en faveur de l'enfant. De manière générale, il est important pour les jeunes enfants comme pour les plus âgés que les parents les informent en permanence des changements à venir au sein de la famille. En effet, les enfants ressentent les tensions et ont également le droit de savoir ce qui se passe dans leur famille. Ils ont besoin de cette orientation. Il faut donc, d'une part, aider les enfants à y voir clair et, d'autre part, ne pas trop les inquiéter.

Avec la séparation, le quotidien d'une famille doit être réorganisé. Comment un enfant doit-il être impliqué dans ces démarches ?

Il existe en général des styles familiaux très différents : dans certaines familles, les enfants ont leur mot à dire dans de nombreux domaines ; dans d'autres, les parents règlent beaucoup de choses entre eux et les enfants s'y sentent bien. Mon conseil est de conserver le style habituel, même dans une situation de séparation.

Les conflits entre les parents ne doivent pas se transformer en «guerre».

De mon point de vue, le problème bien plus important est lorsque les parents n'arrivent pas à se mettre d'accord sur la nouvelle organisation, envoient des signaux différents aux enfants et les tirent dans tous les sens. En principe, il est recommandé d'impliquer l'enfant dans une phase de séparation. Il ne devrait jamais avoir l'impression que tout est décidé au-dessus de sa tête. D'un autre côté, il ne doit pas non plus penser qu'il doit supporter des décisions qui relèvent en fait des parents.

Dans le cadre de votre activité à l'Institut Marie Meierhofer, vous soutenez des familles séparées. Quelles erreurs les parents doivent-ils éviter ? Et quelles chances peut offrir un processus de séparation ?

Les conflits entre les parents ne doivent pas se transformer en «guerre». Si l'on en arrive là, c'est surtout parce que la capacité de mentalisation fait défaut dans les situations difficiles : En cas de conflit, nous avons beaucoup de mal à réfléchir calmement, à nous mettre à la place d'autres personnes et à faire preuve de compréhension.

Et cela se produit lors d'une séparation, précisément au moment où les enfants ont le plus besoin de soutien et d'orientation. Les enfants souffrent également lorsque les parents essaient de balayer leurs conflits sous le tapis et qu'il règne une mauvaise ambiance sous-jacente. En revanche, une séparation permet souvent de clarifier les choses, de reprendre son souffle et d'apporter plus de calme à toutes les personnes concernées. Sur le plan émotionnel, les enfants constatent que leur relation avec leur mère et leur père est renforcée. Ils peuvent également tirer profit d'une séparation pour leur développement : Par exemple, la nouvelle situation de logement peut offrir plus de liberté et les enfants se voient confier plus de responsabilités.