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A la maison

Temps de lecture: 8 min

A la maison

Au foyer pour enfants Sonnhalde à Münsingen BE, les enfants et les jeunes doivent trouver un foyer sûr lorsque leurs parents ne peuvent plus leur offrir. Beaucoup n'y restent que quelques mois ou quelques années, d'autres y passent toute leur enfance. Une visite à domicile.
Texte : Evelin Hartmann

Photos : Ruben Hollinger/ 13 Photo

Les figurines de Star Wars sont alignées sur le buffet comme des soldats de plomb. Le bureau est bien rangé, les cahiers d'école sont posés sur le dessus et un poster représentant une carte du monde est accroché au mur. Fabio*, 11 ans, est assis dans sa chambre. Dans le monde qu'il partage avec son frère de 13 ans depuis que la police a sonné un après-midi. «Nous étions en train de jouer et nous avons dû partir immédiatement», se souvient-il. Il sait que ses parents se sont alors séparés. Depuis, le tribunal se dispute la garde des enfants, car tous deux veulent les avoir avec eux. Les frères ne sont à la maison que le week-end et pendant les vacances.

Des maisons individuelles, un père, une mère, un, deux, parfois trois enfants. Ils s'ébattent dans des jardins aménagés avec amour, sautent sur leur trampoline, jouent au football. C'est ainsi que se présente la commune de Münsingen, située à 15 kilomètres au sud-est de Berne. C'est justement ici que s'insère un autre bâtiment dans le voisinage, dont les habitants ne connaissent - et n'ont parfois jamais connu - une vie de famille intacte que par le passé : le foyer pour enfants Sonnhalde.

Le quotidien d'une famille XL au lieu d'immenses dortoirs, d'une nourriture médiocre, de brimades ou de violences.

«Pas chez soi, mais chez soi ...», la devise de la maison figure sur le grand panneau à côté des armoiries de l'Armée du Salut, l'organisme responsable de l'établissement. En cas d'occupation complète, 24 garçons et filles âgés de quelques jours à la fin de leur formation sont hébergés ici dans trois groupes de vie. Pour les jeunes à partir de 16 ans, cinq chambres sont disponibles dans le bâtiment principal. Il y a également un terrain de basket, un terrain de football, une piscine, un jardin avec trampoline, bac à sable et bascule.

D'immenses dortoirs, une nourriture médiocre, des brimades, des abus, de la violence - le foyer pour enfants Sonnhalde n'évoque pas les sombres images d'antan que beaucoup de gens ont encore en tête lorsqu'ils évoquent le foyer pour enfants. Au contraire, la vie ici rappelle le quotidien d'une famille XL. «Ouvert en 1967, le foyer pour enfants a été l'un des premiers en Suisse à être conçu selon le système dit familial», explique Pascal Jermann, directeur de l'institution. Ce quartier a donc été délibérément choisi pour l'implantation du foyer.
D'ailleurs, beaucoup de choses ressemblent à des structures familiales «normales». Les groupes d'habitation, répartis sur trois appartements, restent entre eux pendant la journée, sont d'âges mélangés et se réunissent à chaque repas autour de la table de la cuisine. Il y a un salon avec une étagère et une multitude de jeux de société, ainsi qu'une télévision qui n'est allumée qu'à certaines heures. Des règles familiales, en somme. On dort à l'étage, dans des chambres à un ou deux lits. Pascal Jermann : «Si trois frères et sœurs viennent ensemble chez nous, il est possible de rajouter un lit».

«Je dors en haut», dit Fabio en montrant le lit superposé, en dessous duquel se trouve son bureau. Est-ce qu'il se plaît ici ? Le garçon hausse les épaules. Où préférerait-il vivre ? Il n'a pas besoin de réfléchir longtemps : «Chez maman». Il est souvent triste. Et il en va de même pour son grand frère. «Reto* n'arrive souvent pas à dormir la nuit, alors il vient me rejoindre dans le lit», dit Fabio. A deux, on est moins seul. «Mais je ne serai heureux que lorsque nous serons chez maman». On ne sait pas quand ce sera.

Le terrain de basket-ball du foyer est le lieu de rencontre privilégié des garçons après l'école.
Le terrain de basket-ball du foyer est le lieu de rencontre privilégié des garçons après l'école.

Pascal Jermann sait que toutes les procédures de protection de l'union conjugale n'ont pas cette ampleur. Souvent, les dispositions sont prises après quelques semaines ou mois, les parents se sont mis d'accord. «Dans les cas plus graves, où des accusations de maltraitance d'enfants doivent en outre être formulées et clarifiées à l'encontre de l'ex-partenaire, où les fronts entre les parents se sont durcis au point que les autorités estiment que la pression psychique sur les enfants est trop grave, un placement en institution peut être une solution temporaire». Seulement, il est souvent impossible de savoir combien de temps durera cette guerre des roses. Fabio et son frère vivent depuis deux ans dans un foyer pour enfants.

