Respecter les limites des enfants

Respecter l'intégrité d'un enfant signifie deux choses : respecter les limites de l'enfant et reconnaître ses besoins élémentaires. Tu peux connaître les limites de l'enfant simplement en l'observant. De la naissance à sept mois, il ne peut être en dialogue que s'il est en contact très intime avec toi.

Si tu tiens un enfant dans tes bras et qu'au bout d'un certain temps, il ne te regarde plus mais détourne le regard, cela signifie qu'il en a assez. Et si tu ne comprends pas ou ne respectes pas son signe, il détournera ensuite toute sa tête de toi. Et ce geste ne signifie certainement pas «Je veux plus !», mais "J'ai besoin d'une pause ! Après une pause, tu pourras alors reprendre contact. Mais si tu passes également outre ce geste, ne t'étonne pas que l'enfant se mette à crier.

C'est une très bonne période pour faire son autocritique, par exemple : Quand est-ce que je fais des choses pour être un bon père et quand est-ce que je suis vraiment un bon père sans vouloir l'être ? Ton enfant te le signalera immédiatement si tu l'observes et le respectes. Mais si tu ne le respectes pas, il se retirera complètement dans son monde intérieur et s'isolera, ou bien il pleurera sans cesse - c'est ce qu'on appelle les «hurleurs».

Quand est-ce que je fais des choses pour être un bon père et quand est-ce que je suis vraiment un bon père sans vouloir l'être ?

Avec chaque enfant, tu dois réapprendre où sont ses limites. Certains aiment être très physiques, d'autres non : ils veulent certes être avec toi, mais si tu les tiens trop fort, ils n'aiment pas ça. En tant qu'adulte, tu dois respecter les deux et t'engager avec l'enfant en fonction de ses besoins. Car si tu penses que tu dois toujours le serrer contre toi, uniquement parce que tu as envie de plus de contact physique, tu abuses de lui.

Être authentique plutôt que poli

Plus tard dans la vie, nous apprenons à connaître les limites des autres en les franchissant. Il n'est donc pas indiqué d'être trop prudent, mais nous devons toujours rester conscients de ce qui se passe !

D'ailleurs, il y a là aussi des différences culturelles. Par exemple, au Danemark, si je rencontre une famille dans la rue et que je connais déjà les enfants, ils vont me regarder et les parents vont tout de suite dire : «Tu ne dis pas bonjour ?» Les parents ne se rendent même pas compte qu'ils franchissent ainsi une frontière, car les enfants m'ont regardé et m'ont dit bonjour de cette manière. Je les connais et je sais ce qu'ils veulent me dire par leur comportement. Mais les parents paniquent, car ils pensent que cela ne correspond pas aux normes sociales. Je renonce volontiers à un «Bonjour, content de te voir !», les yeux des enfants m'en disent plus long.

Si la même situation se produit en Croatie ou en Italie, où les gens sont généralement plus proches physiquement, les parents obligeront même les enfants à m'embrasser. Et tu peux voir sur le visage de nombreux enfants qu'ils n'aiment pas du tout ça. Alors, pourquoi m'embrasseraient-ils et pourquoi voudrais-je qu'ils m'embrassent ? Après tout, je suis un étranger pour eux et ce qu'on attend d'eux est un acte intime. Mais les parents voient les choses différemment : pour eux, cela fait partie des conventions et c'est comme un rituel social - ils n'y pensent pas du tout, mais sont très étonnés quand ils entendent parler de moi : «Je ne veux pas que les enfants m'embrassent». Ce faisant, j'exprime aussi ce qui suit : Pourquoi sommes-nous ici ? Pour parler sérieusement entre nous ou pour être simplement gentils ?

Les enfants de moins de huit ans veulent posséder leurs parents 24 heures sur 24. Il faut donc leur fixer des limites.

Les enfants doivent embrasser toute une armée de tantes et d'oncles - pourquoi ? De cette manière, on dépasse leurs limites, car les enfants veulent faire une différence : Ils aiment bien un oncle, ils l'embrassent donc sans y être invités, mais pas l'autre. Et si tu observes cela chez tes enfants, tu dois le respecter.

Je ne dis pas que tu ne dois pas toucher les enfants et que tu dois planer dans la peur de violer leurs limites - non, touche-les, mais si tu reçois d'eux un message très précis, respecte-le.

