«L'adolescence est une période particulièrement vulnérable !»

Monsieur Rutishauser, l'adolescence est une période de grands changements. Quelles sont les principales étapes du développement ?

L'adolescence peut être grossièrement divisée en trois phases : l'adolescence précoce, l'adolescence moyenne et l'adolescence tardive. Le début de l'adolescence est marqué par les premiers changements physiques de la puberté, ce qui remplit les uns de fierté et les autres d'anxiété. La capacité à penser de manière abstraite se développe également progressivement au cours de cette phase. Au milieu de l'adolescence, les réseaux de relations sociales ainsi que le rapport à la sexualité, entre autres, se modifient. La remise en question croissante des valeurs parentales est certes parfois source de sueurs froides pour les parents, mais dans le cadre du processus de détachement et du développement de l'autonomie, c'est une nécessité qui favorise fondamentalement le développement. Ce n'est souvent qu'à la fin de l'adolescence, donc bien plus tard que les parents ne le souhaiteraient, que la formation prend de l'importance pour la personne adolescente.

Vous vous occupez d'adolescents chez qui cette phase de développement est source d'incertitude et d'angoisse. Quelle est la gamme de symptômes et de troubles que vous observez ?

Je tiens tout d'abord à souligner que 80% des jeunes traversent l'adolescence sans dommage, c'est-à-dire sans troubles majeurs. Pourtant, l'adolescence est une phase particulièrement vulnérable : de nombreux troubles psychosomatiques et psychiatriques ne se manifestent qu'après l'adolescence. Nous traitons à l'hôpital pour enfants de Zurich de nombreux adolescents présentant un chevauchement de troubles psychiques et physiques : par exemple des troubles alimentaires, une fatigue chronique, des syndromes douloureux et des troubles dits de somatisation, c'est-à-dire des troubles physiques sans cause physique. Le traitement de ces jeunes nécessite généralement un travail d'équipe interprofessionnel.

Comment les parents ou même les enseignants peuvent-ils soutenir les jeunes à l'adolescence - et qu'est-ce qui a un effet contre-productif ?

Le plus important est de soutenir l'enfant dès son plus jeune âge en adoptant un style d'éducation empathique et en lui témoignant de l'estime afin de favoriser l'estime de soi. Il est contre-productif que les parents se concentrent en premier lieu sur les performances et transmettent leur ambition aux enfants. Un comportement surprotecteur est également peu propice à un développement normal. Les enseignants devraient veiller à séparer strictement l'évaluation des performances de l'estime de la personne dans leurs relations avec les enfants et les adolescents.