Les enfants et les jeunes sont souvent envoyés par les autorités de protection de l'enfant et de l'adulte (APEA). Dans la plupart des cas, les mères souffrent de troubles psychiques, de problèmes de dépendance et ne peuvent plus assurer le bien-être de l'enfant. Pascal Jermann : «La plupart du temps, les pères ne sont déjà plus présents à ce moment-là». Le deuxième groupe le plus important est constitué par les cas issus de l'immigration, pour lesquels les bases de vie ne sont pas sûres, on ne sait pas si les parents peuvent rester dans le pays et pour combien de temps. Et puis il y a justement les procédures de protection du mariage, où les enfants ne doivent pas être exposés aux contraintes.

L'âge des nouveaux arrivants au foyer pour enfants Sonnhalde est en moyenne de cinq à sept ans. C'est alors que les enfants entrent au jardin d'enfants et à l'école en Suisse et que le pédagogue remarque qu'une fillette arrive chaque jour affamée en classe ou qu'un garçon porte, même en plein été, des T-shirts à manches longues sous lesquels se cachent des bleus. Pascal Jermann : «Dans ce contexte, le placement en foyer est toujours sous-optimal». Si l'on en croit des experts comme lui, les enfants devraient retourner le plus vite possible dans leur famille ou éventuellement dans des familles d'accueil, des proches ou, dans le cas de jeunes plus âgés, par exemple dans des colocations d'entreprises d'apprentissage. C'est l'idéal. La réalité est différente. Les enfants et les adolescents vivent six à huit ans au foyer pour enfants Sonnhalde, certains y passent toute leur enfance et leur adolescence.

Certains résidents passent toute leur enfance au foyer pour enfants Sonnhalde.

Alexandra Barton se tient à la fenêtre et regarde ses protégés jouer. L'éducatrice sociale dirige le groupe Saphir. Au foyer pour enfants Sonnhalde, les groupes de vie portent le nom de pierres précieuses. Une équipe de six éducateurs sociaux est responsable de chaque unité de vie. Pendant la journée, deux éducateurs aident chaque groupe à gérer le quotidien, et même la nuit, il y en a toujours un qui est là si l'un des bébés pleure ou si des fantômes se glissent dans les rêves des enfants.

Pour Alexandra Barton, le plus grand défi réside dans le fait que des caractères si différents se rencontrent et que chaque enfant apporte sa propre histoire, «que nous ne connaissons pas du tout en détail au début», dit-elle. Il est clair que de telles histoires laissent des traces, comme des difficultés d'apprentissage et d'attention, des anomalies dans le comportement social, ce que l'on appelle des symptômes de stress. Les enfants doivent être particulièrement bien accompagnés au quotidien, mais ils ne souffrent pas de troubles psychiques graves. Le foyer n'est pas conçu pour cela. Les résidents fréquentent l'école ordinaire à Münsingen et à Berne.

Alexandra Barton est consciente que la mère ou le père manque à beaucoup de ses protégés. «Certains les regrettent toute leur vie». Elle ne pourra jamais les remplacer. L'éducatrice sociale ne le souhaite d'ailleurs pas. «Nous ne voulons pas entrer en concurrence avec les parents», dit-elle. Ce ne serait pas professionnel. Et pourtant, les enfants de la maison d'enfants doivent avoir une vie aussi agréable que possible. Pour l'anniversaire, chaque animateur et chaque enfant confectionnent une carte pour l'enfant qui fête son anniversaire, il y a des sucreries, le plat préféré et bien sûr - des cadeaux.

Alexandra Barton ne pense pas que les enfants et les jeunes soient désavantagés par cette adresse - par exemple lorsqu'ils cherchent une place d'apprentissage. Néanmoins, l'institution les soutient dans leur recherche d'emploi. Comment rédiger une candidature, réussir un entretien d'embauche ? Lorsqu'ils font le pas vers l'autonomie, les jeunes sont pris par la main. A leur départ, ils peuvent marcher seuls. Un logement encadré n'est alors généralement pas nécessaire, estime Pascal Jermann.

A 16 heures, Reto, le frère de Fabio, sort de l'école, il pose son sac à dos dans un coin. Aujourd'hui, il doit faire des recherches sur l'ordinateur pour l'école. Ensuite, il sortira pour jouer au basket, jusqu'à ce qu'on l'appelle pour le repas du soir - une journée presque comme dans une famille normale.

* Nom modifié par la rédaction.

Ce texte a été initialement publié en allemand et traduit automatiquement à l'aide de l'intelligence artificielle. Veuillez noter que la date de publication en ligne ne correspond pas nécessairement à la date de première publication du texte. Veuillez nous signaler toute erreur ou imprécision dans le texte : feedback@fritzundfraenzi.ch