«La situation en Chine est effroyablement normale»

Série : Familles et Corona dans le monde - Partie 11

Stephan* vient de Berne et travaille pour une entreprise européenne dans le domaine de la technique médicale et du conseil. Sa femme Mia* est chinoise et ils vivent à Shanghai depuis 2008. Leurs deux petites filles ont 7 et 4 ans.

Quelle est la situation actuelle avec le coronavirus dans votre pays ?

La situation ici à Shanghai est presque effrayante de normalité. Les seuls «rappels» à la pandémie mondiale sont en fait les informations internationales et les masques dans les transports publics.

Quand je regarde le «reste du monde», il est presque incroyable de voir à quel point tout le second semestre 2020 a été normal. Nous avons en effet été les premiers à être confrontés à cette nouvelle situation. Fin janvier (2020) - juste au moment des fêtes (chinoises) -, du jour au lendemain, plus rien n'était comme avant. Je pense que ce sont surtout les souvenirs du SRAS qui ont incroyablement effrayé les gens. Et les images de Wuhan étaient déjà presque apocalyptiques. Ici, il n'a donc pas été nécessaire de convaincre les gens de «rester chez eux». Mais les gens sont aussi fondamentalement très pragmatiques - faire une pause, s'asseoir - et passer à autre chose.

A Shanghai, cette situation d'exception extrême a été assez brève, grâce aux restrictions sévères et à la discipline des gens. Il n'y a pas eu de «lockdown» en soi, mais en février, les gens sont restés volontairement trois semaines à la maison. Vers le mois d'avril, la normalité était déjà majoritairement revenue, pas à pas. Nos filles sont retournées à l'école depuis mai. Selon la province, les enfants sont allés à l'école plus tôt ou plus tard. A Shanghai, les directives des autorités éducatives sont certes uniformes pour toutes les écoles, mais elles sont apparemment «interprétées» de manière différente. L'école de ma fille aînée nous demande chaque jour une déclaration signée concernant les symptômes, la température et la dernière entrée à Shanghai, l'école de la petite n'exige rien du tout. Pour les voyages à l'intérieur du pays, l'école de la grande n'a plus de restrictions depuis octobre, celle de la petite n'en avait déjà plus depuis mai.
La Chine a divisé le pays en zones de danger faible, moyen et élevé, et les voyages dans les zones de danger moyen et élevé sont soumis à certaines restrictions. Actuellement, tout le pays se trouve dans la zone «basse». Shanghai, par exemple, a connu quelques cas début novembre, a été classée «moyenne» et les voyages en provenance et à destination de Shanghai étaient également très limités en Chine. Les voyages à l'étranger sont en principe possibles, le retour en Chine est simplement difficile.

Comment se présente la situation professionnelle chez vous ?

Chez moi, la situation professionnelle est encore assez limitée. Comme je travaille pour une entreprise européenne et que je suis responsable de la Chine, la pandémie est encore présente tous les jours. D'une part, je ne peux pas voyager à l'international en ce moment, d'autre part, nos collaborateurs de l'étranger ne peuvent pas nous rendre visite et ne peuvent donc pas nous apporter un grand soutien. Notre travail repose en grande partie sur des contacts en face à face avec les clients et sur la confiance, qui ne peuvent pas être entretenus de la même manière par des réunions en ligne.
Mais dans l'ensemble, nous avons eu une année étonnamment bonne et même nettement plus de travail que l'année dernière.

Comment la garde des enfants est-elle organisée ?

L'école et le jardin d'enfants de nos deux filles sont des écoles à plein temps, avec un début à 7h30 et une fin à 17h. En règle générale, j'emmène les enfants - la grande au bus scolaire, la petite au jardin d'enfants - avant de partir au travail. Ma femme fait le pick-up l'après-midi. Elle travaille dans le domaine de l'investissement.
Corona a presque simplifié la garde des enfants, car nous pouvons tous les deux faire du télétravail de temps en temps sans trop d'explications.

À quelle distance se trouve Corona ? Avez-vous vous-même déjà été placé en isolement ou en quarantaine ?

Au début, Corona était soudain incroyablement proche. Aujourd'hui, ce n'est presque plus qu'un souvenir. Nous n'étions pas en isolement ou en quarantaine - sauf celle dans laquelle tout le monde était. Comme nous n'avions pas quitté la Chine cette année, il n'a jamais été question non plus de quarantaine «de retour».

Noël approche : savez-vous déjà comment vous allez le fêter ?

Nous fêterons Noël à la maison, à Shanghai, avec des amis et des voisins. Noël en Suisse ne sera pas possible cette année. Aussi parce que nos enfants sont à l'école internationale, tout le mois de décembre a été presque comme en Europe avec le Père Noël, les Grittibänz et le calendrier de l'Avent. Les petits comptent chaque jour jusqu'à Noël et se réjouissent incroyablement.

Comment vivez-vous la situation dans son ensemble : Corona a-t-elle ouvert des portes inhabituelles à la vie de famille ou a-t-elle plutôt été une source de stress supplémentaire ?

Cette année, nous avons eu beaucoup plus de temps ensemble et les uns pour les autres en tant que famille. D'une part, comme nos voyages d'affaires étaient massivement limités, ce facteur a disparu, ce que nous avons beaucoup apprécié, et d'autre part, le bureau à domicile a prolongé le temps passé à la maison. Ma femme et moi étions à la maison tous les week-ends cette année - ce qui ne nous était encore jamais arrivé.

Nous avons également apprécié les relations avec notre environnement proche. Cela fait maintenant huit ans que nous habitons dans le même quartier - comme d'habitude dans les grandes villes, sans grand contact avec les voisins. Cette année, les gens se sont occupés les uns des autres et se sont soutenus comme jamais auparavant et nous avons noué de nombreuses amitiés avec des personnes que nous connaissions vaguement, mais avec lesquelles nous n'avions jamais vraiment parlé.
Avec le recul, je pense que la différence réside surtout dans le fait que les gens ont passé du temps ensemble, ce qui a permis de créer davantage de proximité, d'intimité et d'amitiés. Mais 2020 a aussi nécessité beaucoup plus de coordination, de flexibilité et d'égards, ce qui n'a certainement pas toujours été facile, mais que nous pouvons retenir pour l'avenir.

Que souhaitez-vous pour 2021 ?

Revoir ses amis et sa famille, et pas seulement par vidéocall.
* Noms connus de la rédaction
C'est la dernière partie de notre série Les familles au quotidien dans les Corona du monde entier. Vous pouvez lire ici tous les portraits de famille publiés jusqu'à présent : Familles et Corona dans le monde.

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