Mon mari Romain et moi avons tous les deux 37 ans. Je travaille comme traductrice indépendante dans un bureau à domicile et Romain est le gérant d'une petite entreprise qui installe des murs de miroirs dans toute la France(miroir-sport.com).

Nous nous sommes rencontrés il y a 12 ans à Paris, j'y avais fait mes études, il est parisien pure souche. Il y a neuf ans, nous avons déménagé en Bretagne, dans une petite station balnéaire de la côte sud, confortablement endormie en hiver. C'est là que sont nés nos trois garçons, Martin, 8 ans, Lucien, 4,5 ans et Antoine, 2,5 ans. Ma mère, qui habitait déjà à proximité, est venue s'installer chez nous au premier lockdown - d'abord temporairement, mais nous avons rapidement trouvé un équilibre agréable pour tous et elle est restée.

Nous avons eu un semi-lockdown depuis fin octobre, les écoles et de nombreux magasins sont restés ouverts. Lorsque Romain est en déplacement professionnel, il peut par exemple passer la nuit à l'hôtel, mais comme les restaurants sont fermés, il n'y a que le room service.

Le 15 décembre, le lockdown partiel a été remplacé par un couvre-feu qui commence à 20 heures. Les établissements culturels et artistiques, les cafés, les bars et les restaurants ainsi que les stations de sports d'hiver seront fermés. Peut-être pour compenser le fait que chez nous, les plages ont été fermées au printemps ? Le port du masque est majoritairement obligatoire, avec des amendes relativement élevées pour la France (environ 135 euros, soit le même montant que si l'on traversait au rouge), et à l'école, les enfants doivent porter un masque à partir de 7 ans.

Après l'expérience du printemps, les enfants sont heureux d'aller à l'école et de pouvoir au moins y passer du temps avec leurs amis. Pourtant, les mesures sont radicales pour eux. Martin et Lucien fréquentent une école à plusieurs classes qui, jusqu'à présent, privilégiait les transitions douces entre les années. Ils pouvaient jouer ensemble pendant la journée et manger ensemble à midi. Depuis octobre, les classes doivent rester clairement séparées et les groupes ne peuvent pas échanger pendant la journée. C'était difficile, d'autant plus qu'ils avaient surmonté le premier lockdown ensemble.

Pour Martin, le port du masque est obligatoire car il a 8 ans, mais les enfants de 6 ans de sa classe ne sont pas obligés d'en porter un. Cela a suscité l'incompréhension. Ce qui manque le plus aux enfants, c'est le contact avec leurs amis et cousins en dehors de l'école. Pendant le lockdown jusqu'au 15 décembre, toutes les aires de jeu et de récréation étaient également fermées. En dehors de l'école et du médecin, les enfants ne pouvaient sortir que pour se promener dans le quartier. Ce week-end, pour la première fois depuis octobre, les deux grands ont pu passer la nuit avec/chez un camarade, ce qui a été pour eux un formidable cadeau d'avant Noël.

Nous ressentons tous les deux une baisse des commandes, qui se répercute encore aujourd'hui. Mon mari installe des murs de miroirs pour des associations, des clubs sportifs et des communes qui, face à l'incertitude persistante en matière de planification, hésitent à investir. Mais il s'en tient aussi délibérément à un rythme de travail moins strict, car il a apprécié le temps passé ensemble en famille au printemps. Ainsi, il reste désormais généralement une semaine à la maison, puis une semaine en déplacement. Je travaille à domicile en tant que traductrice et j'adapte mes horaires de travail à l'emploi du temps de l'école. Sur le plan professionnel, j'ai eu le sentiment que de nombreuses entreprises ont rapidement mis la main au porte-monnaie en ce qui concerne les dépenses de communication.

À partir de janvier, les trois enfants iront à l'école quatre jours par semaine. En France, les enfants doivent aller à l'école maternelle au plus tard à partir de 3 ans, comme préparation à l'école primaire. Leur journée y commence à 8h45, à midi ils peuvent choisir de manger à la maison ou à la cantine. L'après-midi, les tout-petits font la sieste et terminent leur journée à 16h30. Le mercredi, ils sont à la maison, et c'est principalement ma mère qui s'en occupe.

La Bretagne semble peu touchée par rapport à l'ensemble du pays. Dans notre commune de résidence, un cluster a été identifié très tôt et une quarantaine à l'échelle de la commune a aussitôt été déclarée, deux semaines avant le lockdown national en mars. Cela a certainement permis d'endiguer fortement le développement ultérieur. Les quelques personnes qui ont contracté le Covid-19 dans notre entourage ne présentaient pas de symptômes graves.

Normalement, nous fêtons avec ma belle-famille au sens large, nous sommes une trentaine avec les enfants. Ce sont toujours des journées très animées. Cette année, nous fêtons plus modestement avec ma mère et mes beaux-parents. Pour une fois, nous faisons l'impasse sur la traditionnelle visite à la famille et aux amis en Suisse.

Pendant le premier lockdown, nos trois garçons sont restés à la maison pendant presque trois mois, sans leurs programmes quotidiens habituels bien rythmés. Le fait de vivre ensemble cette situation inhabituelle les a fortement soudés. Grâce à l'enseignement à domicile, nous avons eu un aperçu inespéré de leur quotidien scolaire, leur enseignante nous a préparé des plans de cours détaillés par Lernapp et s'est efforcée de trouver des activités passionnantes et variées.

Nous nous sommes également retrouvés en tant que famille. Auparavant, Romain n'était de plus en plus souvent à la maison que le week-end et pendant les vacances, ce dont il n'était déjà pas satisfait avant Corona. Les week-ends, nous étions souvent en déplacement, fêtes de famille, courts séjours, etc. Cette pause imposée "d'en haut" nous a soudain permis de sortir du train-train habituel et de prendre du temps rien que pour nous. Nous avons décoré et bricolé ensemble, nous avons fait de la menuiserie et nous nous sommes régalés.

Prendre du recul, c'est bien parler, bien sûr, nous nous sommes aussi régulièrement heurtés à nos limites dans ce quotidien tout sauf banal. Le bureau à domicile, l'école à domicile et la garde des enfants en bas âge ne sont tout simplement pas compatibles, même si le cadre était plus souple que d'habitude. Dans le sens positif, j'ai aujourd'hui le sentiment de pouvoir réagir plus calmement aux imprévus dans les bons jours et de pouvoir laisser tomber cinq fois.

Que nous puissions à nouveau organiser notre temps familial et nos loisirs selon nos propres désirs et passer du temps avec nos amis, notre famille et nos voisins en toute bonne conscience. Je souhaite également que nous puissions nous débarrasser de cette peur du contact pour les enfants, qu'ils puissent à nouveau souffler leurs bougies sur le gâteau d'anniversaire et partager des "bâtons de schtroumpf" - s'ils en ont envie.