«Les personnes hypersensibles peuvent être timides et extraverties»
Madame Huber, qu'est-ce qui distingue les enfants ultrasensibles des autres enfants du même âge ?
Tout d'abord, tous les enfants sont sensibles au début de leur vie. Mais certains enfants ont des prédispositions neuronales qui les rendent plus sensibles dans leur perception et leur pensée. Les hypersensibles sont beaucoup plus ouverts aux stimuli que les autres. Cela signifie en même temps que le cerveau a besoin de plus de temps pour traiter toutes les impressions sensorielles. Cela peut conduire à une surcharge de stimuli. Conséquence : les enfants concernés sont souvent plus remuants, plus en retrait et se fatiguent plus vite.
Comment vivez-vous les enfants ultrasensibles dans votre pratique ?
Souvent, ils aspirent à plus de calme intérieur (mental) et sont profondément reconnaissants pour la compréhension. Pour les enfants ouverts aux stimuli, notre environnement qui évolue rapidement et produit constamment des stimuli est un défi encore plus grand que pour la plupart d'entre eux. S'orienter, trouver un appui et ne pas s'épuiser est particulièrement éprouvant pour eux. Il en va d'ailleurs de même pour les adultes hypersensibles.
Certains pensent que les enfants et les adolescents diagnostiqués avec l'AD(H)S sont en fait des personnes extraverties très sensibles. Quelle est votre expérience à ce sujet ?
Je ne peux pas dire que le type hyperactif hypersensible est en soi extraverti et que le type hypoactif est seulement introverti. Il existe de nombreuses manifestations différentes. Les variantes semblent être aussi nombreuses que l'être humain lui-même. De nombreux hypersensibles se décrivent comme timides - mais dans certaines situations, ils sont parfois extravertis. Cette ambivalence est frappante et il n'est pas rare de la retrouver chez les artistes.
La distinction entre le TDAH et l'hypersensibilité n'est pas toujours aussi simple.
L'AD(H)S chez l'enfant fait l'objet de plus de recherches que l'hypersensibilité. Dans ce domaine, la recherche en est encore à ses débuts. De plus, les spécialistes sont divisés sur la question de l'«hypersensibilité». Les uns tiennent compte de son existence autonome ou la considèrent au moins comme une manifestation partielle du trouble AD(H)S. Les autres sont d'avis que l'hypersensibilité n'est qu'une autre appellation de l'AD(H)S et qu'elle s'apparente à un battage médiatique visant à «éviter» un diagnostic de TDAH.
Pourquoi les parents veulent-ils éviter un diagnostic de TDAH ?
Pour simplifier, le diagnostic de TDAH est souvent pesant pour les parents, alors que les parents d'enfants qualifiés d'hypersensibles sont plutôt fiers de pouvoir élever un enfant «hors du commun». Mais les problèmes éducatifs ou scolaires qui peuvent survenir chez les personnes concernées par les deux «diagnostics» sont souvent similaires, selon mon expérience.
«Les parents d'enfants qualifiés d'ultrasensibles sont plutôt fiers d'élever un enfant «extraordinaire»».
Vous coachez également les parents et les enseignants d'enfants ultrasensibles et d'enfants souffrant de TDAH. Que leur conseillez-vous ?
Les parents et les enseignants doivent veiller à ne pas transmettre inconsciemment l'idée que les enfants concernés ont un «problème». Ce que je veux dire par là, c'est que si les parents et les enseignants encouragent les points forts et les talents, l'enfant et l'adolescent hypersensibles adoptent une attitude positive. Cela renforce l'estime de soi et la résistance. En revanche, si trop de feedbacks négatifs ou de rejets s'abattent sur l'enfant, il cultive le mauvais comportement et l'échec. Les enfants, les adolescents et les jeunes adultes particulièrement sensibles se désespèrent de ne jamais pouvoir faire les choses «correctement».
Quels conseils donnez-vous aux enfants et aux adolescents très sensibles ?
D'après mon expérience, un séjour dans la nature est très bénéfique pour les enfants et les adolescents hypersensibles. Les activités créatives, comme la musique, l'art ou le sport, loin de la pression de la performance, favorisent également la stabilité physique et psychique. De cette manière, les hypersensibles se créent des lieux de retraite où ils peuvent se ressourcer et faire le plein d'énergie. Mais il ne s'agit pas de s'isoler. Au contraire : je recommande d'entretenir le contact avec des personnes du même âge afin de renforcer le sentiment d'appartenance. En outre, les personnes concernées peuvent également entraîner leur capacité de concentration et leur perception de soi en suivant un entraînement à la pleine conscience ou en pratiquant des arts martiaux asiatiques.