Les enfants doivent dépasser les limites

Nos limites en tant que parents doivent d'ailleurs être respectées de la même manière. Tout d'abord, les enfants dépassent constamment nos limites. Et il est important qu'ils le fassent, car sinon comment les enfants pourraient-ils savoir ce que sont les limites et que chacun d'entre nous a des limites ? Les enfants de moins de huit ans préfèrent posséder leurs parents 24 heures sur 24. Tu dois donc leur fixer des limites et leur dire : «Je ne peux pas m'occuper de toi maintenant». Et ils ne te lâcheront pas et reviendront encore et encore : «Joue avec moi» ! - Et tu dois t'y tenir : «Je ne peux pas maintenant, mais j'aimerais beaucoup jouer avec toi plus tard» ! En disant cela, on ne blesse pas l'enfant, on le blesse seulement en le critiquant. Les enfants seront peut-être déçus, voire choqués, mais ils l'accepteront et l'intégreront. C'est différent si tu les blâmes et les déclares coupables : «Tu ne vois pas que je suis occupé ? Comment peux-tu, vilain garçon !». De cette manière, tu les blesses en effet.

Je me souviens encore de la situation suivante, il y a 50 ans : Mon père rentre du travail, il s'assied à la table et lit son journal. Or, quand j'étais petit garçon, je voulais qu'il me lise un passage de mon livre de contes. Je m'approche donc de lui, je lui demande, et que se passe-t-il ? Il ne me regarde même pas, il regarde ma mère. Et celle-ci sait immédiatement ce que ses yeux communiquent : «Enlève-le, il me dérange» ! En tant que «bonne femme», elle m'aurait même arrêtée sur le chemin pour me dire d'un ton de reproche : «Tu ne vois pas que ton père lit le journal ? Tu ne dois pas le déranger !» De telles phrases blessent !

Il est important que nous passions d'un langage social standard à un langage personnel dans nos contacts avec les enfants.

Autrefois, il était courant que les enfants soient réprimandés pour avoir voulu entrer en contact avec les adultes. Quelle terrible annonce - tu n'as pas vu ton père depuis dix heures, et maintenant tu vas vers lui, et en plus tu te fais insulter et traiter de «mauvais garçon» ! Comment les enfants ne seraient-ils pas désorientés ? Les adultes ne sont-ils pas des êtres contradictoires ? Ils te demandent d'embrasser des inconnus, mais si tu veux t'approcher de ton propre père, ils ne le permettent pas. Les parents se comportent de manière froide et distante et donnent à l'enfant le sentiment qu'il n'est pas à sa place - et c'est le pire ! C'est pourquoi il est si important de développer un langage personnel - au lieu de dire «Tu me déranges !», il faut dire «Je ne veux pas te faire la lecture maintenant» !

Mais les adultes ont également du mal à parler un langage personnel entre eux et deviennent très vite impersonnels. Lorsqu'un homme sort pour la première fois avec une femme et qu'il veut d'elle plus qu'elle ne peut donner, elle se réfugie derrière la phrase : «Tu ne peux pas faire ça». - «Pourquoi ? Qui es-tu pour me dire ce que je peux faire» ? Ou bien elle dit : «On ne fait pas ça aux femmes !» - «Quel «on» ne fait pas ça aux femmes ?» - Dans une telle situation, l'homme et la femme peuvent se perdre dans des discussions sans fin. En revanche, si la femme disait personnellement : «Je ne veux pas faire ça !», il n'y aurait rien à discuter - personne n'aurait raison, personne n'aurait tort. C'est comme ça ! Elle ne veut pas, et il doit le respecter.

Il est très important, surtout dans le contact avec les enfants qui, en fin de compte, apprennent de nous ce que sont les limites et ce que signifie l'empathie, que nous passions d'un langage social standard à un langage personnel.

En savoir plus sur les limites et l'estime de soi :

• 7 Tipps, wie Sie das Selbstwertgefühl Ihres Kindes stärken
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• Frau Garibovic, brauchen auch «einfache» Kinder Grenzen?
  Viele Mütter und Väter sind heute verunsichert und kommen ihrer Verantwortung als Eltern nicht nach, sagt Sefika Garibovic, Expertin für die Nacherziehung schwieriger Jugendlicher.

Jesper Juul (1948 - 2019)

Prenez votre enfant au sérieux - traitez-le avec respect. Les enfants n'ont pas besoin de limites - mais de relation. Les parents ne doivent pas être conséquents - mais crédibles.

Le thérapeute familial danois Jesper Juul a marqué les gens comme aucun autre au cours des dernières décennies avec ses principes d'éducation et de relation.

Le fondateur de familylab, un réseau de conseil pour les familles, et auteur de plus de 40 livres («Ton enfant compétent», «De l'éducation à la relation») est décédé le 25 juillet à l'âge de 71 ans des suites d'une longue maladie à Odder, au Danemark. Il s'est marié deux fois et laisse derrière lui un fils issu d'un premier mariage et deux petits-enfants.

Les chroniques de Jesper Juul sont réalisées en collaboration avec familylab.ch